C'est d'autant plus Ă©tonnant qu'il a l'air d'ĂȘtre le seul Ă ne pas savoir qu'il n'y a pas d'argent dans les banques en 2018» Putain! Et le pognon de mon livret A, il est oĂč ? :(((X. PS: "En fin de matinĂ©e, l'homme «était en cours d'intervention chirurgicale, il devrait s'en tirer, son pronostic vital n'est pas engagé», a ajoutĂ© la
Washington Le Pentagone a accusĂ© vendredi Vladimir Poutine de dĂ©pravation » et de cruautĂ© » pour la façon dont les forces russes se comportent en Ukraine, oĂč elles sont accusĂ©es dâassassinats de civils, y compris dâenfants. InterrogĂ© au cours dâun point de presse sur lâĂ©tat psychologique du prĂ©sident russe Ă ce stade du conflit, le porte-parole du ministĂšre amĂ©ricain de la DĂ©fense, John Kirby, est apparu au bord des larmes en Ă©voquant les atrocitĂ©s attribuĂ©es aux forces russes. Il est difficile de regarder certaines images et dâimaginer quâun dirigeant sĂ©rieux puisse faire ça », a dĂ©clarĂ© M. Kirby, habituellement connu pour sa maĂźtrise face aux camĂ©ras et son flegme. Je ne connais pas son Ă©tat psychologique, mais je pense quâon peut parler de sa dĂ©pravation, » a-t-il ajoutĂ©. Qualifiant de foutaises » les arguments bizarres » du maĂźtre du Kremlin, qui affirme que cette guerre est menĂ©e pour protĂ©ger la minoritĂ© russe dâUkraine du nazisme ukrainien, il a notĂ© quâil Ă©tait difficile de concilier cette rhĂ©torique avec ce quâil fait en Ukraine Ă des innocents tuĂ©s dâune balle dans la nuque, les mains liĂ©es derriĂšre leur dos, Ă des femmes, des femmes enceintes tuĂ©es, des hĂŽpitaux bombardĂ©s ». Câest juste inadmissible », a ajoutĂ© M. Kirby, qui est devenu lâun des principaux visages de lâadministration amĂ©ricaine depuis le dĂ©but de lâinvasion avec des points de presse quotidiens, et qui figure sur une liste des personnalitĂ©s amĂ©ricaines sanctionnĂ©es par Moscou. Le porte-parole a admis que Washington ne sâattendait pas Ă de telles violences contre les civils ukrainiens, malgrĂ© la brutalitĂ© des opĂ©rations militaires russes passĂ©es, comme en TchĂ©tchĂ©nie ou en Syrie. Nous savions que M. Poutine Ă©tait capable de dĂ©fendre ce quâil considĂšre les intĂ©rĂȘts nationaux de la Russie froidement et avec une dĂ©termination brutale », a-t-il dit. Nous nâavions pas vraiment rĂ©alisĂ© le degrĂ© de violence, de cruautĂ© et, comme je le disais, de dĂ©pravation, quâil emploierait sur des innocents, des civils non combattants ». LâUkraine et les pays occidentaux accusent la Russie de massacres » et de crimes de guerre », depuis la dĂ©couverte de centaines de cadavres dans plusieurs localitĂ©s de la rĂ©gion de Kyiv occupĂ©es par les forces russes en mars. Lâoffensive dans le Donbass progresse de façon inĂ©gale » Lâoffensive russe dans le Donbass, qui progresse lentement et de façon inĂ©gale » en raison de la rĂ©sistance opposĂ©e par lâarmĂ©e ukrainienne, a pris du retard sur le calendrier prĂ©vu, a dĂ©clarĂ© vendredi un haut responsable du Pentagone. Nous pensons quâils ont pris du retard sur ce quâils espĂ©raient avoir accompli dans le Donbass », a dĂ©clarĂ© Ă la presse ce haut responsable ayant requis lâanonymat. Ils ont pris au moins plusieurs jours de retard », a-t-il prĂ©cisĂ©. Ils sont loin dâavoir fait la jonction » des troupes entrĂ©es par la rĂ©gion de Kharkiv est, au nord du Donbass, et celles venues du sud du pays, un des objectifs de lâarmĂ©e russe pour prendre en tenaille les forces ukrainiennes dĂ©ployĂ©es sur la ligne de front autour des zones sĂ©paratistes de Donetsk et Louhansk. Ils nâavancent pas trĂšs vite », a-t-il soulignĂ©. Quelques kilomĂštres par jour, câest le maximum quâils peuvent faire parce quâils sont repoussĂ©s » par lâarmĂ©e ukrainienne. MĂȘme si les combats ont commencĂ©, nous pensons quâils continuent de crĂ©er les conditions dâune offensive soutenue, plus vaste et plus longue », a ajoutĂ© le haut responsable du ministĂšre amĂ©ricain de la DĂ©fense. Il a expliquĂ© que les forces russes ne veulent pas faire les mĂȘmes erreurs quâĂ Kyiv », oĂč des colonnes de chars avaient Ă©tĂ© immobilisĂ©es par les forces ukrainiennes armĂ©es de lance-missiles portĂ©s Ă lâĂ©paule et le soutien logistique avait Ă©tĂ© tenu Ă distance. Les tirs dâartillerie et les frappes aĂ©riennes quâils lancent sur les forces ukrainiennes nâont pas lâeffet souhaitĂ©, car les Ukrainiens continuent de rĂ©sister », a-t-il notĂ©. Câest pourquoi nous pensons que leurs progrĂšs ont Ă©tĂ© lents et inĂ©gaux ces derniĂšres 24 heures ». Mise en garde Un AmĂ©ricain parti combattre en Ukraine contre les forces russes a Ă©tĂ© tuĂ©, selon des membres de sa famille, le Pentagone mettant vendredi en garde les ressortissants amĂ©ricains tentĂ©s dâaller sur le terrain de ce conflit meurtrier. Willy Joseph Cancel, qui aurait Ă©tĂ© tuĂ© lundi Ă lâĂąge de 22 ans, Ă©tait arrivĂ© en Ukraine Ă la mi-mars, a confiĂ© sa mĂšre Rebecca Cabrera Ă la chaĂźne CNN. Nous continuons dâexhorter les AmĂ©ricains Ă ne pas se rendre en Ukraine », a lancĂ©, Ă©galement sur CNN, le porte-parole du Pentagone John Kirby, qui a Ă©voquĂ© une nouvelle bouleversante » et apportĂ© son soutien Ă la famille du tuĂ©. Câest une zone de guerre en cours, [âŠ] ce nâest pas un endroit oĂč les AmĂ©ricains devraient se rendre », a-t-il rĂ©pĂ©tĂ©. Il voulait y aller, car il croyait en ce pour quoi lâUkraine se bat, et il voulait en faire partie afin de contenir [la menace] lĂ -bas et quâelle nâarrive pas jusquâici », a confiĂ© Rebecca Cabrera Ă propos de son fils. Le jeune homme laisse une Ă©pouse et un enfant de 7 mois, selon la presse amĂ©ricaine. Son Ă©pouse Brittany Cancel a confirmĂ© sa mort dans un communiquĂ© transmis Ă plusieurs mĂ©dias amĂ©ricains, soulignant le courage » de son mari, un hĂ©ros ». Ancien Marine, il sâĂ©tait engagĂ© au sein dâune sociĂ©tĂ© paramilitaire privĂ©e et sâĂ©tait portĂ© volontaire pour rejoindre lâUkraine.
Unepromotion Ă elle seule ne peut rĂ©soudre ce problĂšme de terrorisme. LâarmĂ©e est actuellement divisĂ©e et cette situation compromet dangereusement lâavenir de la nation. Mettre au garage une trentaine dâofficiers supĂ©rieurs est une dĂ©cision immature. Le Burkina a besoin de tous ses fils et filles pour faire face Ă ce flĂ©au.
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© The author highlights the various strategies of adaptation generated by the deregulation and uncertainty situation amonst the Russian army since the dissolution of the Varsovy pact. These strategies generate individual profesional reconversions as well as organisational transformations within the military institution. But they also result in transformations of the values that constituted the military institution. These values progressively differ from traditional values. In this context of an imperative adaptation to a new situation, pressure groups emerge, in favour of the military institution. They are part of the frame of survival strategies that progressively transform the institutional Russian de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1La pĂ©riode soviĂ©tique offrait au monde l'image d'une armĂ©e puissante, tant par son volume que par sa puissance de feu, et efficace du fait de la place centrale qu'elle occupait dans l'Ă©conomie du pays le complexe militaro-industriel constituait alors le secteur le plus performant de l'Ă©conomie soviĂ©tique. Cette image s'est brisĂ©e sous l'effet de la glasnost, qui a rĂ©vĂ©lĂ© les dysfonctionnements du secteur industriel militaire, et par voie de consĂ©quence, l'Ă©tat de dĂ©liquescence des forces armĂ©es soviĂ©tiques. 2Les tentatives de rĂ©formes impulsĂ©es et la crĂ©ation d'une armĂ©e russe dĂ©barrassĂ©e du poids des autres rĂ©publiques ont laissĂ© espĂ©rer un sauvetage de l'institution militaire. Mais la crise Ă©conomique n'a fait qu'accĂ©lĂ©rer le naufrage de l'armĂ©e, rendant cette organisation plĂ©thorique impossible Ă maintenir. Les coupes budgĂ©taires, plus rapides que les rĂ©formes visant Ă la rĂ©duction des effectifs, ont dĂ©finitivement aggravĂ© la situation. 3Le rĂ©sultat est saisissant l'armĂ©e russe est une armĂ©e mal nourrie, mal logĂ©e, dĂ©sorientĂ©e, clochardisĂ©e, laissĂ©e Ă l'abandon, une armĂ©e dont l'objectif premier n'est plus de maintenir sa capacitĂ© de combat mais de subsister, par tous les moyens. Ses officiers, occupĂ©s Ă se nourrir et Ă nourrir leurs troupes, ne sont plus capables d'assurer les missions traditionnelles qui leur incombent. Formation et entraĂźnement ont pratiquement cessĂ©. La conscription est en dĂ©bĂącle et les Ă©coles militaires sont dĂ©sertĂ©es. 4L'augmentation de la criminalitĂ© au sein de l'armĂ©e les tribunaux militaires sont submergĂ©s d'affaires concernant non plus seulement de simples soldats mais des officiers, les pillages rapportĂ©s tant par la presse militaire que civile, les ventes d'Ă©quipements, de munitions Ă des factions s'affrontant dans les rĂ©gions secouĂ©es par des conflits ethniques, sont autant de traits symptomatiques des armĂ©es vaincues, en dĂ©bĂącle, dont les hommes dĂ©sĆuvrĂ©s profitent du chaos laissĂ© par la guerre pour " se dĂ©dommager ". Bien qu'une telle description ait pu s'appliquer Ă la TchĂ©tchĂ©nie oĂč de tels symptĂŽmes ont pu ĂȘtre identifiĂ©s, elle concerne aujourd'hui une armĂ©e en paix. 5L'image offerte par l'armĂ©e aujourd'hui est donc celle d'une institution en dĂ©route, oĂč tout ordre et toute discipline ont disparu. L'esprit de corps semble se perdre, chacun semble Ćuvrer pour sa survie personnelle et ses intĂ©rĂȘts, chacun semble pratiquer la politique du pire, profiter de cette situation de chaos et l'amplifier. Un nouvel ordre se crĂ©e, avec de nouveaux critĂšres de mĂ©rite, de rĂ©ussite, chassant les valeurs militaires traditionnelles. 6Or, une analyse plus approfondie de la situation tend Ă mettre en Ă©vidence l'Ă©mergence de pratiques, de rĂšgles nouvelles induites par cette situation de crise et par la capacitĂ© et les ressources dont ses membres disposent individuellement mais aussi collectivement pour faire face Ă la crise. Ces pratiques et ces rĂšgles concourent Ă leur tour Ă modifier l'aspect et le fonctionnement de l'institution militaire. Paradoxes et complexitĂ©s sont ainsi gĂ©nĂ©rĂ©s et, Ă travers eux, des risques pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure. 7Il est donc nĂ©cessaire de mettre en place une nouvelle grille de lecture de l'institution militaire russe. Nous nous proposons d'apporter quelques Ă©lĂ©ments pour ce faire. Ces Ă©lĂ©ments nous conduirons Ă nous interroger sur les intentions sous-jacentes de certaines mesures discriminatoires prises par le pouvoir en dĂ©faveur de certaines unitĂ©s et en faveur d'autres, crĂ©ant ainsi une armĂ©e Ă " plusieurs vitesses ". Car l'analyse proposĂ©e permet, en effet, de relativiser le caractĂšre " total " de l'Ă©tat de clochardisation de l'armĂ©e. Des indices provenant de la presse russe, civile et militaire, tendent en effet Ă indiquer qu'une partie seulement de l'armĂ©e mais sans doute la plus grande, l'armĂ©e rĂ©guliĂšre serait dans un Ă©tat pitoyable, tandis qu'une autre - ou plutĂŽt les autres armĂ©es celle des autres ministĂšres dits " de force "1 et quelques troupes d'Ă©lites de l'armĂ©e rĂ©guliĂšre - serait parfaitement entretenue, voire choyĂ©e par le pouvoir dans le but de se protĂ©ger de cette armĂ©e déçue et humiliĂ©e par les dĂ©faillances du pouvoir. Cette situation d'inĂ©galitĂ© dans les Forces armĂ©es serait donc le rĂ©sultat d'un stratĂ©gie plus ou moins contrĂŽlĂ©e du pouvoir dont le principe serait de diviser pour mieux se protĂ©ger. L'apparition de nouvelles forces comme la garde prĂ©sidentielle, les Cosaques, le renforcement numĂ©rique des forces de police2, des troupes des frontiĂšres, alors que l'on procĂšde Ă une rĂ©duction des forces rĂ©guliĂšres, et la contradictoire augmentation du nombre des gĂ©nĂ©raux3 en sont l'illustration flagrante. Le pouvoir se protĂ©gerait de l'armĂ©e par d'autres forces armĂ©es, crĂ©ant ainsi de nouveaux rapports entre organisations au sein mĂȘme des Forces armĂ©es. 8Une fois ce tableau dressĂ©, il convient de s'interroger sur la maniĂšre dont l'armĂ©e fait face non seulement Ă la crise, mais Ă©galement Ă la constitution de corps concurrents en son sein. C'est Ă travers les diffĂ©rents types de stratĂ©gies mises en place par les militaires que nous rĂ©pondrons Ă ces questions. Leur analyse permettra de mettre en Ă©vidence toute l'ambiguĂŻtĂ© de certains de ces choix qui tendent Ă conduire Ă une mutation de l'institution et les effets pervers qu'ils peuvent gĂ©nĂ©rer ainsi que les enjeux de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure qu'ils soulĂšvent pour la fĂ©dĂ©ration de Russie. L'imbrication des choix stratĂ©giques effectuĂ©s par les membres de l'institution, individuellement ou collectivement, concoure, en effet, Ă recrĂ©er un systĂšme d'ordres et de sous-ordres nouveaux, dont l'Ă©quilibre reste prĂ©caire et peut ĂȘtre aisĂ©ment rompu du fait de la dĂ©multiplication des intĂ©rĂȘts au sein de cette institution. Les caractĂ©ristiques principales de ce systĂšme et les effets induits par les stratĂ©gies de survie Ă©laborĂ©es par ses membres semblent ĂȘtre la mise en place de nouvelles chaĂźnes de commandement et l'Ă©tablissement d'une Ă©conomie militaire mi-mafieuse, mi-lĂ©gale, parallĂšle Ă l'Ă©conomie nationale. Le contexte de la clochardisation » 9C'est Ă la perestroĂŻka que l'on doit l'Ă©clatement au grand jour de la crise profonde traversĂ©e par l'armĂ©e soviĂ©tique et aujourd'hui hĂ©ritĂ©e par l'armĂ©e russe dont la crĂ©ation remonte officiellement au 7 mai 1992. C'est, en effet la glasnost, introduite par Gorbatchev, qui a rĂ©vĂ©lĂ© les dĂ©fauts structurels dans l'organisation militaire, les mauvais traitements infligĂ©s aux jeunes recrues, les mauvaises conditions de vie de ses officiers et de leurs familles. Les premiers symptĂŽmes de cette crise sont apparus Ă la faveur des Ă©lections de 1989 qui ont notamment permis Ă certains militaires, Ă©lus dĂ©putĂ©s, d'exprimer, Ă une tribune publique, des points de vues diffĂ©rents de ceux de l'Ă©tat-major, et ont contribuĂ© ce faisant Ă faire disparaĂźtre l'image officielle d'une armĂ©e unifiĂ©e et inĂ©branlable. Mais la crise traversĂ©e par l'armĂ©e est bien antĂ©rieure Ă sa dĂ©nonciation sur la place publique et les Ă©vĂ©nements d'aoĂ»t 1991, la crise Ă©conomique, puis la disparition de l'Empire l'ont accentuĂ©e. Un budget amputĂ© 10La dĂ©sintĂ©gration Ă©conomique du pays a en effet entraĂźnĂ© la rĂ©duction des dĂ©penses militaires. Le budget n'a cessĂ© de baisser et cela plus rapidement que la baisse des effectifs prĂ©vue par la rĂ©forme militaire Ă©laborĂ©e pendant l'Ăšre soviĂ©tique. L'inflation a fait fondre Ă plusieurs reprises les soldes des militaires. Et, selon des experts, le budget allouĂ© Ă la dĂ©fense ne peut thĂ©oriquement financer qu'une armĂ©e de 650 Ă hommes, or l'armĂ©e en comprend aujourd'hui 1 En 1994, la DĂ©fense avait besoin d'un minimum vital de 55 trillions de roubles 135 millions de francs, elle s'en est vue accorder 37, puis la somme a Ă©tĂ© remontĂ©e Ă 40,6 5. En 1995, le MinistĂšre des Finances a simplement omis de payer les sommes rĂ©pertoriĂ©es dans la loi des finances, ce qui a conduit les commandants d'unitĂ©s Ă trouver eux-mĂȘmes les moyens de se financer. De plus, les soldats professionnels, en particulier les officiers, ont non seulement vu leur salaire dĂ©vorĂ© par l'inflation, mais ils doivent faire face Ă un retard de paiement des soldes qui peut atteindre de 3 Ă 6 mois dans les meilleurs des cas6. Toutefois, cette question reste complexe puisque, nous le verrons ultĂ©rieurement, on constate de fortes variations de paiement des soldes d'une unitĂ© Ă l'autre7. Certaines unitĂ©s recevraient ponctuellement leurs soldes tandis que d'autres seraient laissĂ©es Ă l'abandon8. 11En consĂ©quence, les troupes sont affamĂ©es. En 1995, le MinistĂšre des Finances n'avait rien dĂ©bloquĂ© pour les nourrir. De juin Ă dĂ©cembre 1995, dans la rĂ©gion militaire de l'ExtrĂȘme-Orient, vingt cas de dĂ©cĂšs dus Ă la malnutrition ont Ă©tĂ© recensĂ©s. 50% des rĂ©serves " intangibles " de nourriture rĂ©servĂ©es aux situations de guerre ont Ă©tĂ© consommĂ©es. Dans les Ă©coles Souvorov, des Ă©coles d'Ă©lite, les Ă©lĂšves sont nourris grĂące aux rĂ©serves parfois vieilles de cinq ans. Les parachutistes russes, quant Ă eux, ne reçoivent des rations entiĂšres qu'avant un saut, ce qui n'arrivent pas mĂȘme une fois par mois9. 12En janvier 1996, 10% des nouvelles recrues incorporĂ©es dans la flotte du Pacifique prĂ©sentent des symptĂŽmes de malnutrition et sont placĂ©s en observation. Un reprĂ©sentant de la flotte tente alors d'expliquer cet Ă©tat de fait par le manque de recrues qui implique que des conscrits en mauvaise santĂ© sont incorporĂ©s pour pallier le dĂ©ficit d'hommes. Mais il semble bien que les recrues ne reçoivent pas toujours trois repas par jour. En aoĂ»t dernier, les militaires ont dĂ» entamer les stocks d'urgence rĂ©servĂ©s Ă des situations de guerre10. A prĂ©sent, 90% des rĂ©serves et fournitures d'urgence sont officiellement Ă©puisĂ©es. L'exemple de la TchĂ©tchĂ©nie illustre parfaitement les maux dont souffre les militaires. La presse russe et la presse occidentale rapportent notamment des tĂ©moignages saisissants sur l'Ă©tat de malnutrition des soldats en TchĂ©tchĂ©nie. En fĂ©vrier 1996, un soldat du MinistĂšre de l'IntĂ©rieur dĂ©clarait Ă un journaliste anglais n'avoir mangĂ© qu'une miche de pain et quatre boĂźtes de poissons fumĂ©s en quatre jours11. Les cas d'Ă©changes de munitions contre du pain ou de la vodka par les militaires sont nombreux. Le " taux de change " est stable une grenade Ă main pour une bouteille de vodka ! Le tĂ©moignage d'un sergent au Los Angeles Times janvier 1996 est sans appel " les soldats russes ont Ă©tĂ© envoyĂ©s au combat avec des rations inadĂ©quates, sans gants, sans vĂȘtements de rechange, sans papier toilette ; les hommes sont en Ă©tat permanent de faim, de froid et d'extrĂȘme fatigue "12. Sur les cinquante membres de l'unitĂ© SOBR forces spĂ©ciales, 4 ont Ă©tĂ© tuĂ©s au combat, 13 blessĂ©s et 20 hospitalisĂ©s pour engelures et pneumonies13. 13Mais cet Ă©tat de fait s'applique Ă©galement aux troupes stationnĂ©es en Russie auxquelles l'Ă©tat-major est incapable de fournir l'Ă©quipement vestimentaire adĂ©quat. Le budget ne permet pas, en effet, de financer des vĂȘtements d'hiver. En consĂ©quence, en janvier 1995, 34 militaires ont Ă©tĂ© victimes d'engelures dans une unitĂ© stationnĂ©e dans le nord de la Russie14. Vassili Vorobev, adjoint financier du ministre de la DĂ©fense, renvoyĂ© par Boris Eltsine Ă la fin du mois de novembre 1995, pour ne pas avoir assurĂ© la paye des troupes Ă temps, se plaignait avant son Ă©viction de ne pouvoir Ă©quiper les 2/3 des soldats de bottes pour l'hiver15. Pour sa dĂ©fense, Vorobev accuse le gouvernement de ne pas avoir allouĂ© suffisamment de budget pour assurer le paiement de tous les postes16. 14D'un point de vue opĂ©rationnel, l'armĂ©e est en piteux Ă©tat. Le fuel manquant, les temps d'entraĂźnement ont Ă©tĂ© rĂ©duits au minimum. Les pilotes, par exemple, se sont vus rĂ©duire leur temps de vol de 100 heures Ă 30 heures par an. En outre, 35% des hĂ©licoptĂšres sont clouĂ©s au sol par manque de piĂšces de rechange17. D'aprĂšs des sociologues militaires18, 70% des commandants affirmaient, en 1994, que leur unitĂ© ne pouvait combattre correctement19. Selon un rapport du MinistĂšre des Affaires EtrangĂšres allemand, les forces armĂ©es russes sont incapables de se battre hors de la CEI. Sur 81 divisions terrestres, 51 ne seraient pas prĂȘtes au combat20. Le retour des troupes 15Le retour des troupes de TchĂ©coslovaquie, de Hongrie, de Pologne et d'Allemagne n'est pas sans incidence sur l'Ă©tat de dĂ©labrement de l'armĂ©e le retour de hommes environ, dont la majoritĂ© n'a pu ĂȘtre absorbĂ©e par une structure basĂ©e sur le mode contractuel, a rĂ©duit certains officiers Ă l'Ă©tat de clochards. Avant mĂȘme le retour de TchĂ©coslovaquie et de Hongrie, familles de militaires vivaient dans des conditions dĂ©plorables, ce chiffre a augmentĂ© avec le retour des derniĂšres troupes stationnĂ©es Ă l'Ă©tranger. En outre, les mesures de rĂ©duction des effectifs liĂ©es Ă la rĂ©forme de l'armĂ©e russe21 ont Ă©tĂ© prises sans mesures d'accompagnement social adĂ©quates les logements prĂ©vus pour les officiers ne l'ont pas Ă©tĂ© en assez grand nombre22. Les quelques mesures mises en place par le gouvernement ont Ă©tĂ© mises Ă mal par la corruption. 16Dans un entretien accordĂ© Ă la NezavissimaĂŻa Gazeta23 en juin 1993, le ministre de la DĂ©fense de l'Ă©poque, Pavel Gratchev, reconnaissait la situation catastrophique dans ce domaine " Je sais que la situation ... est sĂ©rieuse, trĂšs sĂ©rieuse. Et je ne peux pas dire que l'on a eu beaucoup de rĂ©ussite dans ce domaine. Je soulignerais, pourtant, que l'ArmĂ©e a augmentĂ© la construction de logements de 100 Ă 500% en un an. NĂ©anmoins, je souhaite dire que dans la perspective du retour des troupes vers la Russie, le problĂšme ne sera pas rĂ©solu avant 1996. Cela pourrait mĂȘme empirer...On ne peut plus Ă©tendre la construction davantage. AprĂšs tout, les bataillons militaires de construction vont ĂȘtre Ă©liminĂ©s. Ce qui signifie que les logements ne peuvent ĂȘtre construits que par des organismes contractuels, et cela coĂ»te beaucoup d'argent, Ă©normĂ©ment d'argent ". 17Cette mĂȘme annĂ©e il manque appartements aux prĂ©visions. En 1994, familles d'officiers ne disposent pas d'un logement. Sur les prĂ©vus seuls ont Ă©tĂ© livrĂ©s. D'autre part, selon des informations obtenues par les Izvestia24 auprĂšs du MinistĂšre de la DĂ©fense, 40% des villes de garnisons militaires ne possĂšdent pas aujourd'hui de canalisations, de systĂšmes d'Ă©puration des eaux ou plus gĂ©nĂ©ralement de systĂšme de nettoyage de la ville. Certaines unitĂ©s vivent sous des tentes, dans des bateaux abandonnĂ©s, acculĂ©es Ă crĂ©er leur propre version militaire des appartements communautaires25. Des mesures discriminatoires et aggravantes 18Certains choix politiques ont aggravĂ© la situation de l'armĂ©e, créé des inĂ©galitĂ©s et ouvert la porte Ă une rĂ©gionalisation c'est le cas de la dĂ©centralisation de la protection sociale. Mais un certain nombre d'indices tendent Ă montrer que l'Ă©tat de misĂšre de certaines unitĂ©s est un Ă©tat contrĂŽlĂ© par le pouvoir qui se protĂšge en neutralisant des unitĂ©s qui lui sont dĂ©favorables et promouvant d'autres unitĂ©s et d'autres forces loyales, crĂ©ant ainsi des corps concurrents au sein d'une mĂȘme entitĂ©. La mise Ă contribution des finances locales 19La mise Ă contribution des finances locales constitue sans doute un premier pas vers le renforcement des inĂ©galitĂ©s de traitement au sein de l'armĂ©e et vers une possible rĂ©gionalisation de cette derniĂšre. 20Le choix de dĂ©centralisation du systĂšme de protection sociale des militaires, c'est-Ă -dire le choix de la mise Ă contribution des finances locales pour les dĂ©penses d'entretien d'unitĂ©s stationnĂ©es sur leur territoire, effectuĂ© en 1992-1993 par le gouvernement de Boris Eltsine26 pour faire face Ă la diminution de la part de budget allouĂ©e Ă l'armĂ©e a Ă©tĂ© un choix doublement dangereux. En effet il a conduit, d'une part, Ă l'augmentation des inĂ©galitĂ©s de traitement dĂ©jĂ perceptibles dans l'armĂ©e entre les troupes de retour des pays de l'Est ou d'Allemagne et celles restĂ©es en Russie, et, d'autre part, Ă favoriser l'Ă©rosion de la chaĂźne de commandement en permettant l'Ă©tablissement de relations privilĂ©giĂ©es entre commandants d'unitĂ©s et pouvoirs locaux. 21Bien qu'il y ait parallĂ©lisme entre la protection sociale civile et la protection sociale des militaires, c'est-Ă -dire abandon de la gestion centrale de ces systĂšmes, le cas des militaires pose des problĂšmes beaucoup plus importants et d'une autre nature que dans le cas des civils. Dans les deux cas, le niveau de protection garanti par les rĂ©gions dĂ©pend de la situation Ă©conomique de celles-ci. Or, bien qu'en contrepartie de cette contribution les autoritĂ©s locales retiennent une partie des impĂŽts destinĂ©s au budget fĂ©dĂ©ral, les inĂ©galitĂ©s rĂ©gionales sont importantes. Le financement de la rĂ©installation des officiers rapatriĂ©s de l'Ă©tranger et de l'entretien des unitĂ©s par les rĂ©gions et les villes, risque de varier fortement d'un cantonnement Ă l'autre et de crĂ©er des inĂ©galitĂ©s au sein de la population militaire dĂ©jĂ fortement appauvrie. 22Certaines rĂ©gions inventives rĂ©ussissent, malgrĂ© leur faible budget, Ă mettre en place des mesures innovantes, Ă introduire des aides ciblĂ©es la ville de Moscou, par exemple, verse depuis avril 1994 des indemnitĂ©s aux familles des militaires de carriĂšres morts pendant leur service en temps de paix. Au club des officiers de la rĂ©gion de Nijni-Novgorod, est Ă©tudiĂ©e la participation des officiers Ă la construction de leur propre logement. L'expĂ©rimentation consiste en l'utilisation directe par les militaires des moyens mis Ă la disposition de la rĂ©gion par le budget fĂ©dĂ©ral MinistĂšre des finances les militaires versĂ©s dans la rĂ©serve ou Ă la retraite reçoivent, selon le temps de service effectuĂ©, une somme qu'ils ne peuvent dĂ©penser que pour l'acquisition d'un logement. Autre exemple de rĂ©gionalisation des mesures le chef de l'administration de rĂ©gion de Sverdlovsk met en place des mesures complĂ©mentaires de protection sociale pour les membres des familles des militaires appelĂ©s une prioritĂ© d'emploi leur est donnĂ©e et, en cas de rĂ©duction des effectifs sur leur lieu de travail, l'avantage de conserver leur travail. 23Mais d'autres rĂ©gions refusent de prendre en charge le financement des troupes rĂ©installĂ©es sur leur territoire ; on assiste alors Ă des nĂ©gociations entre le pouvoir central et la rĂ©gion rĂ©ticente, nĂ©gociations dont le pouvoir central ne sort pas toujours victorieux la presse militaire s'est plusieurs fois fait l'Ă©cho de solutions nĂ©gociĂ©es en dĂ©faveur du pouvoir central acculĂ© Ă verser des contributions aux dĂ©penses d'entretien des unitĂ©s concernĂ©es. Mais dans ces rĂ©gions plus pauvres, c'est parfois un dialogue direct entre les commandants d'unitĂ©s et les autoritĂ©s locales qui s'instaure, supprimant ainsi un maillon de la chaĂźne de commandement, pour nĂ©gocier l'obtention d'un minimum vital. 24Les retards de paiement des salaires, qui ont pris un caractĂšre rĂ©current ces derniĂšres annĂ©es, tendent Ă renforcer ce phĂ©nomĂšne de rapprochement des unitĂ©s et des autoritĂ©s locales, et par voie de consĂ©quence Ă faire dĂ©pendre totalement les unitĂ©s des rĂ©gions dans lesquelles elles sont cantonnĂ©es. Paiement des unitĂ©s une logique des prioritĂ©s 25Ces retards dans le paiement des salaires, nous l'avons dĂ©jĂ mentionnĂ©, ne sont pas les mĂȘmes pour toutes les unitĂ©s. On constate, en effet, de fortes variations d'une unitĂ© Ă l'autre. Certaines sont payĂ©es en temps et en heure, tandis que d'autres perçoivent leurs soldes avec plusieurs mois de retard. La logique des prioritĂ©s dans le paiement des unitĂ©s est sans aucun doute politique. Deux phĂ©nomĂšnes sont observables premiĂšrement, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'armĂ©e fĂ©dĂ©rale est laissĂ©e Ă l'abandon - certaines de ses unitĂ©s, plus encore - tandis que d'autres unitĂ©s, proches du pouvoir, sont particuliĂšrement " choyĂ©es " ; deuxiĂšmement, les " autres armĂ©es ", dĂ©pendantes des ministĂšres dits " de contrainte " ou " de force "27 se voient privilĂ©gier tant dans le paiement des traitements, que dans leur effectif ou leur puissance de feu. En d'autres termes, l'Ă©tat de clochardisation de l'armĂ©e serait entretenu Ă dessein par le pouvoir tandis qu'un nombre sĂ©lectionnĂ© d'unitĂ©s bĂ©nĂ©ficierait d'un traitement de faveur. Les unitĂ©s d'Ă©lites, rattachĂ©es Ă la prĂ©sidence Dzerzinski, TaganskaĂŻa.. font notamment partie de ces unitĂ©s privilĂ©giĂ©es28. Neutralisation des unitĂ©s dĂ©favorables au prĂ©sident 26On peut avancer l'hypothĂšse que la prĂ©sidence a fait le choix de retarder le paiement et de diminuer de façon drastique les moyens des forces armĂ©es rĂ©guliĂšres parce qu'elle aurait peur que celles-ci lui soient dĂ©loyales. Notons que selon Richard Staar, expert amĂ©ricain de l'armĂ©e russe, quatre des huit brigades des forces d'Ă©lites aĂ©roportĂ©es ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es aux troupes terrestres de peur qu'elles ne soutiennent un coup d'Etat menĂ© par le gĂ©nĂ©ral Lebed29. Les unitĂ©s blindĂ©es stationnĂ©es Ă Bogoutcher et Elni 654 km au sud sud-est et 300 km Ă l'est de Moscou sont dans une situation dĂ©plorable et vivent sous des tentes. Le journaliste Efim Egorov, de NezavissimaĂŻa Gazeta, soutient en septembre 1994 qu'il s'agit d'une prĂ©caution prise pour les neutraliser en cas d'une Ă©ventuelle action de l'armĂ©e30. L'information selon laquelle l'ancienne division Dzerzinski, dite division autonome tactique, apprendrait le combat en milieu urbain31 et la rĂ©cente crĂ©ation, en 1995, d'un rĂ©giment de gendarmes au niveau rĂ©gional composĂ© d'une unitĂ© pour 2 ou 3 oblasts rĂ©gions chargĂ© de " supprimer tout risque d'agitation "32 tendent Ă confirmer l'hypothĂšse du journaliste de NezavissimaĂŻa Gazeta. Tout comme le fait que, parallĂšlement Ă une diminution des effectifs militaires, on observe une augmentation des " armĂ©es policiĂšres "33. En comparaison avec l'Ăšre soviĂ©tique, le nombre total des agents de police a Ă©tĂ© multipliĂ© par 1,5. La raison officielle invoquĂ©e est l'augmentation de la criminalitĂ©, mais ces forces de l'ordre peuvent constituer une rĂ©serve destinĂ©e Ă assurer la protection du pouvoir. Leur mission n'est-elle pas aussi de garder les administrations nationales, les hauts fonctionnaires en cas de " graves troubles de l'ordre public " ?... Ajoutons que les troupes du ministĂšre de l'IntĂ©rieur sont, selon l'hebdomadaire les Nouvelles de Moscou34, remarquablement armĂ©es. 27Le GĂ©nĂ©ral Lev Rokhline, prĂ©sident du ComitĂ© pour la DĂ©fense Ă la Douma notait en mars dernier35 que la rĂ©duction du nombre des gĂ©nĂ©raux dans l'armĂ©e fĂ©dĂ©rale36 une diminution de 603 gĂ©nĂ©raux sur environ s'accompagnait paradoxalement d'une augmentation de leur nombre + 328 dans les autres armĂ©es37. 28Anton Sourikov, chercheur Ă l'Institut des Etudes de DĂ©fense de Moscou, dĂ©clare, en fĂ©vrier 1996, Ă un journaliste anglais " un des principaux problĂšmes de l'armĂ©e est que son commandant en chef, B. Eltsine, considĂšre les forces armĂ©es non pas comme un moyen de dĂ©fense du pays, mais comme le sien. Puisqu'il considĂšre que l'armĂ©e ne lui est pas loyale, une grande partie du budget va au MinistĂšre de l'IntĂ©rieur "38. 29Boris Eltsine a en effet de bonnes raisons de s'inquiĂ©ter de sa popularitĂ© au sein de l'armĂ©e. En 1993, un tiers des voix de l'armĂ©e allait Ă Jirinowski. Les Nouvelles de Moscou du 18 dĂ©cembre 1993 donnait les chiffres suivants 72% du personnel des forces stratĂ©giques ont votĂ© pour Jirinowski ; respectivement 74% et 87% des divisions d'Ă©lites Tamane et KantĂ©mirov ont Ă©galement votĂ© pour Jirinowski qui a recueilli 46% des voix de la rĂ©gion militaire de Moscou. En 1994, le prĂ©sident n'Ă©tait soutenu que par un officier sur cinq. En mars 1996, le spĂ©cialiste des questions militaires du quotidien libĂ©ral russe NezavissimaĂŻa Gazeta, Pavel Felgengauer, estimait qu'Eltsine ne pouvait compter que sur le soutien de 5 Ă 7% des hauts gĂ©nĂ©raux. Les Ă©lections prĂ©sidentielles de juin dernier ont confirmĂ© ce dĂ©saveu les votes des militaires se sont Ă nouveau reportĂ©s sur Jirinowski mais aussi sur le GĂ©nĂ©ral Lebed. La constitution de corps concurrents 30Boris Eltsine chercherait Ă s'entourer de forces loyales, hors de la subordination du ministre de la DĂ©fense. Or, les commandants des onze " autres " armĂ©es, qui sont notamment constituĂ©es des troupes de l'IntĂ©rieur, du Service fĂ©dĂ©ral des frontiĂšres ou du Service de sĂ©curitĂ© fĂ©dĂ©ral, dĂ©pendent directement du prĂ©sident et bĂ©nĂ©ficient aujourd'hui de rĂ©gimes de faveur. 31Le MarĂ©chal Chapochnikov, de passage Ă Paris pour la prĂ©sentation de son ouvrage en novembre 199439, confirmait cette tendance Ă la dualisation des forces armĂ©es une partie de celles-ci est dĂ©sormais payĂ©e localement et sous la coupe des autoritĂ©s locales, recevant ou non son solde, et une autre partie se transforme en une armĂ©e d'Ă©lite bien payĂ©e et directement sous les ordres de la prĂ©sidence. 32L'exemple de la TchĂ©tchĂ©nie est encore ici le plus frappant, puisqu'il illustre parfaitement les inĂ©galitĂ©s et les discriminations dĂ©crites prĂ©cĂ©demment. Plusieurs instances sont impliquĂ©es dans la guerre en TchĂ©tchĂ©nie l'armĂ©e rĂ©guliĂšre, mais Ă©galement les troupes du ministĂšre de l'IntĂ©rieur ainsi que des officiers du FSB, l'ancien KGB. Les diffĂ©rences de traitement observĂ©es et rapportĂ©es selon l'armĂ©e d'appartenance sont saisissantes alors que les officiers du FSB et du MinistĂšre de l'IntĂ©rieur MVD sont relevĂ©s avec une grande ponctualitĂ© respectivement tous les 30 et tous les 45 jours, les officiers de l'armĂ©e rĂ©guliĂšre voient systĂ©matiquement reconduire la durĂ©e de leur sĂ©jour officiellement de trois mois parfois Ă plusieurs reprises. Ces derniers ne touchent leurs salaires qu'avec plusieurs mois de retard. En 1995, 332 militaires sous contrats ont dĂ©sertĂ© Ă cause du non paiement de leurs salaires. Le retard dans le paiement des salaires des troupes du MVD et les officiers du FSB sont rares. Une aide aux familles des officiers du MVD et du FSB est par ailleurs attribuĂ©e alors qu'elle est refusĂ©e aux familles des militaires de l'armĂ©e rĂ©guliĂšre40. 33Le commentateur militaire du quotidien NezavissimaĂŻa Gazeta, Efim Egorov, indiquait en septembre 1994 qu'un systĂšme spĂ©cial de versements complĂ©mentaires au salaire de base a Ă©tĂ© instaurĂ© au profit des militaires de certaines structures il s'agit du Service de sĂ©curitĂ© de la prĂ©sidence, du Service gĂ©nĂ©ral de la sĂ©curitĂ©, du Centre de tĂ©lĂ©communications militaires, du Service fĂ©dĂ©ral du contre-espionnage ; selon ce journaliste, Boris Eltsine dĂ©ploierait autour de Moscou des divisions d'Ă©lites bien payĂ©es, choyĂ©es, susceptibles de protĂ©ger le pouvoir contre une Ă©ventuelle action de l'armĂ©e. En quelque sorte, plus on s'Ă©loigne de Moscou, plus l'armĂ©e serait laissĂ©e Ă l'abandon. Ces divisions auraient vu leurs effectifs augmentĂ©s. Leur mobilitĂ© aurait Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©e ainsi que leur puissance de feu. Ce corps serait soumis Ă un nouveau centre autonome et non au systĂšme de commandement gĂ©nĂ©ral. 34Face Ă la division de l'armĂ©e, Ă la crise de confiance envers le pouvoir central, le prĂ©sident semble avoir pris une option claire celle de neutraliser ses opposants, l'enjeu principal restant sa survie politique. La constitution de corps concurrents au sein des forces armĂ©es fĂ©dĂ©rales d'une part, et entre les forces armĂ©es, tous ministĂšres de force confondus d'autre part, en est la premiĂšre consĂ©quence. ModalitĂ©s d'action individuelles et collectives face Ă la crise 35Face Ă une situation matĂ©rielle de plus en plus difficile, aggravĂ©e par des inĂ©galitĂ©s artificiellement créées, fruits de stratĂ©gies politiques, et une crise morale de plus en plus aiguĂ«, les membres de l'institution militaire mettent en place des stratĂ©gies de survie et adoptent des comportements nouveaux. 36Ces comportements sont principalement dĂ©terminĂ©s par trois facteurs la position hiĂ©rarchique, la situation familiale et les possibilitĂ©s de reconversion Ă la vie civile. Selon la façon dont se conjuguent ces trois facteurs, les individus Ă©laborent telle ou telle stratĂ©gie ou semblent se donner telle ou telle rĂšgle de conduite. 37Ces comportements peuvent ĂȘtre regroupĂ©s selon trois grands axes de conduite fuir, survivre par tous les moyens, c'est-Ă -dire entrer dans l'illĂ©galitĂ© grĂące au double-emploi, voire la criminalitĂ© ou encore profiter de la situation de chaos pour s'enrichir, ou Ćuvrer Ă la restauration l'institution. 38Globalement les sous-officiers et officiers subalternes s'inscrivent dans une mĂȘme logique de survie Ă©lĂ©mentaire lorsque l'alternative de quitter l'armĂ©e n'est pas envisageable, au mĂȘme titre, ils doivent tenter par tous les moyens de subvenir aux besoins de leurs familles. Les officiers supĂ©rieurs, pour la grande majoritĂ©, ne peuvent envisager de quitter l'armĂ©e. AprĂšs une vie consacrĂ©e Ă l'institution, leur reconversion est peu envisageable. Restaurer l'institution militaire reste la seule alternative. Les membres de l'appareil souhaitent conserver leur privilĂšges et optent pour cette restauration ; certains, pourtant, touchĂ©s par le " syndrome du millionnaire " qui frappe la Russie sont tentĂ©s de profiter de la situation chaotique pour s'enrichir. StratĂ©gies de fuite 39Par stratĂ©gies de fuite, nous entendons aussi bien les fuites illĂ©gales que sont l'insoumission et la dĂ©sertion, que la dĂ©cision et le rĂ©sultat effectif de quitter l'institution militaire en dĂ©rive pour se rĂ©insĂ©rer dans la vie civile ou encore le fait de rejoindre des corps plus privilĂ©giĂ©s de l'armĂ©e fĂ©dĂ©rale ou des autres forces armĂ©es. 40L'insoumission et la dĂ©sertion 41La stratĂ©gie de fuite est symptomatique des conscrits qui constituent le gros de l'armĂ©e. L'armĂ©e pĂątit de ce point de vue de la dĂ©gradation de son image, une image entachĂ©e par la dĂ©nonciation des actes racistes de certains officiers, des pratiques systĂ©matiques de bizutage et enfin par la guerre en TchĂ©tchĂ©nie, au cours de laquelle on a vu des conscrits dĂ©pourvus de tout entraĂźnement ĂȘtre envoyĂ©s au combat. 42L'animositĂ© interethnique dont les recrues non-slaves, et plus spĂ©cifiquement les recrues originaires d'Asie centrale, ont Ă©tĂ© la cible dans l'armĂ©e soviĂ©tique, a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence de longue date par des chercheurs amĂ©ricains sur la base d'entretiens rĂ©alisĂ©s auprĂšs de militaires Ă©migrĂ©s en IsraĂ«l dans les annĂ©es soixante-dix et publiĂ©s en 198941. Mais la glasnost a permis de la rĂ©vĂ©ler au public et de briser le mythe de l'armĂ©e soviĂ©tique " mĂ©canisme d'intĂ©gration et moule d'un homme nouveau susceptible de devenir l'Ă©lĂ©ment d'une sociĂ©tĂ© multinationale solide et solidaire ". La dĂ©nonciation du martyre des recrues d'Asie centrale42 et le poids de l'opinion publique ouzbek sur les autoritĂ©s de la rĂ©publique d'Asie centrale ont entraĂźnĂ©, en 199043, le transfert des recrues ouzbeks des StroĂŻbats bataillons de construction qui comptaient le plus de recrues ouzbeks dans des unitĂ©s rĂ©guliĂšres44, puis l'abandon du principe d'" extraterritorialitĂ© "45 si cher au pouvoir soviĂ©tique. 43Aujourd'hui, de fait, l'armĂ©e russe n'est plus minĂ©e pas ce racisme interethnique, mais elle hĂ©rite d'une pratique qui, bien que dĂ©noncĂ©e avec force pendant la perestroĂŻka, semble reprendre de la vigueur aprĂšs quelques annĂ©es de rĂ©pit. La dedovchtchina, terme qui recouvre des pratiques cruelles de supĂ©rieurs envers les jeunes recrues, qui peuvent aller jusqu'au viol ou au meurtre, n'est pas sans rapport avec le discrĂ©dit qui touche l'institution militaire, la baisse de son prestige, ainsi qu'avec les problĂšmes de discipline et de baisse constante des effectifs Ă chaque appel. Entre 1985 et 1990, Ă morts au sein de l'armĂ©e, dans des " circonstances suspectes ", ont Ă©tĂ© attribuĂ©es Ă la dedovchtchina46. A ce chiffre s'ajoutent les 6 Ă 8% de suicides de recrues par an. En temps de paix, l'Ă©quivalent d'un bataillon de hommes disparaĂźt chaque annĂ©e. Les familles connaissent rarement la vĂ©ritable raison du dĂ©cĂšs. La mention " Mort dans l'exercice de ses fonctions " est souvent la seule explication qui leur soit donnĂ©e. Selon les Nouvelles de Moscou,47 cette pratique n'a pas disparu malgrĂ© les dĂ©nonciations mĂ©diatiques pendant la perestroĂŻka. Les mĂ©dias y portent simplement aujourd'hui une attention moins grande. 44De fait, l'insoumission atteint des taux records qui provoquent la dĂ©sorganisation de nombreuses unitĂ©s. Entre 1992 et 1993, on observe un doublement des condamnations pour insoumission. A l'automne 1995, 64% des effectifs Ă©taient rĂ©alisĂ©s. En 1996, on comptabilisait, dans le district militaire de Moscou, 95% de dĂ©fections. Les Ă©lĂšves-officiers, quant Ă eux, dĂ©sertent les Ă©coles militaires. La prestigieuse Ă©cole d'Ă©lite Souvorov ne recrute qu'Ă hauteur de 70% de ses possibilitĂ©s. 45A notre connaissance, peu de donnĂ©es ont Ă©tĂ© publiĂ©es sur les dĂ©sertions en temps de paix. On trouve parfois mention dans la presse d'une " augmentation des condamnations pour dĂ©sertion ", mais sans plus de prĂ©cisions. Officiellement, 120 cas de dĂ©sertion ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans l'armĂ©e en 1996. Ce chiffre est vraisemblablement largement sous-estimĂ© puisque le procureur militaire indique que, dans la seule division de Tamane48, 25 affaires de dĂ©sertion ont Ă©tĂ© jugĂ©es49. Quitter l'armĂ©e et se reconvertir 46Les meilleurs Ă©lĂ©ments quittent l'armĂ©e. Les consĂ©quences de cette fuite sur la fiabilitĂ© et la qualitĂ© des forces armĂ©es russes sont encore difficiles Ă Ă©valuer. Comme c'est le cas dans une institution en crise, les membres dĂ©sireux de partir sont les plus prĂ©disposĂ©s Ă une reconversion rapide et Ă une bonne rĂ©insertion ; en d'autres termes, les meilleurs Ă©lĂ©ments et les plus jeunes sont tentĂ©s de quitter l'institution en crise. L'armĂ©e n'Ă©chappe pas Ă cette rĂšgle. Un sondage, rĂ©alisĂ© par l'AcadĂ©mie LĂ©nine en avril 1990, indique que 77% des officiers alors dĂ©sireux de quitter l'armĂ©e sont identifiĂ©s comme ayant des capacitĂ©s d'exĂ©cution importantes, capables d'initiatives et particuliĂšrement consciencieux dans leur travail50. Pour l'auteur du sondage, ces officiers sont donc loin d'ĂȘtre les plus mauvais Ă©lĂ©ments. Bien que les principaux critĂšres d'excellence retenus prennent aujourd'hui une connotation dĂ©risoire 90% ont Ă©tudiĂ© dans des Ă©coles militaires et obtenu de trĂšs bonnes notes, 65% Ă©taient communistes et 21% membres du Komsomol, la gravitĂ© de ce phĂ©nomĂšne n'en est pas moins Ă©vidente d'autant que ces officiers comptent parmi les plus jeunes en 1989 27% des officiers demandant Ă quitter l'armĂ©e ont moins de 23 ans, 43% ont entre 23 et 25 ans et 21% ont entre 25 et 30 ans, le reste a plus de 30 ans 9%. 47En 1994, officiers ont quittĂ© l'armĂ©e de leur propre choix51. Pour le colonel de rĂ©serve I. Deriouguine52, membre de l'Association des sociologues militaires, ces officiers appartiennent Ă la catĂ©gorie des gradĂ©s, du lieutenant au capitaine, ce sont des pragmatiques qui essaient de se reconvertir au plus vite. Jeunes, souvent sans famille Ă charge, de formation scientifique ou technique, ils trouvent facilement du travail dans des sociĂ©tĂ©s publiques ou privĂ©es. 48La reconversion dans les polices privĂ©es police des banques, services de sĂ©curitĂ©, le gardiennage, a constituĂ© une voie possible de reconversion pour des militaires sans formation civile spĂ©cifique. Bien que ce phĂ©nomĂšne ait conduit Ă la dĂ©multiplication des forces paramilitaires sur le territoire de la FĂ©dĂ©ration de Russie, le nombre de reconversions possibles dans ce domaine n'est pas extensible Ă l'infini et l'on peut sans doute postuler qu'aujourd'hui l'armĂ©e est constituĂ©e d'Ă©lĂ©ments qui y restent non pas par choix mais par absence de choix. Le transfert vers des unitĂ©s privilĂ©giĂ©es 49L'ultime recours, dans cette stratĂ©gie de fuite, semble ĂȘtre le transfert vers des unitĂ©s privilĂ©giĂ©es, vers des corps d'Ă©lites. Ces corps, comme les troupes du MinistĂšre de l'IntĂ©rieur ou les troupes de gardes-frontiĂšres touchent des revenus supĂ©rieurs de 50 Ă 100% Ă ceux des membres de l'armĂ©e rĂ©guliĂšre. Des transferts massifs vers ces troupes ont pu ĂȘtre observĂ©s en 1994, 200 officiers ont pu ainsi les rejoindre. Cinq fois plus d'officiers souhaitaient le faire Ă cette Ă©poque53. Entrer dans l'illĂ©galitĂ© 50Entrer dans l'illĂ©galitĂ© vis-Ă -vis des lois militaires54 devient une alternative de plus en plus adoptĂ©e par les sous-officiers et les officiers russes. Ceux-ci reçoivent l'Ă©quivalent de deux fois le revenu minimum tel qu'il est Ă©tabli en Russie. Ce qui signifie qu'un officier de carriĂšre peut nourrir et vĂȘtir dĂ©cemment un seul autre membre de sa famille. Or les statistiques montrent qu'en moyenne la famille d'un officier ou d'un sous-officier est composĂ©e de trois personnes et, dans 45% de ces familles, la femme ne travaille pas55. De plus, les salaires ne sont pas versĂ©s pendant des semaines, voire des mois. Et, d'aprĂšs le sociologue militaire I. Deriouguine, les militaires ne possĂšdent pas d'Ă©pargne. Comment vivent-ils lorsqu'ils n'ont pas Ă©tĂ© payĂ©s pendant trois mois ? Deux options de conduite pas forcĂ©ment incompatibles sont observĂ©es le double-emploi et l'entrĂ©e dans la criminalitĂ©. Le travail au noir 51Les rĂ©sultats des sondages publiĂ©s dans la presse depuis 1989 permettent de saisir l'importance du phĂ©nomĂšne. Le travail au noir pendant les heures de service est connu et acceptĂ© tacitement par les supĂ©rieurs depuis plusieurs annĂ©es56. Le travail d'appoint des officiers n'est donc pas exceptionnel57. Les officiers proposent leurs services, comme en tĂ©moigne cette petite annonce parue dans la presse au dĂ©but de l'annĂ©e 1994, et relevĂ©e par un journaliste de la revue Armia58 " Officier, 35 ans, maĂźtrisant parfaitement le maniement de toutes les armes de combat, de toutes les armes Ă feu, recherche travail ". 52Le double-emploi offre Ă un grand nombre d'officiers une solution idĂ©ale aux problĂšmes financiers qui les frappent. Un sondage rĂ©alisĂ© en fĂ©vrier 1992 auprĂšs de 500 officiers par les Ă©tudiants de l'AcadĂ©mie Humanitaire ancienne AcadĂ©mie Politico-Militaire LĂ©nine et par la revue militaire Armia, montre que la majoritĂ© d'entre eux travaille en dehors des fonctions militaires. Le sondage, publiĂ© dans deux journaux diffĂ©rents59, indique qu'un officier sur deux travaille pendant le service. 24% travaillent chaque jour pendant leur temps libre, 7% travaillent pendant leurs congĂ©s et 80% ne cachent pas cette seconde activitĂ© Ă leurs collĂšgues. 40% Ă 44% d'entre eux se disent fiers de leur activitĂ© militaire et ne travaillent Ă cĂŽtĂ© que par nĂ©cessitĂ©, 33% travaillent pour le plaisir et servent dans l'armĂ©e avec peu d'enthousiasme. 41% des officiers travaillant en dehors de leurs fonctions militaires effectuent un travail physiquement pĂ©nible et 6% effectuent un travail intellectuel. 90% d'entre eux ont servi dans l'armĂ©e entre 5 et 15 ans. Seulement 4% d'entre eux ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s pour ces activitĂ©s illĂ©gales, un sur deux a reçu un blĂąme. Ces chiffres montrent une grande tolĂ©rance et une comprĂ©hension de leurs supĂ©rieurs ainsi que l'existence d'un accord tacite entre eux. 53Ce type de sondage a pratiquement disparu des publications. Des enquĂȘtes du Centre de recherche militaro-sociologique, psychologique et juridique des Forces armĂ©es60 sont rĂ©alisĂ©es sur ce thĂšme, mais ne sont pas toujours accessibles compte tenu du caractĂšre sensible des informations qu'elles contiennent. Quelques donnĂ©es arrivent toutefois jusqu'Ă la publication les rĂ©sultats d'un sondage dont on ignore l'auteur, publiĂ©s en aoĂ»t 1996 dans le supplĂ©ment militaire du quotidien NezavissimaĂŻa Gazeta61, confirment l'aggravation de la situation. 82% des militaires interrogĂ©s officiers de l'armĂ©e et de la flotte dont le nombre n'est pas prĂ©cisĂ© disent avoir eu un deuxiĂšme emploi ou travailler au moment de l'enquĂȘte dans une entreprise ou une agence privĂ©e de sĂ©curitĂ©, dans le secteur du commerce ou des services. Un tiers d'entre eux indique que ce type de travail constitue une source rĂ©guliĂšre de revenus. Devenir » un criminel 54Pour I. Deriouguine, l'armĂ©e se transformerait en une Ă©cole de la criminalitĂ© pour la jeune gĂ©nĂ©ration. En 1993, les tribunaux militaires ont examinĂ© plus de affaires, soit Ă peu prĂšs autant qu'il y a deux ans. Mais il est particuliĂšrement important de constater la prĂ©dominance des vols 40 % de toutes les affaires jugĂ©es. En 1994, " parmi les officiers, un officier sur trois est poursuivi pour vol " selon le Lieutenant-GĂ©nĂ©ral Anatoli Marounov, chef de la Direction des tribunaux de guerre au MinistĂšre de la Justice de la FĂ©dĂ©ration de Russie62. On enregistre une baisse des condamnations depuis 1994 qui n'est due qu'Ă la baisse des effectifs et Ă l'existence d'une dĂ©linquance latente et larvĂ©e ainsi qu'Ă l'attitude conciliante de certains commandants vis-Ă -vis des infractions de nombreux dĂ©lits restent impunis. Cette baisse est Ă©galement Ă imputer au ralentissement du travail des tribunaux militaires touchĂ©s par la crise. Le fonctionnement des 160 tribunaux militaires a Ă©tĂ© paralysĂ© au mois de janvier 1994. Le MinistĂšre de la DĂ©fense s'est vu retirer l'entretien des tribunaux au profit du MinistĂšre de la Justice sans que rien ne soit prĂ©vu pour cela dans son budget. En consĂ©quence, les tribunaux militaires se sont vus couper l'Ă©lectricitĂ©, le tĂ©lĂ©phone et l'eau pour non-paiement, jusqu'Ă ce qu'ils reviennent sous le financement de la DĂ©fense quelques mois plus tard63. Cette augmentation de la criminalitĂ© au sein du corps des officiers n'est sans doute pas sans relation avec l'exemple fourni de longue date par une partie du haut commandement militaire dont les motivations sont toutefois autres. Profiter du chaos et s'enrichir 55A tous les Ă©chelons et donc aux Ă©chelons supĂ©rieurs de la hiĂ©rarchie, le militaire vit un processus de crise et de redĂ©finition, car il n'appartient plus Ă un corps privilĂ©giĂ©. Gagner de l'argent devent donc nĂ©cessitĂ©. Comme le reste de la population, il est touchĂ© par la nouvelle image du hĂ©ros russe, engendrĂ©e par le processus de rĂ©forme Ă©conomique, par la privatisation et la spĂ©culation l'image du " millionnaire "64. Aux plus hauts Ă©chelons de la hiĂ©rarchie militaire, la logique de l'enrichissement Ă tout prix est observable. 56La mise en Ă©vidence de l'apparition d'un clan militaro-commercial liĂ© Ă l'Ă©lite militaire, et surtout Ă des structures mafieuses, a Ă©tĂ© faite par de nombreux observateurs de l'institution militaire, russes65 et occidentaux. Les agissements des mafias militaires ont Ă©tĂ© largement dĂ©crits66. Le rĂ©cent ouvrage de R. Lesnik et H. Blanc, L'empire de toutes les mafias67, dĂ©peint des opĂ©rations mafieuses d'envergure rĂ©alisĂ©es par des officiers de hauts rangs qui n'ont pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sans le soutien tacite des hauts fonctionnaires de la DĂ©fense ou des hautes sphĂšres du pouvoir. DĂ©tournements d'armes, vol de vaisseaux, de sous-marins, dĂ©tournements de fonds, convoyage de marchandises de contrebande dans des avions militaires, dĂ©tournements des fonds destinĂ©s Ă l'achat de la nourriture68, autant d'actions qui prouvent Ă quel point toute la hiĂ©rarchie militaire est gangrenĂ©e. Profiter de la confusion liĂ©e au retrait de troupes stationnĂ©es en Allemagne pour s'approprier et revendre des biens militaires ou commercialiser les carburants et les combustibles semble ĂȘtre puni de la mĂȘme façon quelques jours de villĂ©giature prĂšs de la Mer Noire ! 57Le systĂšme de protection social, dont nous avons dĂ©crit prĂ©cĂ©demment l'Ă©tat de dĂ©liquescence, est Ă©galement touchĂ© par ces agissements. Les lois de dĂ©cembre 1993, relatives Ă la DĂ©fense, dĂ©finissent un certains nombre de droits comme la garantie de protection juridique et sociale aux militaires dĂ©gagĂ©s de leur fonction et aux membres de leurs familles, droit au logement, droit Ă la protection de la santĂ© et Ă l'assistance mĂ©dicale, dĂ©dommagement en cas d'accident, de mort pendant le service, or ces droits ne sont pas appliquĂ©s. Les quelques mesures prises ont Ă©tĂ© inefficaces car court-circuitĂ©es par des militaires sans scrupules. 58Dans un premier temps, un certain nombre de fonds de protection sociale ont Ă©tĂ© constituĂ©s dĂšs 1990, par risque69 ou par type de public70, et un accord entre le MinistĂšre de la DĂ©fense et la FĂ©dĂ©ration des syndicats d'ouvriers et d'employĂ©s des forces armĂ©es a mĂȘme Ă©tĂ© signĂ©. Mais ces accords et ces fonds n'ont pas jouĂ© de rĂŽle efficace et ont sans doute servi pendant quelque temps Ă rassurer les militaires. Puis une modification des responsabilitĂ©s respectives de l'Ătat, des syndicats, des entreprises a Ă©tĂ© envisagĂ©e et rĂ©alisĂ©e. Dans un second temps, et depuis 1992, de nouveaux fonds de garantie ont Ă©tĂ© créés. Aujourd'hui la presse civile souligne la disparition d'un certain nombre de structures et de fonds. Ces instances avaient pour mission la mise en place de mesures de protection sociale Ă l'attention des militaires libĂ©rĂ©s de leurs obligations en raison des rĂ©ductions des forces armĂ©es et versĂ©s dans la rĂ©serve. Depuis leur crĂ©ation et le dĂ©blocage des fonds qui leur Ă©taient destinĂ©s, elles semblent avoir littĂ©ralement disparues. La Fondation d'Ătat " Garantia ", qui fut créée par un dĂ©cret du prĂ©sident de Russie Ă l'automne 199171, ne laisse aujourd'hui pas beaucoup de traces de ses activitĂ©s. Ni mĂȘme le Fonds des " DĂ©fenseurs de la Patrie " qui a reçu des financements publics importants et au sein duquel des cadres-officiers de l'Ă©tat-major ont Ă©tĂ© placĂ©s. 59Le " Centre commercial " du MinistĂšre de la DĂ©fense s'est, lui, dissout avec le temps. Il avait pour mission de coordonner la vente des biens militaires techniques et, avec le revenu des ventes, de financer des programmes sociaux pour les militaires. Un autre coordinateur est Ă©galement portĂ© disparu le " ComitĂ© pour la garantie sociale des militaires et des membres de leurs familles ". Le Fonds Zvezda, chargĂ© de gĂ©rer les vouchers bons de privatisation des militaires dans l'incapacitĂ© de le faire eux-mĂȘmes, créé fin 1992 par le MinistĂšre de la DĂ©fense, a vu la disparition de 800 chĂšques de privatisation. Il semble toutefois que les programmes cofinancĂ©s par un pays Ă©tranger, qui se doivent de rendre des comptes de leur activitĂ©, aient une espĂ©rance de vie plus longue que les autres et soient en mesure de mettre, de maniĂšre effective, un projet sur pied72. 60La disparition comptable de ces fonds peut Ă©videmment s'expliquer par un changement de statut, par une privatisation ou encore par l'inflation qui a rĂ©duit Ă nĂ©ant les sommes dont ils disposaient. Mais le problĂšme majeur rĂ©side toutefois dans le peu ou l'absence de rĂ©sultats tangibles et la multiplication de ces disparitions. Ce phĂ©nomĂšne, observĂ© dĂšs la crĂ©ation de ces fonds au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix, s'amplifie depuis. Les Izvestia ont publiĂ©, en fĂ©vrier 199673, un entretien avec Alexandre Smirnov, chef du dĂ©partement du TrĂ©sor du MinistĂšre des Finances dans lequel ce dernier affirme que les fonds versĂ©s pour l'entretien des personnels aux diffĂ©rents ministĂšres dont dĂ©pendent les Forces armĂ©es armĂ©e rĂ©guliĂšre et autres forces se " volatilisent ". Le TrĂ©sor serait pillĂ© par les " pouvoirs " russes eux-mĂȘmes. Restaurer l'institution 61Les officiers supĂ©rieurs et les militaires, qui n'ont pas la possibilitĂ© de se reconvertir dans la vie civile, sont les principaux artisans d'une tentative de restauration de l'institution militaire. Cette restauration est menĂ©e avec des mĂ©thodes peu usitĂ©es dans l'institution militaire. 62Face Ă la dĂ©faillance du pouvoir incapable d'assurer un budget Ă l'armĂ©e, les militaires de l'administration militaire, c'est-Ă -dire ceux du MinistĂšre de la DĂ©fense et de l'Ă©tat-major, optent pour une entrĂ©e en politique afin de mieux contrĂŽler le budget et sa rĂ©partition. Soucieux de l'avenir de l'institution militaire, conservateurs, ils n'en sont pas moins attachĂ©s Ă leurs privilĂšges, dĂ©sireux de les conserver et de rester Ă leurs places. DĂ©fenseurs des traditions, ils n'en rejettent pas moins le traditionnel slogan " l'armĂ©e en dehors de la politique " qu'ils ont un temps dĂ©fendu. 63Les autres officiers supĂ©rieurs et les commandants opĂ©rationnels, sans aucun doute plus proches de la rĂ©alitĂ© quotidienne des troupes que le haut commandement ne peut l'ĂȘtre, ont une approche plus pragmatique de la situation traversĂ©e par l'armĂ©e et tentent d'apporter des solutions concrĂštes, au risque de recrĂ©er des ordres nouveaux et de mettre en jeu la sĂ©curitĂ© de l'Etat. Entrer en politique 64DĂšs les Ă©lections de 1989, on a pu voir des militaires s'engager dans la bataille. Ces engagements politiques ne s'intĂšgrent pas dans un dessein stratĂ©gique du MinistĂšre de la DĂ©fense, mais sont le fait d'initiatives isolĂ©es, de militaires rĂ©formateurs qui souhaitent voir changer la situation dramatique de l'armĂ©e rĂ©vĂ©lĂ©e par la perestroĂŻka et la glasnost. Le MinistĂšre de la DĂ©fense s'est opposĂ© Ă la participation militaire aux Ă©lections avant 1993, pour changer complĂštement d'avis depuis, comme en tĂ©moignent les Ă©lections lĂ©gislatives de 1995. Selon le journaliste militaire Anatoly Stasovski, le MinistĂšre de la DĂ©fense a rapidement compris que personne ne dĂ©fendrait l'armĂ©e ni ne se battrait pour obtenir un budget plus important74. L'initiative devait donc venir des militaires eux-mĂȘmes. 65La stratĂ©gie du MinistĂšre de la DĂ©fense a donc consistĂ© Ă faire entrer des militaires au Parlement pour constituer un groupe de pression et obtenir plus de crĂ©dits en janvier 1996, le MinistĂšre de la DĂ©fense n'a reçu qu'un cinquiĂšme des moyens nĂ©cessaires Ă son fonctionnement. Trois raisons semblent motiver cette conduite premiĂšrement l'armĂ©e souhaite avoir une influence dans la prise des dĂ©cisions politico-militaires ; deuxiĂšmement, l'armĂ©e souhaite pouvoir intervenir au niveau lĂ©gislatif et changer fondamentalement sa situation ; troisiĂšmement, l'armĂ©e veut s'assurer que ses " intĂ©rĂȘts et ceux du pays seront garantis dans le cadre d'une rĂ©forme de l'Etat "75. 66Aux Ă©lections de dĂ©cembre 1995, 123 militaires dont 23 gĂ©nĂ©raux ont ainsi Ă©tĂ© soutenus et " prĂ©sentĂ©s " par Gratchev lui-mĂȘme. L'effort de l'armĂ©e pour entrer au Parlement connaĂźt des succĂšs trĂšs relatifs. En octobre 1995, 25 candidats militaires se prĂ©sentaient pour le conseil local Ă Volgograd, mais aucun n'a Ă©tĂ© Ă©lu76. De plus, tout le spectre de l'Ă©chiquier politique est reprĂ©sentĂ© les candidats militaires sont Ă©parpillĂ©s sur toutes les listes. L'armĂ©e est donc trĂšs divisĂ©e et l'espoir d'obtenir un groupe homogĂšne trĂšs faible. L'intĂ©rĂȘt de cette participation militaire aux Ă©lections reste toutefois grand pour les politiques puisque chaque gĂ©nĂ©ral a des partisans au sein de l'armĂ©e l'association Ă un gĂ©nĂ©ral peut constituer un atout pour tout parti en quĂȘte d'Ă©lectorat ! RecrĂ©er un systĂšme de protection sociale 67Face Ă l'aggravation des conditions de vie et Ă l'inaction des autoritĂ©s militaires, un certain nombre de structures ont fait leur apparition au sein des forces armĂ©es, structures dont la vocation affichĂ©e est la mise en place de programmes sociaux ou le financement de ces programmes. Il s'agit de structures commerciales banques ou de structures de revendication collective ou syndicats, ou encore de fonds de garantie eux-mĂȘmes liĂ©s Ă des structures commerciales indĂ©pendantes du MinistĂšre de la DĂ©fense. 68En 1990, Ă la question " quelle instance est-elle la mieux appropriĂ©e pour prendre en charge la rĂ©solution des questions de protection sociale ? " posĂ©e par un sondage publiĂ© dans l'hebdomadaire Arguments et Faits77, 57% des militaires interrogĂ©s estimaient que des syndicats indĂ©pendants de militaires des Forces armĂ©es russes pourraient s'en charger. 36% estimaient alors que c'Ă©taient la charge des dirigeants du MinistĂšre de la DĂ©fense. Les 7% restant estimaient que c'Ă©tait l'affaire des organisations politiques. 69Les structures apparues au sein des forces armĂ©es sont schĂ©matiquement de deux ordres. Les unes, sous la banniĂšre de la protection sociale, affichent des revendications politiques comme le ComitĂ© de grĂšve clandestin nĂ© Ă la suite de la dislocation des unitĂ©s militaires dans les Pays baltes dont le mot d'ordre est la dĂ©fense des droits sociaux et civils78. L'Union des Officiers a Ă©tĂ© créée en janvier 1992, et interdite par Pavel Gratchev en septembre 1992. Selon elle, les problĂšmes de l'armĂ©e sont Ă attribuer aux intrigues des impĂ©rialistes sionistes et Ă leurs services spĂ©ciaux79. Les autres Ćuvrent de maniĂšre effective Ă la protection sociale des militaires comme le Syndicat indĂ©pendant des militaires80, dont la crĂ©ation remonte Ă janvier 1992, qui a créé un programme pour garantir le logement des militaires retraitĂ©s ou encore Ă©laborĂ© une conception de fonds de retraite81. Le Fonds de rĂ©habilitation sociale et de protection des militaires versĂ©s dans la rĂ©serve, " Soldats de la patrie ", est apparu, quant Ă lui, il y a deux ans Ă l'initiative d'officiers-enseignants de l'AcadĂ©mie Humanitaire82 aujourd'hui UniversitĂ© militaire, les colonels Alexandre Kassianov et Vladimir Tikhenko et le capitaine de vaisseau AndrĂ© Piliponsky83. Aucun financement n'est perçu du MinistĂšre de la DĂ©fense, mais des millions de roubles proviennent de structures commerciales, ce qui a permis la mise en place d'un programme ambitieux de logements et de reconversion d'officiers84. Enfin, le syndicat Chtchit Bouclier se lance, de son cĂŽtĂ©, dans ce qu'il appelle des " actions humanitaires " notamment en septembre 199385 avec l'envoi de caravanes humanitaires mĂ©dicaments aux gardes-frontiĂšres entre le Tadjikistan et l'Afghanistan et, en dĂ©cembre 1993, avec l'envoi de mĂ©dicaments, jus de fruits et gilets pare-balles ainsi que des sapins de NoĂ«l sur cette mĂȘme frontiĂšre. AprĂšs plusieurs scissions, le syndicat se trouve aujourd'hui affaibli. 70Le MinistĂšre de la DĂ©fense est absent de toutes ces structures. Les financements proviennent essentiellement de structures privĂ©es. La dĂ©ficience de l'Etat, et particuliĂšrement celle du MinistĂšre de la DĂ©fense, en matiĂšre de programme d'aide sociale et de reconversion est flagrante " Je connais des dizaines de militaires rĂ©voquĂ©s de l'armĂ©e qui ont trouvĂ© un bon travail " admettait un journaliste des Nouvelles de Moscou86 en 1993 " ... mais aucun d'entre eux n'a reçu du MinistĂšre de la DĂ©fense, ou d'autres structures gouvernementales, de soutien matĂ©riel, organisationnel et, d'autant plus, de soutien financier ". Palliant l'absence de financements, les militaires ont su recrĂ©er un semblant d'Ă©conomie parallĂšle, indĂ©pendant du budget et par consĂ©quent des lignes de financement de la DĂ©fense il est vrai seulement virtuelles aujourd'hui, dont il est aujourd'hui difficile d'Ă©valuer l'ampleur. Pallier le manque d'effectif 71Sur le terrain, le maintien des troupes et de leur caractĂšre un semblant " opĂ©rationnel " donne lieu Ă des initiatives diverses. Pour rĂ©soudre le problĂšme d'effectifs liĂ© au faible taux de rĂ©alisation de la conscription, tous les moyens sont bons. Les officiers sont souvent obligĂ©s d'effectuer des tĂąches subalternes. A cause, par exemple, du manque de chauffeurs, ils sont obligĂ©s de conduire. Sur le champ de bataille, ils occupent des fonctions de militaires de rang subalterne. Un des soldats tuĂ©s en essayant de rattraper le commando tchĂ©tchĂšne au Daghestan Ă©tait un officier du rang de colonel. Il commandait une unitĂ© d'une vingtaine d'hommes, faisant le travail d'un lieutenant87. Certains commandants de garnisons recrutent des vagabonds ou utilisent les femmes des officiers, non seulement pour le gardiennage, les communications ou la vaisselle, mais aussi pour porter les armes88. Le chef de l'Ă©tat-major de l'armĂ©e de terre indiquait en 1994 qu'il Ă©tait obligĂ© de prendre sous contrat des officiers entraĂźnĂ©s dans des Ă©coles civiles et que la moitiĂ© des commandants de sections ne sont pas diplĂŽmĂ©s d'Ă©coles militaires89. Des officiers sont Ă©galement puisĂ©s dans la rĂ©serve lorsque nĂ©cessaire. 72Une pratique plus musclĂ©e a fait son apparition ces derniers mois pour rĂ©soudre le problĂšme du faible taux de rĂ©alisation la chasse aux conscrits rebelles. Des patrouilles conjointes de l'armĂ©e et de la police ont Ă©tĂ© accusĂ©es par les mĂ©dias d'enlever les conscrits n'ayant pas rĂ©pondu Ă l'appel. La chaĂźne russe NTV rĂ©vĂšlait rĂ©cemment l'existence d'une telle initiative par une unitĂ© militaire stationnĂ©e au nord de Moscou90. Etablir des alliances avec les autoritĂ©s rĂ©gionales 73La dĂ©volution de la gestion du systĂšme de protection sociale des militaires aux rĂ©gions, nous l'avons dĂ©jĂ mentionnĂ©, n'est pas sans prĂ©senter certains dangers pour l'armĂ©e et la sociĂ©tĂ©. Celui, d'une part, de confĂ©rer aux commandants d'unitĂ©s stationnĂ©es dans les rĂ©gions un pouvoir Ă©tendu, dĂ©passant leurs fonctions habituelles ; celui, d'autre part, de provoquer un phĂ©nomĂšne de " vassalisation " de ces unitĂ©s aux pouvoirs locaux. 74Face Ă la nĂ©cessitĂ© d'entretenir et de nourrir ses troupes, les commandants opĂ©rationnels se voient transformĂ©s en nĂ©gociateurs. Les troupes dĂ©pendent des rĂ©gions qui doivent leur garantir, salaires, logements, crĂšches, nourriture91. L'obtention de ces garanties doit ĂȘtre nĂ©gociĂ©e par les commandants. L'officier gĂ©nĂ©ral en poste passe donc des accords avec les autoritĂ©s civiles non seulement pour la nourriture, mais aussi l'Ă©lectricitĂ©, le carburant, etc. En Ă©change de quoi ces accords se font-ils ? Leur teneur demeure la grande inconnue. Main d'Ćuvre ou loyautĂ© ? L'institution militaire est-elle menacĂ©e de rĂ©gionalisation, voire de privatisation, par de tels accords ou peut-on dire que les commandants font simplement un effort pour dĂ©fendre cette entitĂ© et nourrir leurs soldats ? On n'est pas sans savoir que des commandants d'unitĂ©s ont parfois organisĂ© eux-mĂȘmes le travail au noir de leurs subordonnĂ©s - c'est le cas pour les garnisons qui n'ont pas touchĂ© leurs soldes depuis plusieurs mois92 - fournissant de la main d'Ćuvre aux entreprises, ou louant leur service Ă des milices ou des entreprises locales. La vente de matĂ©riel militaire pour alimenter le budget des unitĂ©s93 n'a durĂ© qu'un temps, jusqu'Ă l'Ă©puisement des stocks. Aussi a-t-il fallu faire preuve d'inventivitĂ©. 75La tentation des gouverneurs des rĂ©gions de nouer des liens avec ces garnisons stationnĂ©es sur leur territoire est bien rĂ©elle. Certaines rĂ©gions refusent d'emblĂ©e d'exĂ©cuter les ordres du prĂ©sident russe94 et nĂ©gocient avec le pouvoir central pour obtenir des crĂ©dits supplĂ©mentaires afin d'entretenir ces troupes. On assiste trĂšs frĂ©quemment Ă des manifestations d'hostilitĂ© de l'administration locale et des populations envers les militaires de retour en Russie95. Mais il semble que quelques rĂ©gions 3 seulement sur 89, celles de l'ExtrĂȘme-Orient, des Terres Noires et la rĂ©gion de Nijni-Novgorod, soient tentĂ©es et cherchent Ă nouer des liens avec les commandants d'unitĂ©s. D'aprĂšs l'Ă©conomiste Jacques Sapir96, le jeune gouverneur de Nijni-Novgorod, Boris Nemtsov, aurait prĂ©levĂ© des sommes importantes sur le budget pour refaire des casernes et ferait chaque dimanche une revue de " ses " troupes. La presse indique qu'il aurait mĂȘme organisĂ© des dĂ©filĂ©s Ă l'occasion de fĂȘtes locales Ă l'occasion de la fĂȘte de la ville, en septembre 1994, une parade de la 47Ăšme division de tanks a Ă©tĂ© organisĂ©e dans la ville97. Les officiers y reçoivent des soldes plus importantes que dans les autres provinces. 76Le danger de la rĂ©gionalisation des forces armĂ©es est donc trĂšs prĂ©sent. Et la question qui se pose aujourd'hui est la suivante " l'armĂ©e rĂ©pond-elle Ă sa hiĂ©rarchie ou aux autoritĂ©s locales qui la nourrissent et la logent ? ". L'exemple de la TchĂ©tchĂ©nie est frappant dans ce domaine. Non pas que l'armĂ©e ait prĂȘtĂ© allĂ©geance aux soldats tchĂ©tchĂšnes, mais des relations " non rĂ©glementaires " se sont Ă©tablies entre certaines unitĂ©s russes et la population tchĂ©tchĂšne. Certains villages ont nourri des troupes contre la promesse de ne pas ĂȘtre rackettĂ©s ou bombardĂ©s promesse parfois vaine, il est vrai98. La conduite des opĂ©rations s'est donc passĂ©e suivant les termes fixĂ©s par chaque commandant d'unitĂ© et non suivant un commandement unique. Dans les rĂ©gions, cette mĂȘme tendance est observable mais doit ĂȘtre nuancĂ©e les commandants deviennent plus indĂ©pendants du haut commandement Ă Moscou, mais dĂ©pendants des politiciens de province. 77Face Ă ce danger, deux arguments suggĂšrent que les militaires agissent plutĂŽt dans le sens d'un maintien de l'unitĂ© russe que d'une destruction d'une part, nombre de militaires sont convaincus que l'Ă©clatement de l'URSS Ă©tait une erreur qui ne doit pas ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e, leur intĂ©rĂȘt pour la restauration d'une union slave est rĂ©el ; d'autre part, dĂ©pendre des rĂ©gions n'empĂȘche pas des relations parfois conflictuelles. Comme nous l'avons dĂ©jĂ mentionnĂ©, certaines rĂ©gions ont refusĂ© de transfĂ©rer les ressources locales aux militaires99. Nous sommes encore loin d'une tendance centrifuge. Mais le choix de la dĂ©centralisation par les autoritĂ©s russes ne cesse de surprendre compte tenu des risques majeurs encourus. L'hypothĂšse du choix dĂ©libĂ©rĂ© de la dĂ©centralisation destinĂ© Ă laisser l'armĂ©e Ă ses problĂšmes quotidiens pour la neutraliser n'est donc pas Ă rejeter totalement. 78Les changements dĂ©crits prĂ©cĂ©demment risquent d'aggraver la crise traversĂ©e par l'armĂ©e qui les a elle-mĂȘme induit. Or, toute armĂ©e en situation de crise est menacĂ©e de dĂ©composition. Pour se sauver de celle-ci, l'armĂ©e peut prendre le pouvoir ou bien rĂ©affirmer violemment sa fonction guerriĂšre la TchĂ©tchĂ©nie pouvait ĂȘtre un moyen de le faire, mais l'enlisement n'en a Ă©tĂ© que plus grand ; elle peut Ă©galement tenter de recrĂ©er l'esprit de corps effritĂ© mais la rĂ©introduction du code de l'honneur tsariste, dont il est beaucoup question dans la presse militaire, paraĂźt dĂ©risoire face Ă la dislocation Ă l'Ćuvre aujourd'hui. 79La menace d'explosion sociale dans l'armĂ©e est agitĂ©e rĂ©guliĂšrement depuis plus de trois ans100 par les sociologues militaires les commentaires des sondages rĂ©alisĂ©s par le centre de recherche auprĂšs du MinistĂšre de la DĂ©fense ont souvent une allure de mise en garde adressĂ©e aux autoritĂ©s du pays quant Ă la probabilitĂ© d'une action violente qu'une armĂ©e dĂ©munie, mal protĂ©gĂ©e socialement, et minĂ©e par la constitution de corps concurrents privilĂ©giĂ©s, pourrait mener. Ces " avertissements " parsĂšment la presse civile et militaire101. Leur ton devient, avec les mois, de plus en plus alarmiste. Or, aucune agitation n'a, Ă ce jour, Ă©tĂ© enregistrĂ©e. On assiste Ă la superposition de comportements individuels ou collectifs il s'agit de sous-groupes Ă l'intĂ©rieur de l'institution militaire " astucieux " pour faire face Ă la crise, mais Ă aucune action collective proprement dite. 80Pourquoi l'armĂ©e ne tente-t-elle pas, de se sauver de cette dĂ©composition en prenant le pouvoir ? Les intĂ©rĂȘts communs des militaires, c'est-Ă -dire la restauration d'une armĂ©e Ă©conomiquement viable et opĂ©rationnellement compĂ©tente et l'amĂ©lioration de leur situation matĂ©rielle, sont bafouĂ©s. Pourquoi l'armĂ©e ne fait-elle rien pour les promouvoir ? Les mobiles d'ordre Ă©conomique susceptibles de conduire Ă une action collective existent, tout comme les mobiles sociaux la restauration du prestige de l'armĂ©e et d'une reconnaissance sociale constitue, de maniĂšre complĂ©mentaire, une incitation Ă la mobilisation. Pourquoi ces mobiles sont-ils inopĂ©rants ? Ce paradoxe est notĂ© par Mancur Olson qui montre qu'un groupe de personnes, ayant un intĂ©rĂȘt commun et conscientes de celui-ci, peut rester inorganisĂ© et ne rien faire pour le promouvoir102. 81Un premier Ă©lĂ©ment de rĂ©ponse est Ă rechercher dans la possible absence de consensus. L'institution militaire a subi des mutations et des transformations qui en modifient la dĂ©finition mĂȘme et qui font que les intĂ©rĂȘts de ses membres ne sont plus totalement convergents. La dynamique Ă l'Ćuvre dans l'armĂ©e - engendrĂ©e par une crise sociale, Ă©conomique et morale qui s'incarne dans des stratĂ©gies et des comportements nouveaux de ses membres - a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ratrice de mutations. De fait, la dĂ©finition de l'armĂ©e elle-mĂȘme se voit modifiĂ©e. L'armĂ©e n'est plus composĂ©e de tous les hommes qui se trouvent ĂȘtre en uniforme, mais seulement de ceux qui souhaitent rĂ©ellement y rester or nombreux sont ceux qui ne le souhaitent plus mais ne peuvent faire autrement car ils ne sont pas en mesure de se reconvertir. Les critĂšres de valeur de l'officier condamnĂ© Ă rester dans l'armĂ©e se trouvent Ă©galement modifiĂ©s il n'est plus jugĂ© sur son aptitude au combat ou sa capacitĂ© Ă diriger des hommes mais sur sa capacitĂ© Ă se " dĂ©brouiller ", Ă trouver de l'argent. Corrupteur, politicien, nĂ©gociateur, criminel, entrepreneur..., le militaire russe dĂ©veloppe des " qualitĂ©s " insoupçonnĂ©es et inattendues dans l'institution militaire. ProjetĂ© dans la crise qui frappe toute la sociĂ©tĂ©, dĂ©muni du cocon protecteur de sa corporation, le militaire s'adapte et se dĂ©tourne de sa fonction premiĂšre. Alors que l'armĂ©e est censĂ©e uniformiser, c'est l'inverse qui se produit seuls les " dĂ©brouillards " vont s'en sortir. Les autres se clochardisent. Cette tendance est renforcĂ©e par la crĂ©ation d'unitĂ©s d'Ă©lite, de " super-gendarmes ", de corps privilĂ©giĂ©s soumis Ă un nouveau centre autonome et non plus au systĂšme de commandement gĂ©nĂ©ral. Les stratĂ©gies dĂ©veloppĂ©es par les diffĂ©rents acteurs et exposĂ©es prĂ©cĂ©demment tĂ©moignent des divergences d'intĂ©rĂȘts apparues au sein de l'institution. Chacun fait cavalier seul, le consensus sur la maniĂšre de sortir de la crise ne semble pas Ă©tabli. Or une action collective requiĂšre d'autant plus d'organisation et d'accords que l'institution est divisĂ©e et ses membres animĂ©s par des motivations diffĂ©rentes. Seuls quelques sous-groupes semblent, comme nous l'avons montrĂ©, rĂ©ussir Ă s'organiser et Ă faire montre d'une activitĂ© importante en faveur de l'institution. Mais ces groupes entretiennent des liens particuliers avec le pouvoir qui leur permettent d'exister dans l'illĂ©galitĂ© toute activitĂ© syndicale, commerciale, politique est prohibĂ©e dans l'armĂ©e. On peut donc penser qu'ils sont a priori peu enclins Ă se soulever contre un pouvoir qui leur permet de satisfaire leurs intĂ©rĂȘts collectifs et individuels. 82Un autre obstacle Ă l'action du groupe sont les coĂ»ts entraĂźnĂ©s par la rĂ©alisation des buts du groupe et l'absence de compensation de celui-ci. La participation Ă une action collective, Ă la prise du pouvoir, implique, en effet, des coĂ»ts Ă©levĂ©s. Ceux-ci sont de plusieurs natures. Il s'agit, d'une part, de coĂ»ts financiers une telle opĂ©ration nĂ©cessite de disposer de fonds importants pour nourrir l'armĂ©e, la rendre opĂ©rationnelle, or c'est prĂ©cisĂ©ment d'argent dont manque l'institution militaire Ă supposer que la masse d'argent drainĂ©e par les structures commerciales, difficile Ă estimer, ne soit pas utilisĂ©e Ă ce dessein ; de plus, chaque homme mobilisĂ© pour une telle opĂ©ration n'est plus en mesure de nourrir sa famille, or c'est ce pour quoi il se bat. Il s'agit, d'autre part, de coĂ»t humain le risque de mourir ou d'ĂȘtre blessĂ© au cours d'un telle opĂ©ration est grand. La mise en place d'unitĂ©s chargĂ©es de dĂ©fendre le pouvoir en cas de coup d'Etat laisse prĂ©voir une forte rĂ©sistance. Aucune compensation ne peut inciter Ă ce sacrifice une promotion est une compensation bien mince compte tenu du risque encouru. 83Pour ces raisons, les militaires ne semblent pas ĂȘtre prĂȘts Ă supporter le coĂ»t d'une action collective. La division de l'armĂ©e l'institution unifiĂ©e semble ne plus exister, conjuguĂ©e au succĂšs d'une politique de neutralisation et au manque de chef explique largement l'inaction actuelle de l'armĂ©e. Haut de page Notes 1Les ministĂšres dits " de force " ou " de contrainte " sont le MinistĂšre de la DĂ©fense, le MinistĂšre de l'IntĂ©rieur, le MinistĂšre des Affaires EtrangĂšres, le FSK ancien KGB, le SVR Service du renseignement extĂ©rieur et le GRU Direction principale du renseignement. 2Moskovskie Novosti, n° 6, 11-18 fĂ©vrier 1996, p. 9. 3Current Digest of Post-Soviet Press, 7 aoĂ»t 1996 ; Rossiiskie Vesti, 2 juillet 1996. 4Efim Lioubochits, " RĂ©forme militaire, dĂ©penses militaires et Ă©lections du prĂ©sident de Russie ", Sevodnia, 28 fĂ©vrier 1996, p. 5. 5E. Egorov, " Une armĂ©e pour Eltsine ", NezavissimaĂŻa Gazeta, 14 septembre 1994. 6Moskovskie Novosti, 26 novembre 1995. 7NezavissimaĂŻa Gazeta, 14 septembre 1994. 8Moskovski Komsomolets, 19 janvier 1994 ; Moskovski Komsomolets, 25 janvier 1994. 9Moskovskie Novosti, 3-9 mars 1996, " Dezertirstvo ot goloda " DĂ©sertion pour cause de famine. 10Transition, 9 fĂ©vrier 1996, p. 60. 11J. Meek, " Russia's rusting army anatomy of a battlefield disaster ", The Guardian, 3 fĂ©vrier 1996, p. 13. 12C. J. Williams, " Russian army's honor as thin as its soldiers ", Los Angeles Times, 20 janvier 1996, p. 1. 13Ibid. 14Rossiskie Vesti, 10 janvier 1995. 15Rappelons que Vorobiov s'est prononcĂ© contre l'emploi de la force en TchĂ©tchĂ©nie. 16Transition, 9 fĂ©vrier 1996, p. 60. 17NezavissimaĂŻa Gazeta, 1 novembre 1994. 18Les sociologues militaires sont le produit de la reconversion des commissaires politiques qui s'est opĂ©rĂ©e en 1991 Ă la suite du dĂ©mantĂšlement des organes politico-militaires au sein de l'armĂ©e, cf. Igor Stadnik, " ArmĂ©e la dĂ©partisation commence ", Les Nouvelles de Moscou, 29 septembre 1991, p. 4. 19Rossiiskie Vesti, 10 janvier 1995. 20Le Monde, 11 mars 1996. 21La rĂ©forme de l'armĂ©e russe consiste, d'une part, en une rĂ©forme de la sociĂ©tĂ© militaire dans son ensemble structures sociales, rĂ©duction des forces et, d'autre part, en une rĂ©forme d'ordre conceptuelle mettre en Ćuvre la nouvelle doctrine, la crĂ©ation de forces mobiles et d'un nouveau type de soldat le contractuel. 22La RabotchaĂŻa Tribouna, comme beaucoup d'autres quotidiens, reçoit de nombreuses lettres d'officiers de retour d'Allemagne. officiers et praporchtchiks et leurs familles doivent revenir des zones occidentales de stationnement sans compte les Pays Baltes et la Transcaucasie. " Le programme de logement ne correspond pas du tout au rythme du retrait des troupes " regrette le GĂ©nĂ©ral-Major You. Ivanouchkine dans les pages du journal en fĂ©vrier 1993 " aujourd'hui, sur les appartements que les Allemands nous ont promis de construire, seulement ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă l'exploitation. Soit un petit peu plus de 20%. Et 60% des troupes ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©es " ; cf Ă©galement Armia n° 4 et 6, 1993 ; Argoumenty i Fakty, n° 39 septembre 1993 ; NezavissimaĂŻa Gazeta, 26 janvier 1994 ; Izvestia, 28 janvier 1994; NezavissimaĂŻa Gazeta, 26 mars 1994 ; Argoumenty i Fakty, n° 20, 1995, p. 7. 23NezavissimaĂŻa Gazeta, 8 juin 1993, p. 1 et 5. 24Ibid. 25RĂ©quisitionnĂ©s au lendemain de la RĂ©volution, les appartements de l'ancienne bourgeoisie sont partagĂ©s entre plusieurs familles et deviennent ainsi des " appartements communautaires ". Ils constituent encore aujourd'hui le mode de logement le plus courant dans les grandes villes de Russie. 26Mesure de l'Ă©conomiste Chokhine. 27Cf. note 1. 28Efim Egorov, " Une armĂ©e pour Eltsine ", NezavissimaĂŻa Gazeta, 14 septembre 1994 ; voir Ă©galement l'article traduit et publiĂ© par LibĂ©ration le 29 septembre 1994. 29Intervention de Richard Staar au colloque Maximov, Centre Pouchkine, 25 mars 1996, Paris. 30NezavissimaĂŻa Gazeta, 14 septembre 1994. 31Ibid. 32MoskovskaĂŻa Pravda, 29 avril 1995; cf. Ă©galement R. Staar, " Russia's Evolving Armed Forces ", intervention au Colloque Maximov, Paris, 25 mars 1996. 33Augmentation des troupes du ministĂšre de l'IntĂ©rieur dont les effectifs totaux sont supĂ©rieurs Ă ceux de l'armĂ©e de terre !Cf. Moskovskie Novosti, Colonel V. Borissenko, " Moins de soldats, mais plus de policiers ", publiĂ© et traduit par le Courrier international, 20 mars 1996. 34Ibid. 35Lev Rokhline, " Kak vyvesti iz toupika voennouiou reformou ? " Comment sortir la rĂ©forme militaire de l'impasse?, NezavissimaĂŻa Gazeta, 30 mars 1996, p. 2. 36Ce chiffre varie en fonction des sources. 37Current Digest of Post-Soviet Press, 7 aoĂ»t 1996 ; Rossiiskie Vesti, 2 juillet 1996 une augmentation de 328 gĂ©nĂ©raux. 38The Guardian, 3 fĂ©vrier 1996, p. 13. 39MarĂ©chal Chapochnikov, Le chaos et la raison, Paris, Editions NumĂ©ro Un, 1994 ; prĂ©sentation de l'ouvrage en novembre 1994 au Centre Pouchkine, Paris. 40Moskovskie Novosti, 14 janvier 1996. 41S. Enders, A. Alexiev, " Le facteur ethnique dans les forces armĂ©es soviĂ©tiques ", L'Est EuropĂ©en, janvier, juillet & octobre 1989. 42James Critchlow, Nationalism in Uzbekistan, A Soviet Republic's Road to Sovereignty, Boulder, Westview Press, 1991, cf. chapter 9, " The recruit "murder" scandal ". 43Catherine BacarrĂšre-BĂ©cane, Elisabeth Sieca, " L'Ă©mergence des armĂ©es post-soviĂ©tiques le cas de l'OuzbĂ©kistan ", La Lettre d'Asie centrale, n° 6, printemps 1996. 44Izvestia, 14 mai 1991, p. 1. 45Le principe d'" extraterritorialitĂ© " qui rĂ©gissait les forces armĂ©es soviĂ©tiques et consistait Ă envoyer les recrues dans une autre rĂ©gion que celle dont ils Ă©taient originaires reposait sur deux idĂ©es fortes premiĂšrement, la nĂ©cessitĂ©, en cas de reprise en main, d'utiliser des hommes extĂ©rieurs au conflit et, deuxiĂšmement, le brassage des nationalitĂ©s. Jacobsen, " Arms and society, 1988-1992 Russia's revolutionary arbiter ? ", European Security, vol 2, n° 3, autumn 1993, p. 421-450. 47Moskovskie Novosti, 26 novembre 1995. 48Division d'Ă©lite, effectif inconnu. 49" Dezertirstvo ot goloda ", DĂ©sertion pour cause de famine, Moskovskie Novosti, n° 9, 3-10 mars 1996, p. 15. 50S. Sedin et V. Moukhine, " Ofitsery prosiatsia v zapas ", Des officiers demandent Ă ĂȘtre versĂ©s dans la rĂ©serve..., Argumenty i Fakty, n° 14, 7-13 avril 1990. 51NezavissimaĂŻa Gazeta, 1 novembre 1994. 52" Trevojnye tendentsii v rossiiskoĂŻ armii ", Tendances alarmantes dans l'armĂ©e russe, NezavissimaĂŻa Gazeta, 24 aoĂ»t 1994. 53NezavissimaĂŻa Gazeta, 1 novembre 1994. 54Pour la dĂ©sertion voir supra les stratĂ©gies de fuite. L'article 10 de la Loi de la FĂ©dĂ©ration de Russie sur le Statut du Personnel Militaire paragraphe 7 interdit aux militaires toute activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e. 55Nezavissimoe Voennoe Obozrenie supplĂ©ment militaire de NezavissimaĂŻa Gazeta, n° 16, 22 aoĂ»t 1996, p. 1. 56Argoumenty i fakty, n° 10 mars 1992. 57NezavissimaĂŻa Gazeta, 20 fĂ©vrier 1994. 58Armia, n°1, 1994, pp. 9-10. 59Vladimir Muchin " Sloujba sloujboĂŻ, a jit to nado ", Le service d'accord, mais il faut vivre, NezavissimaĂŻa Gazeta, 20 fĂ©vrier 1992 ; " Teneviki v pogonakh " Les hommes de l'ombre en galons, Argumenty i Fakty, n° 10 mars 1992. 60Créé en 1992, le Centre de recherche militaro-sociologique, psychologique et juridique des Forces ArmĂ©es a pour vocation l'Ă©tude des processus sociaux dans l'armĂ©e et la flotte, la prĂ©paration de propositions et de prĂ©visions aux organes de direction militaire ; il s'attache Ă©galement Ă Ă©tudier l'efficacitĂ© des lois mises en place, les effets de ces lois dans l'opinion publique des militaires grĂące Ă l'expertise sociologique des projets de lois ; il assure enfin la formation mĂ©thodologique des sociologues militaires. Le centre publie chaque trimestre un bulletin d'information confidentiel et de mĂ©thodologie destinĂ© Ă une centaine de reprĂ©sentants du pouvoir, la direction militaire, certaines garnisons et Ă©tablissements militaires. 5% de sa production environ est publiĂ©e dans la presse. Le centre effectue les commandes de l'Etat et du pouvoir militaire. Une banque de donnĂ©es avec les principaux rĂ©sultats des recherches a Ă©tĂ© constituĂ©e. Les problĂšmes Ă©tudiĂ©s jusqu'Ă prĂ©sent ont Ă©tĂ© le recrutement des militaires sur la base du volontariat; la protection sociale des militaires et des membres de leur famille ; la formation et reconversion des cadres militaires et des officiers versĂ©s dans la rĂ©serve; les courants migratoires des militaires en liaison avec la crĂ©ation des forces armĂ©es dans les pays de " l'Ă©tranger proche " ; le service militaire dans l'opinion de la jeunesse ; la discipline dans l'armĂ©e, les relations inter-ethniques dans les garnisons. Les enquĂȘtes sont rĂ©alisĂ©es sur la base d'un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de toutes les armĂ©es et de tous les types de troupes. source Sotsiologitcheskie Issledovania, n° 12, 1993. 61Op. cit. Nezavissimoe Voennoe Obozrenie, n° 16, 22 aoĂ»t 1996, p. 1. 62ActualitĂ©s russes, 29 avril 1994, RIA-Novosti. 63Ibid. Interview d'Anatoli Mouranov, chef de la Direction des tribunaux de guerre au MinistĂšre de la justice de la FĂ©dĂ©ration de Russie. 64Jacques Sapir soulignait dans son intervention, au SĂ©minaire interdisciplinaire sur les ProblĂšmes de sĂ©curitĂ© post-soviĂ©tiques, le 25 octobre 1994, au CEMI, l'Ă©volution de l'image du hĂ©ros soviĂ©tique au hĂ©ros russe, passant du cosmonaute, Ă l'ingĂ©nieur, puis au dĂ©mocrate et enfin au millionnaire. 65" Trevojnye tendentsii v rossiiskoĂŻ armii ", Tendances alarmantes dans l'armĂ©e russe, NezavissimaĂŻa Gazeta, 24 aoĂ»t 1994. 66Sevodnia, 6 juillet 1996, p. 1. 67Renata Lesnik, HĂ©lĂšne Blanc, L'empire de toutes les mafias, Paris, Presses de la CitĂ©, 1996. 68Current Digest of the Post-Soviet Press, 8 mai 1996. 69Constitution de fonds spĂ©cialisĂ©s par risque pension, assurances sociales.... 70Mai 1990 crĂ©ation d'un fonds de protection sociale pour les soldats stationnĂ©s dans la patrie. 71DotĂ©e d'un budget de 200 millions de roubles. 72Le DĂ©partement d'organisation et de recrutement des centres d'enseignement, créé au sein du MinistĂšre de la DĂ©fense, a reçu, en 1993, un financement russe, et allemand de 129,32 millions de marks. Sur la base de l'usine moscovite " Serp i Molot ", ainsi que de deux centres de formation agricole de Saint-Petersbourg, ont Ă©tĂ© créés des centres d'enseignement pour des milliers d'officiers frappĂ©s par les rĂ©ductions de l'armĂ©e. Le DĂ©partement chef du dĂ©partement le capitaine de premier rang Valeri Baranovski projetait Ă l'Ă©poque d'ouvrir encore 10 centres d'enseignement. Ainsi, officiers devaient bĂ©nĂ©ficier d'une formation. 73Izvestia, 6 fĂ©vrier 1996 ; Le Monde, 8 fĂ©vrier 1996, p. 4. 74KrasnaĂŻa Zvezda, 4 octobre 1995, p. 1 ; KrasnaĂŻa Zvezda, 6 dĂ©cembre 1995, V. Aleksis, " Depoutaty v pogonakh ili zatchem voennye idout v politikou ", Des dĂ©putĂ©s en galons ou pourquoi les militaires entrent en politique; Rossiiskie Vesti, 14 dĂ©cembre p. 2. 75" Generals as candidates toward a stabler society ? ", Current Digest of the Post-Soviet Press, vol. XLVII, n° 39, 25 octobre 1995, p. 1. 76Izvestia, 3 octobre 1995, p. 2. 77Argoumenty i Fakty, n° 43, octobre 1990. 78Moskovskie Novosti n° 11, 14 mars 1993. 79Moskovskie Novosti, 28 fĂ©vrier 1993, p. A10. créé le 17 janvier 92. 81Moskovskie Novosti n° 17, 25 avril 1993. 82Ancienne AcadĂ©mie Politico-Militaire LĂ©nine qui formait les commissaires politiques dans l'armĂ©e. C'est dans cette mĂȘme AcadĂ©mie que l'enseignant Igor Kotov a fondĂ© un Centre russe d'information " Armia " qui, en collaboration avec l'Institut d'Aviation de Moscou, Ă©dite une publication destinĂ©e aux officiers dĂ©mobilisĂ©s. Deux sponsors permettent Ă ce projet de perdurer le centre germano-russe INMAS et la sociĂ©tĂ© d'assurance " XXIĂšme siĂšcle " Moskovskie Novosti n° 8, 21 septembre 1993. 83Moskovskie Novosti, n° 8, 21 septembre 1993. 84En 1993, la construction de 33 appartements pour des officiers a pu ĂȘtre menĂ©e Ă bien. Egalement, avec l'aide de structures commerciales, 200 officiers ont pu ĂȘtre reconvertis. 85Moskovskie Novosti, n° 39, 26 septembre 1993; Moskovskie Novosti, n° 25, 20 juin 1993. 86Op. cit. Moskovskie Novosti, n° 8, 21 septembre 1993. 87The Guardian, 2 fĂ©vrier 1996, p. 13. 88NezavissimaĂŻa Gazeta, 23 mars 1993, p. 6. 89NezavissimaĂŻa Gazeta, 1 novembre 1994. 90Le Monde, 26 dĂ©cembre 1996. 91Courrier International n° 152, 30 septembre 1993. 92Nezavissimoe Voennoe Obozrenie, n° 16, 22 aoĂ»t 1996, p. 1. 93Jacques Sapir, Le chaos russe, Paris, La DĂ©couverte, 1996, chapitre 7, " L'Ă©clatement des forces armĂ©es ", p. 228-276. 94Les Izvestia du 11 fĂ©vrier 1993 p. 2 rapportent un des multiples scandales impliquant l'ArmĂ©e russe dans la rĂ©gion de la Volga. L'administrateur en chef de la Province d'Oulianovsk, Youri Goritchev, refuse d'exĂ©cuter les ordres du prĂ©sident russe et de loger dans sa ville les soldats de la 104Ăšme division d'assaut aĂ©roportĂ©e qui vient d'arriver d'AzerbaĂŻdjan. Les officiers et leurs familles n'ont pas Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă atterrir et ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s sur Riazan. Les autoritĂ©s locales affirment ĂȘtre en mesure de loger seulement les soldats dans des baraquements sans chauffage mais de ne pas pouvoir loger les officiers et leurs familles, ni de garantir l'accĂšs aux Ă©coles, aux jardins d'enfants ou aux hĂŽpitaux. Afin de ne pas obliger les officiers Ă loger dans des dortoirs disponibles avec des soldats, les autoritĂ©s ont trouvĂ© une solution temporaire et partielle seule une partie des officiers pouvaient y ĂȘtre accueillis en offrant l'utilisation d'un centre de rĂ©habilitation pour alcooliques disponible Ă 200 km du centre de la province. 95De nombreux officiers font part, par voie de presse, de l'hostilitĂ© des administrations locales et des populations Ă leur retour en Russie. Des lettres de Kostroma, de la rĂ©gion de Saint-Petersbourg, de la rĂ©gion de la Volga dĂ©noncent les brimades et la mauvaise volontĂ© de l'accueil RabotchaĂŻa Tribouna, 11 fĂ©vrier 1993, p. 3.. 96Intervention de Jacques Sapir au SĂ©minaire interdisciplinaire sur les problĂšmes de sĂ©curitĂ© post-soviĂ©tiques le 25 octobre 1994 au CEMI. 97Sevodnia, 15 septembre 1994. 98Le Monde, 8 fĂ©vrier 1996, p. 4. 99J. Brusstar & E. Jones, The Russian military's role in politics, National Defense University, INSS, McNair Paper 34, Washington, 1995. 100Notamment aprĂšs l'assaut du Parlement ordonnĂ© par B. Eltsine en octobre 1993. 101Cf. VetchernaĂŻa Moskva et NezavissimaĂŻa Gazeta, 14 septembre 1994; Rossiiskie Vesti, 19 septembre 1996. Cf. le quotidien KrasnaĂŻa Zvezda et le mensuel Armia. 102Mancur Olson, Logique de l'action collective, Paris, de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Elisabeth Sieca-Kozlowski, L'armĂ©e russe stratĂ©gies de survie et modalitĂ©s d'action individuelle et collective en situation de " chaos " », Cultures & Conflits [En ligne], 24-25 hiver 1996- printemps 1997, mis en ligne le 27 mars 2007, consultĂ© le 15 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
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Une agence de la banque Courtois, situĂ©e dans le quartier du Pont des Demoiselles Ă Toulouse, a fait l'objet jeudi matin d'un vol Ă main armĂ©e par un individu qui a pris la fuite, a-t-on appris de source malfaiteur, qui a agi seul, a pĂ©nĂ©trĂ© dans l'agence vers 09H00 et s'est fait remettre une somme d'argent dont le montant est "en cours d'Ă©valuation", a-t-on prĂ©cisĂ© de mĂȘme a ensuite quittĂ© les lieux Ă pied. On ignore si un Ă©ventuel complice l'attendait pour faciliter sa des banques françaises, créée en 1760 par Isaac Courtois, la banque Courtois est une banque privĂ©e implantĂ©e essentiellement dans le sud de la France et dont le siĂšge social se trouve Ă Toulouse. Depuis 1992, elle fait partie du groupe du CrĂ©dit du Nord.
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Vectorillustration. RF 2J5GGDT â Illustration vectorielle d'un vol de banque dans un coffre-fort de sĂ©curitĂ©. Trois voleurs volent de l'or, de l'argent et de jeter des sacs, sac avec la monnaie dans les saper. RF 2FMN5J6 â le concept de vol d'argent de la banque de la criminalitĂ© financiĂšre. RF W75M7W â Le vol qualifiĂ©.
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Le13 mai 2005 en CĂŽte dâIvoire, des soldats de lâopĂ©ration française Licorne Ă©touffaient un Ivoirien au moyen dâun sac poubelle. Firmin MahĂ© Ă©tait le chef prĂ©sumĂ© dâune bande armĂ©e, accusĂ©e de crimes dans la zone de confiance qui sĂ©parait le sud du pays, contrĂŽlĂ© par le gouvernement, et le nord, occupĂ© par la rĂ©bellion.
Une agence de la banque Courtois, situĂ©e dans le quartier du Pont des Demoiselles Ă Toulouse, a fait l'objet jeudi matin d'un vol Ă main armĂ©e par un individu qui a pris la fuite, a-t-on appris de source policiĂšre. â Dominique Faget AFP Une agence de la banque Courtois, situĂ©e dans le quartier du Pont des Demoiselles Ă Toulouse, a fait l'objet jeudi matin d'un vol Ă main armĂ©e par un individu qui a pris la fuite, a-t-on appris de source malfaiteur, qui a agi seul, a pĂ©nĂ©trĂ© dans l'agence vers 09H00 et s'est fait remettre une somme d'argent dont le montant est en cours d'Ă©valuation», a-t-on prĂ©cisĂ© de mĂȘme a ensuite quittĂ© les lieux Ă pied. On ignore si un Ă©ventuel complice l'attendait pour faciliter sa des banques françaises, créée en 1760 par Isaac Courtois, la banque Courtois est une banque privĂ©e implantĂ©e essentiellement dans le sud de la France et dont le siĂšge social se trouve Ă Toulouse. Depuis 1992, elle fait partie du groupe du CrĂ©dit du Nord.
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devol Ă main armĂ©e ou dâagressions commerciales. UN ACCORD AVEC LâUNI GLOBAL UNION QUI RENFORCE LâENGAGEMENT DU GROUPE Le Groupe a renouvelĂ© en fĂ©vrier 2019 accord avec la fĂ©dĂ©ration syndicale droits fondamentaux (voir le rapport thĂ©matique Culture dâentreprise et principes Ă©thiques). Dans la lignĂ©e de lâaccord de 2015 sur les libertĂ©s
Lâart de la guerre » RĂ©seau Voltaire Rome Italie 6 juillet 2011 Que feriez-vous si une banque, Ă laquelle vous avez confiĂ© 100 000 euros pour les faire fructifier, vous communiquait quâen une annĂ©e ils se sont rĂ©duits Ă moins de 2 000 euros ? Câest ce qui est arrivĂ© Ă la Libye, dâaprĂšs une enquĂȘte du Wall Street Journal [1]. AprĂšs que les USA et lâUnion europĂ©enne aient rĂ©voquĂ© lâembargo en 2004, affluĂšrent en Libye des dizaines de banques et sociĂ©tĂ©s financiĂšres Ă©tasuniennes et europĂ©ennes. Parmi lesquelles Goldman Sachs, une des plus grandes banques dâinvestissement du monde, dont le siĂšge principal est Ă New York. Dans la premiĂšre moitiĂ© de lâannĂ©e 2008, lâAutoritĂ© libyenne dâinvestissement lui confia 1 milliard et 300 millions de fonds souverains capitaux de lâĂtat investis Ă lâĂ©tranger. La banque Goldman Sachs les investit dans un panier de valeurs et en actions de six sociĂ©tĂ©s lâĂ©tasunienne Citigroup Inc., la banque italienne Unicredit et lâespagnole Santander, la compagnie allemande dâassurances Allianz, la compagnie Ă©nergĂ©tique française ĂlectricitĂ© de France et lâitalienne Eni. Un an aprĂšs, Goldman Sachs communiqua Ă lâAutoritĂ© libyenne quâĂ cause de la crise financiĂšre, le fonds libyen avait perdu 98 % de sa valeur, les 1 milliard et 300 millions se rĂ©duisant Ă 25 millions de dollars. Les responsables de lâAutoritĂ© libyenne, furieux, convoquĂšrent Ă Tripoli le responsable de Goldman Sachs pour lâAfrique du Nord. La rencontre fut turbulente, si bien que Goldman Sachs Ă©vacua prĂ©cipitamment ses employĂ©s de Tripoli, craignant quâils ne fussent arrĂȘtĂ©s. Comme la Libye menaçait dâintenter un procĂšs, qui aurait compromis la rĂ©putation de la banque aux yeux dâautres investisseurs institutionnels, Goldman Sachs lui offrit en dĂ©dommagement des actions privilĂ©giĂ©es de la banque elle-mĂȘme. Mais les Libyens Ă©tant Ă juste titre soupçonneux, lâaccord ne fut pas signĂ©. Restait ainsi ouverte la possibilitĂ©, redoutĂ©e par Goldman Sachs, que lâAutoritĂ© libyenne nâentreprit un procĂšs international. Des cas analogues de mauvaise administration de lâargent libyen » sont rapportĂ©s par une enquĂȘte publiĂ©e par le New York Times [2]. Par exemple, la sociĂ©tĂ© Permal âunitĂ© de Legg Mason, une des principales sociĂ©tĂ©s de gestion dâinvestissements, dont le siĂšge est Ă Baltimoreâ a administrĂ© 300 millions de dollars de fonds souverains libyens, qui ont perdu 40 % de leur valeur entre janvier 2009 et septembre 2010. En compensation, Permal a perçu 27 millions de dollars pour ses prestations. MĂȘme chose pour dâautres banques et sociĂ©tĂ©s financiĂšres, comme la hollandaise Palladyne, la française BNP Paribas, la britannique HSBC et le CrĂ©dit Suisse. LâAutoritĂ© libyenne menaçait dâentreprendre contre elles des actions judiciaires internationales, qui auraient endommagĂ© lâimage de ces prestigieux » organismes financiers. Le tout sâest rĂ©solu de façon heureuse quand, en fĂ©vrier dernier, Ătats-Unis et Union europĂ©enne ont gelĂ© » les fonds souverains libyens. Leur surveillance » a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă ces mĂȘmes banques et sociĂ©tĂ©s financiĂšres qui les avaient si bien gĂ©rĂ©s. Et, du vol, on est passĂ© Ă la rapine Ă main armĂ©e quand la guerre a commencĂ©, en mars. Ă lâabri des chasseurs-bombardiers de lâOTAN, HSBC et dâautres banques dâinvestissement ont dĂ©barquĂ© Ă Benghazi pour crĂ©er une nouvelle Central Bank of Libya », qui leur permettra de gĂ©rer les fonds souverains libyens gelĂ©s » et les nouveaux quâils tireront de lâexportation des hydrocarbures. Cette fois, sans aucun doute, en obtenant de forts rendements.
Lorsd'une attaque Ă main armĂ©e, les trois gardes d'un fourgon blindĂ© sont tuĂ©s Ă bout portant. ChargĂ© de l'enquĂȘte, l'inspecteur Vincent Hanna, lieutenant dans la police de Los Angeles
Texte intĂ©gral 1 Jean-Louis Loubet del Bayle, Marie-HĂ©lĂšne Cubayles, La police et la presse un systĂšme dâinterac ... 2 Le thĂšme de la presse comme support dâun discours policier est par exemple abordĂ© par Andrew Davies ... 3 Christian Delporte, Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction dâune professi ... 4 Georges-AndrĂ© Parent, Presse et corps policiers complicitĂ© et conflit », Criminologie, vol. 20, ... 1En 1928, lâaffaire des bandits de la Bourse ouvre Ă Marseille une sĂ©quence criminelle jalonnĂ©e de vols Ă main armĂ©e, qui se clĂŽt en 1938 avec lâattaque du train de lâor. Ătudier leurs reprĂ©sentations permet de contribuer Ă lâhistoire contemporaine dâun phĂ©nomĂšne mieux connu pour les temps modernes le banditisme. On a choisi pour ce faire de considĂ©rer dâune part les articles sur Marseille parus entre 1928 et 1940 dans DĂ©tective, et dâautre part des rapports et des enquĂȘtes produits par la hiĂ©rarchie et les polices judiciaires marseillaises la 9e brigade de police mobile et la SĂ»retĂ©, branche judiciaire de la police municipale Ă©tatisĂ©e. Presse et police jouent un rĂŽle majeur dans lâĂ©laboration et la diffusion de lâimaginaire criminel contemporain, auquel le banditisme ressortit. DâoĂč la volontĂ© de placer en vis-Ă -vis ces deux discours, en quĂȘte de leurs points de rencontre et de leurs discordances. Mais les annĂ©es 1930 sont trĂšs sombres pour Marseille, entre scandales et corruption, et la singuliĂšre prĂ©valence des vols Ă main armĂ©e alimente aussi, dans la presse, la critique des institutions locales et celle de la police. DĂ©tective nâest pas en reste. DĂšs lors, câest aussi lâhistoire des relations entre journaux et polices qui se donne Ă voir. Si la question intĂ©resse les sciences sociales, et notamment la sociologie de la police, depuis les annĂ©es 19701, lâhistoire semble moins impliquĂ©e, en France en tout cas2. Sâil est vrai que les relations entre policiers et journalistes sont globalement mauvaises dans les annĂ©es 19303, les variations dâĂ©chelle et de contextes politique et social modulent ces interactions, qui varient aussi selon le ou les journaux, la ou les polices, la ou les personnes en contact4. Quâen est-il lorsque lâenjeu du conflit est le crime organisĂ© et lorsque lâinstitution mise en cause est la police judiciaire ? Dans cette contribution, trois axes seront privilĂ©giĂ©s les logiques dâune polarisation conjointe de DĂ©tective et de la police sur ces vols et leurs auteurs, la rĂ©pulsion fascinĂ©e quâils suscitent, la façon dont ils sont instrumentalisĂ©s. Une polarisation conjointe 2Sur dix-neuf articles relatifs Ă des vols marseillais, DĂ©tective en consacre quatorze Ă trois affaires celle des bandits dits de derriĂšre la Bourse » 1928, lâattaque du bureau de poste de Saint-BarnabĂ© 1932, celle du train de lâor » 1938. Le 20 novembre 1928, trois employĂ©s du CrĂ©dit foncier dâAlgĂ©rie et de Tunisie sont dĂ©pouillĂ©s de 385 000 francs par trois malfaiteurs dans les terrains vagues qui jouxtent la bourse de commerce. Marcellin Loudier, lâĂ©conome chargĂ© de leur protection, est tuĂ© par Griffaut, qui couvrait, lui, ses complices. Le 21 avril 1932, le bureau de poste de Saint-BarnabĂ© est attaquĂ© par Maucuer, Fusco, Mancini et Joulia. PrĂ©venue, la SĂ»retĂ© marseillaise y avait postĂ© trois inspecteurs. Ă leur vue, les voleurs engagent une fusillade Ă laquelle aucun ne rĂ©chappe. Le 22 septembre 1938, un train de marchandises est arrĂȘtĂ© et pris dâassaut par une douzaine dâhommes armĂ©s qui soustraient 180 kilogrammes dâor pur Ă la sociĂ©tĂ© des mines dâor de Kilo-Moto Congo belge. Le prĂ©judice sâĂ©lĂšve Ă 7 millions de francs. Trois cibles diffĂ©rentes, mais trois attaques Ă main armĂ©e qui polarisent lâessentiel de lâespace du journal consacrĂ© Ă des vols marseillais et dont la police et la justice consacrent lâexceptionnalitĂ© par de longues et amples enquĂȘtes. Pour la SĂ»retĂ©, lâattaque qui a coĂ»tĂ© la mort Ă trois de ses hommes, en 1932, est la plus sensible. Lâinformation prĂ©alable compte un nombre anormalement Ă©levĂ© de tĂ©moignages redondants tous les tĂ©moins dĂ©sireux de sâexprimer ont Ă©tĂ© entendus par un service trĂšs mobilisĂ©. Câest en revanche la police mobile qui se dĂ©mĂšne, en 1938, dans lâaffaire du train de lâor », afin de dĂ©montrer sa rigueur, son professionnalisme et redorer lâimage de la police marseillaise. 5 AN, F713985, EnquĂȘte du contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral Blanc sur les gangsters des Alpes-Maritimes, du Var et ... 3Ă partir de 1932, lâimage de Marseille se dĂ©grade. DĂ©tective participe aux campagnes de presse dĂ©favorables Ă la citĂ© et Ă sa municipalitĂ©. AprĂšs avoir longuement exploitĂ© la traĂźne de lâaffaire Prince, qui mettait en cause deux truands proches de la mairie, le journal trouve, avec la question des vols Ă main armĂ©e, un nouveau filon. En juin 1937, Luc Dornain y voit le triomphe du gang marseillais ». Lâhebdomadaire nâest sans doute pas le seul journal Ă exploiter le sujet car, en novembre, la SĂ»retĂ© nationale envoie un contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral Ă Marseille enquĂȘter sur les gangsters des Alpes-Maritimes, du Var et des Bouches-du-RhĂŽne », sur leur apparente impunitĂ© et sur les moyens dây mettre un terme. Blanc, qui rĂ©sume les faits et suggĂšre des pistes de rĂ©forme policiĂšre, rĂ©cuse aussi lâemploi trop englobant du terme gangster » par la presse, signe quâil juge bon de rĂ©assurer lâexpertise policiĂšre en matiĂšre de crime organisĂ©5. Mais sur les vols Ă main armĂ©e, lâanalyse de Blanc rejoint le constat des journalistes. 4Dornain Ă©numĂ©rait quelques mois plus tĂŽt diffĂ©rents braquages et dĂ©finissait le coup de lâencaisseur » 6 Luc Dornain, Les gangsters de Marseille », DĂ©tective, 10 juin 1937. Dans le milieu marseillais est qualifiĂ© dâ"encaisseur" dâune façon gĂ©nĂ©rale quiconque transporte des sommes importantes pour les besoins de quelque service administratif ou bancaire6. 5Chaque fois, les bandits armĂ©s et en rĂ©union avaient agi rapidement et Ă©chappĂ© Ă la police au moyen de puissants vĂ©hicules. Le contrĂŽleur Blanc cible le mĂȘme danger 7 AN, F713985, EnquĂȘte du contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral Blanc... », op. cit. Le porteur de fonds est seul Cagnes, Nice-TrĂ©sorerie gĂ©nĂ©rale ou mal protĂ©gĂ© Nice, CrĂ©dit commercial. Les fonds sont trĂšs importants 800 000 Ă 1 350 000 francs. Le moment et le lieu de lâagression sont des plus propices. Lâagression sâopĂšre instantanĂ©ment quelques secondes. Les agresseurs sont trois ou quatre â masquĂ©s. Ils utilisent une voiture automobile. Ils sont identifiĂ©s comme venant de Marseille, ou fortement soupçonnĂ©s dâen venir. [...] Toutes ces agressions apparaissent conçues et exĂ©cutĂ©es selon une mĂ©thode uniforme qui dĂ©note le travail de bandes bien entraĂźnĂ©es7. 8 Les termes hold-up » et braquage » semblent sâimposer dans le second xxe siĂšcle. 9 Dominique Kalifa, Lâencre et le sang..., op. cit., p. 84-8 Ba5. Jeanzal, Le milieu and co. Confiden ... 6Les mĂȘmes termes sont employĂ©s pour dĂ©signer les vols et leurs auteurs agressions », attaques », attentats », actes de banditisme caractĂ©risĂ© » ; bandits », voleurs », agresseurs », gangsters8 ». LâĂ©missaire de la SĂ»retĂ© nationale valide donc lâexpertise journalistique, dont on peut supposer quâelle nâest pas indĂ©pen dante du point de vue policier. Reporters et faits-diversiers sâinforment en effet aux sources policiĂšres, dont ils Ă©pousent souvent le point de vue en retour9. 10 Lâune est administrative et lâautre mĂ©diatique. Sur les types dâenquĂȘte et lâextension, notamment m ... 11 Sur la force des liens interpersonnels empiriques Ă©tablis entre des membres de chaque corporation, ... 7DĂ©tective et Blanc ne tirent pas leurs informations dâenquĂȘtes identiques10. Celle du contrĂŽleur Blanc est institutionnalisĂ©e, tandis que les relations entre policiers et journalistes sont informelles. On connaĂźt mal les liens personnels qui pouvaient exister entre des journalistes et des policiers11. DĂ©tective ne paraĂźt nĂ©anmoins pas trĂšs proche des acteurs policiers locaux. Certes, lâactualitĂ© politico-judiciaire et criminelle est suffisamment importante Ă Marseille pour que DĂ©tective y envoie rĂ©guliĂšrement des envoyĂ©s spĂ©ciaux, en plus dây rĂ©munĂ©rer un correspondant local Jean Castellano. Cependant les imprĂ©cisions voire les erreurs sur les lieux et les identitĂ©s, comme lâusage de stĂ©rĂ©otypes souvent repassĂ©s, suggĂšrent que les journalistes Ă©crivent au moins une partie des articles loin du terrain ; il est rare que des Marseillais soient interrogĂ©s, et les policiers sont absents, surtout vers 1937-1938. 8Lâanalyse du contrĂŽleur Blanc est en revanche issue dâune enquĂȘte menĂ©e auprĂšs des polices marseillaises. Sâil mentionne certains des vols Ă©voquĂ©s dans DĂ©tective par Dornain, il se montre plus prĂ©cis. Ainsi, 290 000 francs et pas 300 000, le 23 et non le 24 dĂ©cembre 1936, Ă un employĂ© du service de nettoiement de Marseille » et non au chef du service municipal de la voirie de Marseille ». Le 15 janvier 1937 Ă Brignoles, la soustraction de 41 000 francs et de divers titres Ă Rey, gĂ©rant de la succursale du CrĂ©dit lyonnais, et Richard, le chef des titres, et non celle de 45 000 francs au directeur du CrĂ©dit lyonnais et Ă son fondĂ© de pouvoir. Il insĂšre mĂȘme dans le corps de son texte un extrait de rapport du commissaire central sur la question des vols Ă main armĂ©e, signe que la police marseillaise identifie elle aussi un vrai problĂšme dâordre public. Il Ă©numĂšre enfin des vols en plus grand nombre et aux cibles, butins et modes opĂ©ratoires bien plus variĂ©s. Cette reprĂ©sentation est plus proche de la rĂ©alitĂ©, telle quâelle transparaĂźt du moins dans les archives judiciaires. 12 Pour le cas marseillais, je renvoie Ă ma thĂšse, Marseille, capitale du crime. Histoire croisĂ©e de l ... 9Associant violence et professionnalisme, ces vols se situent Ă la rencontre de deux impĂ©ratifs policiers la protection des personnes, la lutte contre les milieux criminels. Depuis la fin du xixe siĂšcle, comme lâindique lâĂ©tude de la rĂ©pression, les atteintes aux biens sont pour la plupart correctionnalisĂ©es. Restent dĂ©fĂ©rĂ©s aux assises, pour lâessentiel, les violences graves faites aux personnes et les vols avec violences12. Par ailleurs, si la poursuite des criminels endurcis nâest pas inĂ©dite, elle prend un tour nouveau Ă la fin du xixe siĂšcle, dans le nouvel espace public dĂ©mocratique et rĂ©publicain. Câest dans les annĂ©es 1890 que sâest dĂ©finitivement imposĂ© un traitement diffĂ©renciĂ© des primo-dĂ©linquants et des rĂ©cidivistes, et une catĂ©gorisation des criminels selon le caractĂšre accidentel, habituel et professionnel de leur dĂ©viance, sous lâinfluence de la sociologie et de lâanthropologie criminelles. 13 Dominique Kalifa, EnquĂȘte judiciaire, littĂ©rature et imaginaire social au xixesiĂšcle », dans J. â ... 14 Ibid., p. 250. Jean-Marc BerliĂšre, Images de policiers en France deux siĂšcles de fantasmes » da ... 15 Sur lâĂ©troite relation entre dĂ©fense des intĂ©rĂȘts policiers et reprĂ©sentations des milieux criminel ... 10La nĂ©cessitĂ© de traiter et rĂ©soudre ces affaires est sans doute encore accrue par lâimportance que leur donne la presse. Depuis le dĂ©but du siĂšcle, les polices marseillaises identifient trois filiĂšres professionnelles du vol dans les espaces portuaires, dans les espaces ferroviaires et au prĂ©judice de transporteurs de fonds. Toutes rĂ©vĂšlent des dysfonctionnements dans la circulation de lâargent et des marchandises. La sĂ©curisation des gares, et surtout des ports, a constituĂ© un enjeu majeur du premier xxe siĂšcle. Mais seul le vol Ă main armĂ©e trouve sa place dans DĂ©tective, et spĂ©cialement le coup de lâencaisseur », qui nâest pourtant pas son seul type. ConformĂ©ment Ă une Ă©volution gĂ©nĂ©rale des rĂ©cits de crime, la narration du vol est subsumĂ©e par celle de lâenquĂȘte policiĂšre, ce qui place les policiers sur le devant de la scĂšne mĂ©diatique et les expose donc au regard de lâopinion publique13. Or, depuis la stabilisation de la RĂ©publique, les pouvoirs publics ont le souci de promouvoir lâimage dâune police protectrice et tutĂ©laire », et les services judiciaires, en guerre contre le crime, sont les plus Ă mĂȘme dâincarner ce visage positif14. Leur lĂ©gitimitĂ© est dâautant plus assurĂ©e que lâadversaire paraĂźt puissant, câest-Ă -dire dĂ©terminĂ©, organisĂ© et abondant15. La presse est une vitrine majeure de lâaction policiĂšre, et le fait que les vols Ă main armĂ©e y soient privilĂ©giĂ©s ne peut pas ne pas rejaillir sur le travail policier, en se situant en tĂȘte des tĂąches Ă accomplir. Non seulement la police peut y gagner en termes dâimage, mais en outre son Ă©chec est susceptible dâavoir des consĂ©quences trĂšs nĂ©gatives, comme on le verra plus loin. 16 La crise de la rubrique des faits divers est alors gĂ©nĂ©rale. Le Petit Marseillais se recentre aussi ... 11Il est logique que DĂ©tective, hebdomadaire national, ne relaie quâune partie de lâactualitĂ© criminelle provinciale, dâautant plus quâil privilĂ©gie le grand reportage au fait divers16. Mais ceci ne suffit pas Ă expliquer les raisons dâune couverture privilĂ©giĂ©e du coup de lâencaisseur », ni quels enjeux, policiers ou journalistiques, sont susceptibles de lâexpliquer. Pour ce faire, il faut explorer les reprĂ©sentations de ces vols, dans les deux types de sources. Des vols grandioses aux accents de rĂ©volte 12Dans le cadre des informations judiciaires ou dâenquĂȘtes officieuses, les dossiers dâenquĂȘtes individuelles et de renseignements confidentiels » rĂ©digĂ©s par des inspecteurs, plus rarement par des commissaires, visent Ă classer les individus au moyen de critĂšres connus des collĂšgues et des magistrats, au service de lâajustement individuel dâun Ă©ventuel traitement judiciaire. Tout suspect est qualifiĂ© personnellement et socialement moralitĂ©, conduite et frĂ©quentations, bonnes, douteuses, mauvaises ou trĂšs mauvaises ; rapport au travail ; dangerositĂ©. Certaines figures singuliĂšres font aussi lâobjet de rapports libres rĂ©digĂ©s par des commissaires et rĂ©vĂ©lateurs de leur rapport familier aux grands concepts de lâanthropologie criminelle. 17 Ainsi de Maucuer, dans le rapport dressĂ© par le commissaire Guibal en personne, chef de la 9e briga ... 18 Le 6 mai 1932, lâagent Drillet Ă©crit Maucuer Ă©tait chef de bande de pilleurs de trains. Repris ... 19 Il faudrait faire lâhistoire de ce terme, probablement issu du lexique anglo-saxon. Ă notre avis, ... 13Une forte rĂ©probation morale se dĂ©gage des rapports consacrĂ©s aux agresseurs Ă main armĂ©e. Seuls les complices dĂ©sireux de collaborer bĂ©nĂ©ficient dâattention17. Les autres sont dĂ©crits comme des marginaux amoraux, dĂ©saffiliĂ©s sur les plans professionnel et familial, et insĂ©rĂ©s dans les rĂ©seaux interlopes composĂ©s de trafiquants, de voleurs et de prostituĂ©es. Ce faisant, ils partagent bien des traits avec les autres voleurs et trafiquants qui composent les milieux criminels. Si les trafiquants se distinguent par une dĂ©saffiliation moins Ă©vidente, la diffĂ©rence nâest que de quelques degrĂ©s et lâappartenance des uns et des autres au milieu ne fait pas dĂ©bat. Un mĂȘme schĂ©ma circulaire sâapplique Ă tous, alliant les mauvaises frĂ©quentations Ă la mauvaise moralitĂ©, lâabsence de travail stable et honnĂȘte et des accointances politiques embarrassantes. Les individus jugĂ©s capables de tuer, dangereux », trĂšs dangereux », appartenant aux criminels-nĂ©s » se distinguent du lot18. Auguste MĂ©la, lâun des organisateurs de lâattaque du train de lâor, est mĂȘme qualifiĂ© dâ ennemi public n° 119 ». Mais pour qui ces voleurs sont-ils dangereux et que recouvre cette expression ? 14Il faut bien distinguer ces vols Ă main armĂ©e des petites agressions et des cambriolages qui engendrent un fort sentiment dâinsĂ©curitĂ©, comme ce fut par exemple le cas dans les annĂ©es 1900. Dans les annĂ©es 1860-1870, les attaques nocturnes au cĆur de la ville et les bandes italiennes des campagnes alentour avaient elles aussi semĂ© la terreur dans la population provençale. Mais les bandes dont il est ici question sâattaquent Ă des porteurs de fonds. Elles visent lâactivitĂ© Ă©conomique, ses richesses circulantes, ses organisations les entreprises, les banques, elles ne sont dangereuses que pour les travailleurs exposĂ©s dans le cadre professionnel, en lâabsence de dommages collatĂ©raux. Dans le rapport du commissaire central reproduit par Blanc, lâ Ă©motion du public » renvoie ainsi plus probablement Ă lâindignation collective quâĂ la peur de chacun pour lui-mĂȘme. Dâailleurs, le contrĂŽleur est plus prĂ©occupĂ© de sauvegarder la morale publique et les intĂ©rĂȘts touristiques rĂ©gionaux que de restaurer un quelconque sentiment de sĂ©curitĂ© il lui semble incongru de laisser, faute de mesures prĂ©ventives, des criminels sâenrichir avec une dĂ©risoire facilitĂ© » et il ne croit pas quâil faille tenir pour nĂ©gligeable Ă©galement lâimpression dĂ©plorable produite sur lâopinion publique et sur lâopinion particuliĂšre des Ă©trangers et des usagers de la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne ». Dans ennemi public », public » ne dĂ©signe pas la mĂȘme population que dans danger public » câest dâabord pour la police que ces malfaiteurs sont un problĂšme, si elle est tenue en Ă©chec, car, du fait de la couverture mĂ©diatique particuliĂšre qui leur est consacrĂ©e, lâinstitution est exposĂ©e aux reproches de sa hiĂ©rarchie politique et policiĂšre, en raison de lâindignation publique et du mĂ©contentement du patronat, dont il ne faut certainement pas nĂ©gliger le poids. 20 Membres de lâattaque du train de lâor. Pour Jean Rossi Assez subtil, connu pour respecter la lo ... 21 Voir lâĂ©ditorial du 4 mai 1939. 15Le traitement privilĂ©giĂ© que la presse rĂ©serve Ă ces vols nâest sans doute pas sans rapport avec leur reprĂ©sentation assez ambivalente, entre rĂ©pulsion et fascination. Sans doute ce discours est-il diffusĂ© avec des complicitĂ©s policiĂšres quâil est toutefois difficile de cerner, dans la mesure oĂč la parole policiĂšre, dans le cadre institutionnel, est assez contrĂŽlĂ©e. On note cependant que les policiers reconnaissent sans dĂ©tour lâintelligence hors du commun dâun Maucuer, le savoir-faire et la finesse dâun Rossi, la force dâun Dessi20. Dans DĂ©tective, lâimmoralitĂ© des voleurs est souvent dĂ©noncĂ©e, de mĂȘme que leur dangerositĂ©21. Marius Larique, rĂ©dacteur en chef, prend rĂ©guliĂšrement la plume pour rappeler que son journal est du cĂŽtĂ© de la loi et de la rĂ©pression. Enfin, les voleurs Ă main armĂ©e sont absents des grands reportages. Les journalistes cĂŽtoient volontiers des trafiquants de femmes et de stupĂ©fiants, comme sâils Ă©taient plus frĂ©quentables, de sorte que le journal livre une vision tronquĂ©e des milieux criminels. La cause en est sans doute la plus grande respectabilitĂ© des activitĂ©s transactionnelles, propres » car voisines de la dĂ©viance Ă©conomique, qui est celle des Ă©lites et des cols blancs, tant que le statut victimaire des prostituĂ©es et des consommateurs de stupĂ©fiants est incertain. Le trafiquant ne rompt pas le contrat social. 22 Ainsi, lorsquâun policier raconte comment Ămile Long, membre de lâattaque du train de lâor, a Ă©chap ... 23 Paul Bringuier, Lâattentat de Marseille », DĂ©tective, 29 novembre 1928. 24 Sur la mĂ©moire de Bonnot, Marc Renneville, Notes sur Bonnot », juin 2009, ... 16Cependant le journal est soumis Ă lâimpĂ©ratif dâaccrocher et retenir son lectorat. Pour ce faire, il privilĂ©gie des rĂ©cits simplifiĂ©s, vivants et Ă©mouvants, car le public visĂ© est plutĂŽt populaire. Il est ainsi fait usage dâoppositions binaires criminels versus victimes sans dĂ©fense, meneurs impitoyables versus suiveurs amendables et de descriptions physiques et morales donnant corps aux poli ciers comme aux malfaiteurs. Les rĂ©cits, romancĂ©s, en appellent Ă lâaventure, au drame, Ă la comĂ©die22. Le ressenti positif ou nĂ©gatif, entre indignation, colĂšre, amusement ou admiration, nâest pas clairement associĂ© aux malfaiteurs ou aux policiers la force des textes, au moins en matiĂšre de pĂšgre et de milieu, rĂ©side sans doute dans cette ambivalence qui sâapplique aux trafiquants, mais aussi aux adeptes du coup de lâencaisseur ». Ă lire Paul Bringuier, ces derniers nâont en effet rien Ă voir avec certains crimes sordides » et repoussants », comme le rapt, lâenfant Ă©gorgĂ© ou les vieux paysans empoisonnĂ©s. Ils empruntent Ă lâaventure, au risque un Ă©lĂ©ment de grandeur dramatique » et appartiennent Ă lâĂ©lite du vol, hĂ©ritiers des figures lĂ©gendaires » de Mandrin et de Cartouche23. Le journal invoque donc la tradition travaillĂ©e de romantisme du bandit dâhonneur et du bandit social. Bien quâils ne redistribuent pas le produit de leurs vols, La Griffe ou Maucuer prennent une revanche sociale, parce que leurs cibles sont de grandes entreprises ou des banques qui suscitent une empathie dâautant plus modĂ©rĂ©e que le contexte de crise Ă©conomique ternit lâimage du capitalisme. Les victimes immĂ©diates des violences, visĂ©es dans le cadre de leurs fonctions, contribuent en quelque sorte ou du moins adhĂšrent Ă lâordre Ă©conomique ainsi transgressĂ©. Quoique condamnĂ©e vertement, la violence est bien mise Ă distance, ce qui facilite lâexpression dâune certaine fascination, mĂ©diatisĂ©e en particulier par la rĂ©fĂ©rence systĂ©matique Ă Bonnot. Les voleurs sont, en effet, qualifiĂ©s de bandits tragiques », alors mĂȘme quâils ne se rĂ©clament dâaucune idĂ©ologie. Cela les inscrit dans une tradition renouvelĂ©e du banditisme, alors trĂšs vivace24. 25 Paul Bringuier, Lâattentat de Marseille », art. citĂ©. 26 Ainsi, de Falcetti suivant Maucuer dans sa cavale, il est dit Il avait toujours portĂ© une vive ... 17La fascination exercĂ©e par ces voleurs a plusieurs ressorts. Ce sont dâabord des icĂŽnes de la modernitĂ© urbaine, par leur dĂ©tournement maĂźtrisĂ© de biens et de techniques produits par les rĂ©volutions industrielles, tels que les automobiles souvent de course, des Hotchkiss, les camions, les revolvers, les bas nylon. Ils sâapprochent ainsi dâArsĂšne Lupin et des figures artistiques et astucieuses du haut vol, mais en incarnant lâindustrialisation du vol, par le perfectionnement de ses mĂ©thodes et de ses techniques dĂ©tournement de la division du travail, du chronomĂ©trage, de lâefficacitĂ©. Ils renvoient cependant Ă un versant nĂ©gatif de la modernitĂ©, ouvert Ă la violence, raison pour laquelle ils sont assimilĂ©s Ă des gangsters. Câest bien lâassociation de la violence et du professionnalisme, dans un Ătat incarnant la modernitĂ©, qui trace les contours du gangster, quand bien mĂȘme le gangster est dans les faits un bootlegger, donc un trafiquant, plutĂŽt quâun voleur25. Plus sans doute que les trafiquants et les voleurs de la haute pĂšgre, ces voleurs incarnent en outre une libertĂ©, une virilitĂ© et une puissance naturelle non canalisĂ©es et transgressives, qui nâont de cesse de fasciner26. Non seulement ils dĂ©fient lâordre Ă©conomique simultanĂ©ment dĂ©criĂ©, mais en outre ils contestent le monopole de la force dĂ©volu Ă lâĂtat et Ă sa police. Câest pourquoi cette derniĂšre a aussi, en fin de compte, tout intĂ©rĂȘt Ă les mettre hors dâĂ©tat de nuire. Une police dâĂtat contestĂ©e 27 Le journal se fait par exemple lâĂ©cho des revendications policiĂšres en termes dâeffectifs. Henri Da ... 18LâintĂ©rĂȘt commun des journalistes et des policiers Ă mĂ©diatiser ces vols et la riposte policiĂšre les pousse Ă collaborer lorsque la situation est favorable Ă lâinstitution policiĂšre. Les premiers livrent informations et interviews, les seconds louent en retour lâefficacitĂ© des services, voire relaient leurs intĂ©rĂȘts catĂ©goriels27. Le journaliste dĂ©taille lâenquĂȘte policiĂšre, se met en scĂšne aux cĂŽtĂ©s de lâinstitution, mais il dĂ©livre aussi son interprĂ©tation des faits. Or une police dâĂ©lite est attendue face Ă ces voleurs et, puisque le paradigme de lâenquĂȘte habite les rĂ©cits, les journalistes sont tentĂ©s dâenquĂȘter officieusement, voire dâenquĂȘter sur la police si cette derniĂšre est tenue en Ă©chec, au nom de lâidĂ©al de vĂ©ritĂ© et de transparence qui lĂ©gitime le journalisme. Aussi, lorsque ces voleurs Ă©chappent Ă la police judiciaire, lâefficacitĂ© et la crĂ©dibilitĂ© de cette derniĂšre sont discutĂ©es dans la presse, en particulier lorsque les liens entre les hommes du journal et ceux de lâinstitution ne sont pas trĂšs forts ce qui est le cas ici. 28 Paul Bringuier, Comment furent arrĂȘtĂ©s les bandits de Marseille », DĂ©tective, 6 dĂ©cembre 1928. 29 Henri Danjou, Verdict de nervis, verdict de jurĂ©s. Les hors-la-loi de Marseille », DĂ©tective, 19 ... 30 Chasse aux bandits », en couverture de DĂ©tective, 3 mai 1932. 31 Pierre Scize, Gangsters, pas morts », DĂ©tective, 1er fĂ©vrier 1934. 32 Cet angle dâattaque ne se retrouve pas dans la presse locale, notamment le Petit Provençal, plus pr ... 19Le traitement de lâaffaire des bandits de la Bourse montre une SĂ»retĂ© expĂ©rimentĂ©e et efficace, en dĂ©pit de lâemploi dâindicateurs, vieille recette policiĂšre dĂ©considĂ©rĂ©e. Bringuier se tire dâaffaire en cĂ©lĂ©brant lâexpĂ©rience du chef de la SĂ»retĂ©, Grisoni, qui connaĂźt la ville dont lâĂtat lui a confiĂ© la sĂ©curitĂ© », et en dĂ©nigrant les infidĂ©litĂ©s des jaunes » de la pĂšgre28. Toutefois, lors du procĂšs, Danjou interroge Ă mots couverts la responsabilitĂ© de la police dans la mort de lâencaisseur Loudier la SĂ»retĂ© nâa-t-elle pas laissĂ© les bandits agir librement, dans lâespoir de mieux les prendre29 » ? La mĂȘme polĂ©mique resurgit lors du procĂšs des bandits de Saint-BarnabĂ©. Au moment du crime, la SĂ»retĂ© marseillaise est encensĂ©e. Lâhebdomadaire exploite lâĂ©motion provoquĂ©e par la tragique fusillade et cĂ©lĂšbre la dĂ©termination du service Ă mettre les assassins sous les verrous, avec le soutien des mobilards30. Les voleurs sont diabolisĂ©s, surtout Maucuer, longtemps fugitif. Mais en 1934, lors du procĂšs, Pierre Scize ne cache pas sa dĂ©ception Un Socrate dâestaminet, un lourdaud infatuĂ©, deux dĂ©biles men taux et une mĂ©gĂšre de quartier. [...] On a voulu prĂ©senter leur capture comme le couronnement dâune besogne dâĂ©puration qui aurait dĂ©barrassĂ© Marseille de ses bandits. LĂ , on a exagĂ©rĂ©31. » De plus, parmi les tĂ©moins appelĂ©s Ă la barre figure un individu aux allures dâindicateur, sous le coup dâun arrĂȘtĂ© dâexpulsion mais nĂ©anmoins autorisĂ© Ă demeurer sur le territoire... Cette fois, la recette policiĂšre est dĂ©noncĂ©e et la SĂ»retĂ© accusĂ©e dâavoir grossi la dangerositĂ© de la bande pour sortir grandie dâune affaire pourtant honteuse lâenvoi de quatre hommes Ă la mort dans une souriciĂšre mal prĂ©parĂ©e32. 33 Jean Castellano, Les bandits de Marseille », DĂ©tective, 4 mars 1937. 34 Id., Renucci le suspect crie "Je suis innocent" », DĂ©tective, 11 mars 1937. 35 Id., Les mystĂšres de Marseille », DĂ©tective, 24 fĂ©vrier 1938. 36 Luc Dornain, Le scandale policier de Marseille », DĂ©tective, 27 octobre 1938. 20Le 4 mars 1937, Jean Castellano sâexclame Une situation sĂ»re, sinon de tout repos, câest maintenant celle de dĂ©trousseur de banque ou dâagents des PTT sur le littoral33. » Le 11, Jo Renucci, accusĂ© dâune telle agression, demande Ă lâhebdomadaire de supplĂ©er le travail policier par une enquĂȘte journalistique en marge ou Ă lâappui de lâenquĂȘte policiĂšre », comme si lâinstitution Ă©tait dĂ©faillante34. Dans un premier temps, la SĂ»retĂ© nâest pas critiquĂ©e, quoiquâelle ait dĂ©jĂ perdu la confiance du parquet, mais absente tĂ©moins et victimes racontent lâagression, comme si les policiers ne communiquaient plus. Pourtant, elle est dite habile et courageuse », ou insuffisante faute de crĂ©dits », mais ce sont des propos convenus, formels, de la part dâun hebdomadaire spĂ©cialisĂ© qui a intĂ©rĂȘt Ă maintenir de bonnes relations avec la police en gĂ©nĂ©ral35. Mais lorsquâune enquĂȘte de lâInspection gĂ©nĂ©rale des services administratifs rĂ©vĂšle lâexistence de pratiques corruptives, lâhebdomadaire crie au scandale policier », cause de lâimpunitĂ© des bandes36. Les polices dâĂtat ont Ă©tĂ© créées, Ă©crit Marius Larique, pour Ă©chapper aux influences locales » mais, Ă Marseille, lâexpĂ©rience a Ă©chouĂ© ». 37 Pour Ă©purer Marseille, Ă©purons la police locale », DĂ©tective, 20 octobre 1938. Trop de policiers y sont nommĂ©s, qui par solidaritĂ© dâorigine deviennent ensuite les protecteurs conscients ou non des malfaiteurs. [...] Les policiers honnĂȘtes qui sont heureusement la majoritĂ© sont depuis longtemps Ă©cĆurĂ©s [...]37. 38 Il sâagit des numĂ©ros 521 et 526 des 20 octobre et 24 novembre 1938, AD 13, 23 J 1. Archives person ... 21Et de louer lâindĂ©pendance de la 9e brigade de police mobile, son efficacitĂ© et son sĂ©rieux. Soucieux nĂ©anmoins de maintenir de bonnes relations avec les polices, le journal nâaccuse que quelques brebis galeuses » permĂ©ables ou acquises aux mĆurs mĂ©ridionales, jugĂ©es dĂ©voyĂ©es. Câest dans ce contexte, et alors que, Ă la suite du rapport Blanc, une brigade des agresseurs, formĂ©e au sein de la police mobile, a scrupuleusement enquĂȘtĂ© sur les bandes de voleurs, que se produit lâaffaire du train de lâor. Les succĂšs des mobilards sont lâoccasion, pour les polices marseillaises, dâengager une bataille de lâimage. Les deux polices se mettent en scĂšne main dans la main, victorieuses, dans le but de revaloriser la SĂ»retĂ©. DĂ©tective couronne toutefois les mobilards, qui font la une. Signe quâil y vit un moment glorieux de sa carriĂšre, le commissaire Mercuri conserva les deux numĂ©ros de DĂ©tective qui cĂ©lĂ©braient son travail38. 22Dans le Marseille des annĂ©es 1930, les vols Ă main armĂ©e rencontrĂšrent la dĂ©nonciation des institutions et des mĆurs politiques locales, et les deux thĂšmes sâaccrurent vers 1937-1938, peu avant que la ville soit placĂ©e sous la tutelle dâun administrateur extraordinaire, au printemps 1939. Du fait de ce contexte particulier, ces vols ont fait couler beaucoup dâencre, si bien que lâon dispose de sources privilĂ©giĂ©es pour les Ă©tudier, les situer dans lâhistoire du vol et comprendre les discours dont ils ont Ă©tĂ© les vecteurs. Lâhebdomadaire les a exploitĂ©s Ă des fins politiques et commerciales. Ils ont reprĂ©sentĂ© un enjeu fort pour les polices, mettant en doute un service de police judiciaire, Ă©tatisĂ© qui plus est, et imposant Ă lâinstitution dâinnover notamment au bĂ©nĂ©fice de la police mobile. La reprĂ©sentation de ces vols renvoie Ă la modernitĂ© industrielle et au rapport ambigu entre la modernitĂ© et la violence. Lâassimilation de tous les vols avec violence Ă ces seuls vols Ă main armĂ©e rappelle la centralitĂ© quâoccupent, dans lâimaginaire criminel du premier xxe siĂšcle, le milieu et ses professionnels du crime. Notes 1 Jean-Louis Loubet del Bayle, Marie-HĂ©lĂšne Cubayles, La police et la presse un systĂšme dâinteractions », dans J. â L. Loubet del Bayle et al., Police et sociĂ©tĂ©, Toulouse, Presses de lâIEP de Toulouse, 1988, p. 150-173. M. â H. Cubayles, La police et la presse. Des institutions et des hommes, thĂšse de doctorat dâĂtat en science politique, IEP de Toulouse, Publications du centre dâĂ©tudes et de recherches sur la police, 1980, 2 vol. Jean-Louis Loubet del Bayle, Police et politique. Une approche sociologique, Paris, LâHarmattan, 2006, p. 277-286. 2 Le thĂšme de la presse comme support dâun discours policier est par exemple abordĂ© par Andrew Davies, The Scottish Chicago ? From "Hooligansâ to "Gangsters" in Inter-War Glasgow », Cultural and Social History, 2007, 4 4, p. 511-527. Pour la France, voir Dominique Kalifa, Lâencre et le sang rĂ©cits de crimes et sociĂ©tĂ© Ă la Belle Ăpoque, Paris, Fayard, 1995, en particulier le chapitre Portrait du reporter en hĂ©ros », p. 82-104, pour une mise au point sur le travail des reporters et lâorganisation des journaux. La question des interactions spĂ©cifiques de la presse et de la police vient souvent en arriĂšre-plan dâĂ©tudes relatives Ă des situations de crise. Laurent LĂłpez, La bande Ă Bonnot lâassaut final Ă Nogent 14 au 15 mai 1912 », Criminocorpus, Histoire de la police », consultĂ© le 15 novembre 2011, 3 Christian Delporte, Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction dâune profession, Paris, Seuil, 1999, p. 272-273. 4 Georges-AndrĂ© Parent, Presse et corps policiers complicitĂ© et conflit », Criminologie, vol. 20,1,1987, p. 99-120. Jean-Paul Brodeur examine les similaritĂ©s entre presse et police dans Les visages de la police pratiques et perceptions, MontrĂ©al, Presses de lâuniversitĂ© de MontrĂ©al, 2003, p. 153. 5 AN, F713985, EnquĂȘte du contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral Blanc sur les gangsters des Alpes-Maritimes, du Var et des Bouches-du-RhĂŽne », le 24 novembre 1937. Une imprĂ©gnation semblable du lexique criminel national par des termes issus de la culture nord-amĂ©ricaine du banditisme est alors visible en Grande-Bretagne. Andrew Davies, The Scottish Chicago ?... », art. citĂ©. 6 Luc Dornain, Les gangsters de Marseille », DĂ©tective, 10 juin 1937. 7 AN, F713985, EnquĂȘte du contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral Blanc... », op. cit. 8 Les termes hold-up » et braquage » semblent sâimposer dans le second xxe siĂšcle. 9 Dominique Kalifa, Lâencre et le sang..., op. cit., p. 84-8 Ba5. Jeanzal, Le milieu and co. Confidences dâun journaliste, Paris, HermĂ©, 1990, p. 83. 10 Lâune est administrative et lâautre mĂ©diatique. Sur les types dâenquĂȘte et lâextension, notamment mĂ©diatique, de ce mode dâĂ©lucidation du monde social, Dominique Kalifa, EnquĂȘte et culture de lâenquĂȘte au xixesiĂšcle », Romantisme, 149, 2010/3, p. 6 et 20 notamment. 11 Sur la force des liens interpersonnels empiriques Ă©tablis entre des membres de chaque corporation, J. â L. Loubet del Bayle, M. â H. Cubayles, La police et la presse... », art. citĂ©, p. 162. 12 Pour le cas marseillais, je renvoie Ă ma thĂšse, Marseille, capitale du crime. Histoire croisĂ©e de lâimaginaire de Marseille et de la criminalitĂ© organisĂ©e 1820-1940, universitĂ© Paris 10-Nanterre, 2008, chapitre V, Lâastuce et la violence ». 13 Dominique Kalifa, EnquĂȘte judiciaire, littĂ©rature et imaginaire social au xixesiĂšcle », dans J. â C. Farcy, D. Kalifa, J . â N. Luc dir.. LâenquĂȘte judiciaire en Europe au xixe siĂšcle, Paris, CrĂ©aphis, 2007, p. 241. 14 Ibid., p. 250. Jean-Marc BerliĂšre, Images de policiers en France deux siĂšcles de fantasmes » dans jahrbuch fĂŒr EuropaĂŻsche Verwaltungsgeschichte Annuaire dâhistoire administrative europĂ©enne, 6, 1994, Images de lâadministration. MĂ©moires, caricatures, romans, architecture », p. 125-148. PubliĂ© en ligne sur § 38. 15 Sur lâĂ©troite relation entre dĂ©fense des intĂ©rĂȘts policiers et reprĂ©sentations des milieux criminels, Jens JĂ€ger, Vervolgung durch Verwaltung. Internationales Verbrechen und internationale Polizeikooperation 1880-1933, Constance, UniversitĂ€tsverlag Konstanz, 2006, notamment p. 168. 16 La crise de la rubrique des faits divers est alors gĂ©nĂ©rale. Le Petit Marseillais se recentre aussi sur les affaires les plus spectaculaires. Marine MâSili, Le fait divers en RĂ©publique histoire sociale de 1870 Ă nos jours, Paris, CNRS Ăditions, 2000, p. 198-201. Sur le succĂšs du grand reportage, Myriam Boucharenc, LâĂ©crivain-reporter au cĆur des annĂ©es trente, Villeneuve-dâAscq, Presses universitaires du Septentrion, 2004. 17 Ainsi de Maucuer, dans le rapport dressĂ© par le commissaire Guibal en personne, chef de la 9e brigade de police mobile, le 21 novembre 1932, AD13, 208 U 3/181. 18 Le 6 mai 1932, lâagent Drillet Ă©crit Maucuer Ă©tait chef de bande de pilleurs de trains. Repris de justice trĂšs dangereux, il ne vivait que du produit des vols. Sa conduite, sa moralitĂ© et ses frĂ©quentations Ă©taient trĂšs mauvaises », AD 13, 208 U 3/181. La dangerositĂ© est aussi invoquĂ©e dans DĂ©tective. Ainsi pour la bande Griffaut Ce sont tous de dangereux repris de justice », Ă©crit Paul Bringuier, dans lâĂ©dition du 29 novembre 1928. 19 Il faudrait faire lâhistoire de ce terme, probablement issu du lexique anglo-saxon. Ă notre avis, Mela doit ĂȘtre cataloguĂ© comme lâennemi public n° 1 », rapport sur Auguste Mela par les inspecteurs de police mobile Nicoli, Marois et Sebeille, le 14 avril 1939, AD 13, 23 J 1. 20 Membres de lâattaque du train de lâor. Pour Jean Rossi Assez subtil, connu pour respecter la loi du silence, il ne manque pas dâintelligence et dans le milieu son habiletĂ© Ă ĂȘtre "passĂ© au traversâ en maintes circonstances lui donnait une classe apprĂ©ciĂ©e par les individus de son espĂšce », rapport de renseignement sur Jean Rossi, le 14 avril 1939, AD 13, 23 J 1. 21 Voir lâĂ©ditorial du 4 mai 1939. 22 Ainsi, lorsquâun policier raconte comment Ămile Long, membre de lâattaque du train de lâor, a Ă©chappĂ© Ă la police grĂące Ă la puissance de sa Hotchkiss Je crois bien que celui-lĂ mâa fait un pied-de-nez en sâenfuyant, murmure mon interlocuteur. » Jean Castellano, Ă lâassaut du gang marseillais », DĂ©tective, 20 novembre 1938. 23 Paul Bringuier, Lâattentat de Marseille », DĂ©tective, 29 novembre 1928. 24 Sur la mĂ©moire de Bonnot, Marc Renneville, Notes sur Bonnot », juin 2009, consultĂ© le 9 octobre 2011. La bande de 1928 est dĂ©crite par Jean MoriĂšres Les bandits tragiques de Marseille », DĂ©tective, 5 dĂ©cembre 1929. En couverture du numĂ©ro du 3 mai 1932, relative Ă lâattaque du bureau de poste, on lit De tous cĂŽtĂ©s, dans Marseille, on croit voir les bandits tragiques », F. Dupin, Maucuer le bandit », DĂ©tective, 18 janvier 1934 Jamais peut-ĂȘtre depuis Bonnot, bandits ne montrĂšrent plus de cruautĂ© dans lâexĂ©cution de leur crime, plus dâaudace dans leur fuite. » 25 Paul Bringuier, Lâattentat de Marseille », art. citĂ©. 26 Ainsi, de Falcetti suivant Maucuer dans sa cavale, il est dit Il avait toujours portĂ© une vive admiration Ă cet individu brutal, audacieux, cynique quâĂ©tait Maucuer. Dâun naturel timide, Falcetti avait senti un jour le besoin instinctif de se mettre Ă lâombre de cette force », de cet homme Ă la parole sĂšche et incisive, au regard pĂ©nĂ©trant, Ă la poigne dâacier. » Jean Castellano, Guerre aux bandits ! », DĂ©tective, 3 mai 1932. 27 Le journal se fait par exemple lâĂ©cho des revendications policiĂšres en termes dâeffectifs. Henri Danjou, Les bas-fonds de Marseille. VI/ Quartier rĂ©servĂ© », DĂ©tective, 26 septembre 1929. 28 Paul Bringuier, Comment furent arrĂȘtĂ©s les bandits de Marseille », DĂ©tective, 6 dĂ©cembre 1928. 29 Henri Danjou, Verdict de nervis, verdict de jurĂ©s. Les hors-la-loi de Marseille », DĂ©tective, 19 dĂ©cembre 1929. 30 Chasse aux bandits », en couverture de DĂ©tective, 3 mai 1932. 31 Pierre Scize, Gangsters, pas morts », DĂ©tective, 1er fĂ©vrier 1934. 32 Cet angle dâattaque ne se retrouve pas dans la presse locale, notamment le Petit Provençal, plus proche des sources policiĂšres. 33 Jean Castellano, Les bandits de Marseille », DĂ©tective, 4 mars 1937. 34 Id., Renucci le suspect crie "Je suis innocent" », DĂ©tective, 11 mars 1937. 35 Id., Les mystĂšres de Marseille », DĂ©tective, 24 fĂ©vrier 1938. 36 Luc Dornain, Le scandale policier de Marseille », DĂ©tective, 27 octobre 1938. 37 Pour Ă©purer Marseille, Ă©purons la police locale », DĂ©tective, 20 octobre 1938. 38 Il sâagit des numĂ©ros 521 et 526 des 20 octobre et 24 novembre 1938, AD 13, 23 J 1. Archives personnelles du commissaire Mercuri. Cette publication numĂ©rique est issue dâun traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.
Dansl'armée de l'air, un nombre élevé d'avions de transport de troupes ou de chasse sont incapables de voler. Dans l'armée de terre, sur les 350
Forum Cuba SantĂ© et sĂ©curitĂ© Cuba La Havane La Habana Signaler H-Silva Le 01 juillet 2022 Amigas y Amigos bonjour ,J'ai subit une agression caractĂ©risĂ©e et violente Ă la que je marchais ,la nuit , j'ai reçu un coup de baton sur l'occiput partie arriĂ©re du crane ,fort heureusement j'ai pasperdu connaissance, une fois Ă terre j'ai reçu d'autres coups de baton sur la tete , et j'ai vu trois gars armĂ©s de batons et de couteaux,en faite ça ressemblait plus Ă des machettes ,vu leurs dimensions,l'un d'eux m'a donnĂ© un coup de couteaux .Ils m'ont delestĂ© de tout ce que j'avais sur me suis retrouvĂ© Ă l'hopital , aux urgences ,avec mes vetements entachĂ©s de sang et plusieurs sutures ....Et certaines blessures qui ne disparaitront pas police est arrivĂ©e Ă l'hopital pour le dĂ©pot de la plainte, mais çela n'est qu'un protocole ,la police ne vous viendra pas en aide !!!!La femmecubaine d'un ami cubain,Ă Ă©tĂ© victime aussi d'une agresssion Ă la havane,fort heureusement, elle n'a pas subit de violences .Deux laches lui ont mis un couteau sous la gorge,et lui ont demandĂ© de na pas crier,ils sont ensuite partis avec son camĂ©ra a toute enregistrĂ©,la police detient l'enregistrement et cette dame a reconnu l'un des agresseurs,on visualisant la vidĂ©o au commisariat , ill'agresseur vit Ă quelques cuadras rues de chez elle, mais la police n'a eu aucunes rĂ©actions .....Soyez vigilants,et si vous sortez la nuit faites vous accompagner,car ces laches ,ne s'attaquent qu'Ă des personnes choses , n'acheter jamais vos nuitĂ©es d'hotels directement las bas .Un exemple simple Un hotel coute 4800 cuc pesos cubanos et l'euro se negocie entre 110 et 120 vous acheter une nuit d'hotel,sur place, ils vont faire le calcul suivant 4800/25 = 192 eurosSi vous l'acheter en ligne ,le meme hotel Ă la meme date, çela vous reviendra Ă 42 euros !!!Perte 192-42 =150 euros !!!Ne prenez pas de carte LMS,trouvez quelqu'n de confiance pour changer vos euros ,il y Ă tout ce qu'il faut dans la rue pour sortez jamais avec beaucoup d' argent sur vous .Soyez vigilants .Et suivez les conseils de JSDF ,Chavitomaimor ,et de la dame dont je me rappel plus le nom et qui vit Ă CubaVeuillez excuser les fautes d'accent ,une de mes mains ne fontionne pas bien suite Ă la blessure reçue durant l' de l'expĂ©rience 01/07/2022 DĂšs 2800 ⏠AUTOTOURS Roadtrip Cuba historique - 21 jours DĂšs 1590 ⏠VOYAGES SUR MESURE L'essentiel de Cuba en circuit - 9J/8N HĂTELS Besoin d'Ă©vasion ? RĂ©servez votre hĂ©bergement dĂšs Ă prĂ©sent Services voyage Vol Cuba pas cher Location de voiture Cuba SĂ©jours Cuba HĂŽtels Cuba Campings Cuba Petites annonces Cuba Compagnon de voyage Cuba partir Ă Cuba Transport Trouver un billet d'avion Louer une voiture Ă Cuba SĂ©jour RĂ©server un voyage sur mesure RĂ©server avec une agence locale RĂ©server un voyage aventure/trek RĂ©server un autotour RĂ©server un roadtrip RĂ©server un sĂ©jour chez l'habitant HĂ©bergement RĂ©server un hĂŽtel Sur place RĂ©server votre activitĂ© RĂ©server un safari en jeep Ă Varadero Boutique -5% Achetez vos guides livraison gratuite Guide du routard Cuba G'PalĂ©mo Guide de conversation espagnol Nos 1200 coups de cĆur dans le monde Nos 50 grands voyages Ă faire dans sa vie Services Annonces Cuba Comment y aller Routard Assurance Indemnisation problĂšmes aĂ©riens Voir aussi HĂŽtels La Havane La Habana HĂŽtels Trinidad 377 HĂŽtels HĂŽtels La Havane La Habana 171 HĂŽtels HĂŽtels Viñales 135 HĂŽtels HĂŽtels Cienfuegos 51 HĂŽtels HĂŽtels Varadero 30 HĂŽtels HĂŽtels Santiago de Cuba 24 HĂŽtels HĂŽtels Santa Clara 22 HĂŽtels HĂŽtels Baracoa 21 HĂŽtels HĂŽtels Playa Larga 17 HĂŽtels HĂŽtels CamagĂŒey 17 HĂŽtels Voir tous les hĂŽtels La Havane La Habana
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