Comptantparmi les événements les plus tristement célèbres de l’Histoire, les chasses aux sorcières entraînèrent la torture et la mort de milliers de personnes, pour la plupart des femmes. Certains des procès pour sorcellerie les plus célèbres eurent lieu en France au 15 e siècle, en Écosse au 16 e siècle et dans le Massachusetts Les chasses aux sorcières sont de plus en plus présentées dans certains milieux féministes comme une attaque par les hommes contre un féminin sacré », contre des femmes qui auraient eu accès à des pouvoirs de guérison et de compréhension grâce à leur interconnexion avec la nature. Cette lecture essentialiste n’est pourtant pas une lecture des chasses aux sorcières est celle d’un patriarcat qui fit des femmes qui déviaient de la norme un danger. Le patriarcat de la période moderne s’appuie sur les récits mythologiques et historiques, religieux, mais aussi sur des textes philosophiques et médicaux [1]. Les périodes médiévales et modernes reprennent les croyances selon lesquelles les discussions des femmes mènent aux rumeurs et aux insurrections. Le patriarcat se nourrit et alimente ces craintes misogynes, il est impossible d’en connaître l’origine exacte et de savoir si cette crainte a existé avant le contrôle des femmes. C’est cet ordre patriarcal qui va créer la figure de la sorcière, la misogynie des chasses aux sorcières étant à rapprocher, sous de multiples aspects, du racisme. Une histoire misogyne Les premiers procès de sorcières ont eu lieu entre 1324 et 1325 à Kilkenny en Irlande. Ce que nous pouvons appeler chasse aux sorcières débute vers 1420 en Suisse. L’apogée se situant entre 1560 et 1580 et se perpétuant jusqu’au XVIIe siècle où ont lieu les derniers procès et condamnations pour sorcellerie. La sorcière est généralement décrite comme défectueuse, idiote, lascive, manipulatrice, ivrogne, gloutonne, etc [2]. À ces mythes, les sciences et la philosophie vont apporter des raisons supplémentaires pour se méfier des femmes. Ils suivent notamment Aristote [3] qui décrit le sexe féminin comme un mâle manqué » conjuguant l’imbécilité » faiblesse mentale et la débilité » faiblesse physique [4]. Les femmes sont perçues comme des erreurs nécessaires d’une Nature [5] qui ne viserait qu’à faire des garçons, les filles étant des êtres ratés d’essence monstrueuse, hors norme mais indispensable pour la reproduction [6].C’est ce que reprend Le Marteau des sorcières ou Malleus Maleficarum qui affirme que les femmes, à cause de leur faiblesse et infériorité intellectuelle, sont prédisposées à être tentées par le diable [7]. La publication de ce livre 1486-87 accélérera la chasse aux sorcières. Il était inquiétant qu’une femme ne soit pas sous le contrôle d’un homme, les veuves, les prostituées, les mères seules étaient craintes. Leur situation les poussait souvent à la marginalité qui elle aussi conduisait au procès en sorcellerie. Francisco de Goya, La Conjuration Les Sorcières, 1797-1798, huile sur toile, Lázaro Galdiano Foundation, Madrid. On y accuse les femmes d’être des incubes, œuvrant à la destruction de la chrétienté pour permettre l’avènement sur terre du royaume de Satan qu’elles invoquent lors des sabbats. La diablerie féminine se trouve dans son aptitude à charmer les hommes et donc à prendre le contrôle sur les hommes telle des Salomé ou des succubes. Si un avocat défendait trop une femme accusée de sorcellerie, cela pouvait vouloir dire qu’il avait été ensorcelé. En 1420, lors du premier bûcher des vanités », on jette au feu les effets personnels jugés comme objets poussant au péché, à la vanité. Parmi ceux-ci miroirs, cosmétiques, robes, bijoux, instruments de musique mais aussi des livres considérés comme immoraux. Si les accessoires de beauté peuvent conduire à être condamnée pour sorcellerie, la laideur aussi, car perçue comme potentiellement maléfique. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de femmes âgées, jugées laides et donc déchues de leur féminité sont condamnées au bûcher. Leur laideur est assimilée aux traits du diable et à la mort [8]. Lorsque les femmes étaient dénoncées, elles étaient intégralement rasées à l’aide d’un fer rouge afin de chercher sur leurs corps des marques du diable » cicatrices, tâches sur la peau, pattes de crapaud au blanc de l’œil », zones insensibles, une trop grande maigreur… Chaque bosse, grain de beauté, imperfection pouvait servir à prouver la culpabilité lors des procès en sorcellerie. Entre les XIIIe et XIVe siècle, les femmes ont été catégorisées, triées, notamment par des prédicateurs et moralistes. On sépare les religieuses des laïques et, au sein des laïques, les femmes mariées, les veuves, les vierges et les petites filles. Les veuves sont perçues comme les plus scandaleuses, accusées d’être des entremetteuses ou des sorcières qui auraient empoisonné leur époux [9]. Il était inquiétant qu’une femme ne soit pas sous le contrôle d’un homme ; les veuves, les prostituées, les mères seules étaient craintes. Leur situation les poussait souvent à la marginalité qui elle aussi conduisait au procès en sorcellerie. On accuse juifs et sorcières de meurtres rituels d’enfants chrétiens. Ce qui aurait notamment lieu lors des sabbats, c’est-à-dire des messes noires, ce mot faisant référence directement au shâbbath juif jour du repos qui doit être consacré à la prière. Salvator Rosa, Sabbat de sorcières, 1635-54, huile sur toile, Museum of fine Arts, Houston. Une autre preuve de la diablerie se situe dans la déraison, que l’on interroge spirituellement et médicalement pendant toute la période. L’une des croyances étit que l’utérus est un démon qui se déplace dans le corps des femmes, leur faisant perdre le contrôle, c’est-à-dire les rendant hystériques. L’hystérie caractérisant aussi bien la folie que la colère féminine, l’hystérique est celle qui ne respecte pas les règles de bienséance auxquelles doivent se soumettre les femmes. Ces règles étant en partie dictées par la religion, toute femme qui sort du rang, s’éloigne du rôle que lui aurait donné Dieu ne peut donc être qu’une diablesse. Belles, laides, seules ou folles toutes sorcières Le caractère systémique de la chasse aux sorcières est démontré par sa proximité avec les persécutions que subissent les personnes juives sur la même période. Les sorcières, comme les juifs et juives sont perçues comme la source de nombre de malheurs humains et de la perte de leur piété. Nous pouvons faire remonter l’antijudaïsme à l’expansion du christianisme des Ve et VIe siècles. Dès lors l’Eglise met en place une ségrégation interdisant notamment aux juives et juifs de manger avec des clercs, de se mêler aux chrétiennes et chrétiens lors de la Pâque, les mariages mixtes », les funérailles qui suivent le rite, etc. Puis au VIIe siècle viennent les conversions forcées pratiquer des rites juifs peut être puni de mort. C’est lors des premières croisades que l’on va lier la figure du juif avec celle du diable, et qu’auront lieu les premiers massacres de personnes juives, notamment dans les villes de Spire, Worms, Mayence, Cologne et Metz. Tout ceci conduit, aux XIVe et XVe siècles, à les accuser d’empoisonner les puits, de répandre la peste pour tuer les chrétiens. La chasse aux sorcières et les persécutions antijudaïques sont alimentées par la peur des épidémies de peste. Aujourd’hui on pense que l’épidémie de peste a été amplifiée par la chasse aux sorcières, notamment parce qu’elle s’est accompagnée d’un massacre de chats, symbolisant les faiblesses humaines et notamment féminines. Cela aurait participé à la prolifération de rats, et donc à l’accélération de l’épidémie justifiant les bûchers pour sorcellerie et hérésies. Juifs allemands du XIIIe siècle. Le caractère systémique de la chasse aux sorcières est démontré par sa proximité avec les persécutions que subissent les personnes juives sur la même période. De même, on accuse juifs et sorcières de meurtres rituels d’enfants chrétiens. Ce qui aurait notamment lieu lors des sabbats, c’est-à-dire des messes noires, ce mot faisant référence directement au shâbbath jour du repos qui doit être consacré à la prière. On avait déjà reproché à plusieurs hérésies [10] de faire des sabbats, mais c’est en 1438 qu’on trouve la première occurrence le rapprochant d’un rassemblement de sorciers [11]. L’Inquisition fait le lien direct entre le sabbat des sorcières et le shâbbath juif [12]. Les inquisitions concernaient alors toutes les personnes considérées comme déviantes par l’Église, c’est-à-dire les mystiques, les sorcieres, les homosexuels, les adultères, etc. On retrouve les mêmes procédés infâmants pour persécuter les juifs et les femmes. Pour prouver le caractère maléfique des hommes juifs, on va accuser ces derniers d’être en partie des femmes [13]. On les représente avec des corps féminins, des cornes, des mamelles, en train d’allaiter... On les accuse d’avoir, comme les femmes, des règles qui seraient le sang du Christ qui, rappelons-le, aurait été tué par le peuple juif. Racisme et patriarcat fonctionnent ensemble en se nourrissant mutuellement. Racisme et sexisme Les représentations traditionnelles rapprochent encore les personnes juives surtout les hommes [14] et les sorcières nez longs et crochus, longs doigts fins et calleux, voire crochus et griffus. Mais le vêtement des sorcières est lui aussi le reflet des croisements racistes et du sexistes, le chapeau noir pointu accompagné du vêtement noir des sorcières est initialement un habit traditionnel juif allemand. On se sert alors des accusations contre les femmes pour pourchasser et envoyer au bûcher des personnes juives et des accusations contre les juifs pour pourchasser et brûler des femmes. Les sorcières n’ont donc jamais été des femmes avec des pouvoirs magiques, et les procès en sorcellerie n’ont pas été des procès contre des femmes pratiquant la médecine par les plantes ou en lien spécifique avec la terre mère. Ces femmes ont été pourchassées et tuées car elles étaient des femmes, tout comme les personnes juives de la même période le furent pour des motifs racistes, racisme et patriarcat s’interpénétrant pour créer des discriminations. Les chasses aux sorcières sont le produit d’un discours misogyne et classiste puisqu’il visait en grande majorité les femmes pauvres. C’était un outil de contrôle qui avait pour but de maintenir les femmes dans la peur. D’ailleurs, lors du mouvement des enclosures, qui eut notamment lieu en Angleterre entre les XIIe et XVIe siècles, les femmes furent accusées de sorcellerie et brûlaient sur le bûcher parce qu’elles opposaient une forte résistance à ce mouvement qui transformait des terres jusque-là collectives en propriété privée, supprimait le droit d’usage [15] et transformait des terres agricoles à destination humaine en pâturages, favorisant l’avènement de riches propriétaires fonciers. Les rébellions des femmes qui se dressèrent contre cela furent alors éradiquées en accusant ces dernières d’être sorcières. Sarah UCL Bordeaux IlA Initié La Chasse Aux Sorcières Aux Usa Solution. Réponses mises à jour et vérifiées pour le niveau CodyCross Arts Culinaires Groupe 130. Solution. Il a initié la chasse aux sorcières aux USA Solution . M C C A R T H Y. Homme Aimant Jouer Des Tours. 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Les Heures d'Orgue de l'été 2022 Musique classique, Musique, ConcertBesançon 25000Le 28/08/2022Les Heures d'Orgue de l'été 2022. Les Amis de l'Orgue de Besançon organisent les Heures d'Orgue de l'été 2022. En partenariat avec la Cathédrale Saint-Jean de Besançon, sept concerts d'orgue seront organisés les 17, 24, 31 juillet ainsi que les 7, 14, 21 et 28 août à 16h30. On entendra l'orgue historique Riepp-Kern dont la construction remonte à 1764 et le grand-orgue Gonzalez inauguré en 1987. Participation libre Le dimanche 17 juillet, concert Jean Mislin. Oeuvres de Buxtehude, Bach, Haendel, Lefébure-Wély, Dubois et Widor. Le dimanche 24 juillet, concert Charles Metzger. Oeuvres de Boyvin, Pachelbel, Balbastre, Froberger, Czerny, Mozart, Lefébure-Wély, Vierne, Wesley et Boëly. Le dimanche 31 juillet, concert des lauréats du CRR classe de Pierre-Yves Fleury. Oeuvres de Bach, Couperin, Buxtehude, Mendelssohn, Duruflé et Escaich. Orgue Riepp-Kern Barthélemy Petrocelli ; orgue Gonzalez Arnaud Carpentier. Le dimanche 7 août, concert Laurent Agazzi. Oeuvres de Boehm, Marchand, Bach, et Lefébure-Wély. Le dimanche 14 août, concert Jean Bourgeois. Oeuvres de Corrette, Bach, Walther et Pachelbel. Le dimanche 21 août, œuvres de Titelouze, Bach, Buxtehude, Widor et Guilmant.[...]
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La chasse aux sorcières Cette tuerie à réellement débuté au XVIè siècle et a atteint son sommet en France comme dans les Pays-Bas espagnols entre 1560 et 1630, et elle ne s'est éteinte que lentement dans certaines provinces. L'impulsion qui la déclencha vint du haut les élites culturelles et sociales définirent la sorcellerie comme étant le pire péché que l'on puisse commettre et ils instaurèrent une procédure visant à éliminer les sorciers, et plus précisément, les sorcières puisqu'on brûlait 3 ou 4 femmes pour 1 homme. Ces persécutions durèrent des décennies et furent responsables de centaines de morts. Les chasseurs de sorcières étaient des hommes qui parcouraient des provinces entières pour trouver et condamner les sorcières qui "persécutaient et torturaient" les gens de leur village. Ils utilisaient plusieurs outils et armes pour faire avouer leur crime aux "pêcheuses"car comme je le mentionnais plus haut, faire de la sorcellerie était le pire péché qu'une personne pouvait commettre en ces temps, bien entendu. Ils utilisaient, par exemple, des masques de fer ou des haricots mortels excusez- moi mais j'en ris encore tellement stupide et ignorant! qu'ils faisaient ingurgiter aux accusées et s'il elles mourraient, elles n'étaient pas de vraies sorcières et elles étaient innocentées, s'il elles les vomissaient, elles étaient coupables et condamnées au bûcher ou à la pendaison ou toute autres manières pour les tuer... vous voyez le genre. Aussi, pour faire avouer aux condamnées leur liaison avec le Diable, les chasseurs de sorcières ils liaient leurs poings dans leur dos et les jetaient dans une rivière. Si l' accusées remontait à la surface, elle était coupable et si elle coulait elle était innocente. Il n'y avait aucun échappatoire dans tout ceci car même si la "sorcière" niait son pacte avec le Diable, avec les moyens de torture appliqués, elle n'avait aucune chance de s'en sortir. Certain utilisaient la technique qui consistait à mettre de l'huile bouillante dans les chaussures des accusées, ou encore de les faire s' assoir sur une chasse hérissée de pointes de fer. Vous- voyez, les chasseurs de sorcières étaient sans pitié pour les prétendues sorcières. Certaines l'étaient peut-être, mais si on évalue le nombre de victimes environ un million par rapport à la population à cette époque entre 85 et 90 millions, c'est un nombre très gros et qui constitue environ 1% de la population! Vous allez me dire que 1% ce n'est rien, mais rappelez- vous qu'à cette époque il y avait à peu près 67 fois moins de gens sur la terre qu'aujourd'hui. Donc les proportions sont énormes. Mais néanmoins, 1 million reste un gros nombre de victimes de nos jours. D'ailleurs, une victime est une victime de trop, comme dirait mon père. Bilan historique 1520- Les procès de sorcellerie passent aux tribunaux civils. 1580- Répression de la sorcellerie rurale jusqu'en 1640 . 1609- Pierre de Lancre, conseiller du roi Henri IV à Bordeaux, descend au pays Basque. A st jean de luz , St Pee/Nivelle, Urrugne, il juge et envoie au bûcher 600 personnes. Le 1er août 1609 à Urrugne il juge 500 personnes, le 2 août 80 passent au bûcher. 1613- Nombreux supplices par le feu, pour la sorcellerie à Ruremonde Pays-Bas espagnols. 1631- 1er Traité contre les abus des procès en sorcellerie. 1632- Affaire des Possédées de Loudun jusqu'en 1634. 1634- Procès et supplice le 18/08 d'Urbain Grandier, curé de Loudun, pour sorcellerie. 1640- Le Parlement de Paris "évoque" auprès de lui toutes les causes de sorcellerie apparaissant dans son ressort. 1670- Louis XIV interdit les procès pour sorcellerie. 1672- Procès des 34 sorciers de Carenton. 1679- Procès et supplice des 4 "sorcières" de Bouvignies, en Flandre. 1682- Edit sur la justice en France Juillet la sorcellerie, assimilée à l'illusionnisme et à l'escroquerie, n'est plus un crime, mais un délit. 1692- Procès et pendaison des 20 sorcières de Salem. 1712- Dernière exécution pour sorcellerie en Angleterre.
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La Chasse aux Sorcières n’est le fait ni du Moyen-Âge, ni de l’Église, ni des hommes. On estime à plusieurs dizaines de milliers les femmes victimes de l’horreur que fut la chasse aux sorcières. Le chiffre est habituellement fixé à 60 000. La sorcière de l’imaginaire collectif balais, chat noir, nez crochu et chapeau pointu ! Dans l’imaginaire collectif, trois accusés pourtant bien peu coupables font face aux plus violentes récriminations le Moyen-Âge, l’Église et les hommes. Ils ne sont certes pas innocents, mais leur rôle dans la chasse aux sorcières n’est pas aussi prépondérant qu’on le pense. Pire, ces accusations maladroites masquent la culpabilité écrasante d’autres acteurs, qui, bien contents de cette erreur fréquente, échappent scandaleusement à la justice de l’Histoire. Nous analyserons donc le rôle de ces trois accusés dans le but, sinon de les innocenter, au mois de leur obtenir un aménagement de peine. Le Moyen-Âge Il est vrai que les premiers cas de procès en sorcellerie apparaissent en Europe vers les années 1400, ce qui est plutôt considéré comme la fin du Moyen-Âge pour la majeure partie de l’Europe. Notre accusé ne sortira donc peut-être pas libre du tribunal, mais il est nécessaire de condamner bien plus fermement encore son complice la Renaissance. C’est en effet au XVIe siècle que la chasse aux sorcières devient réellement un phénomène massif. Les cas explosent partout en Europe, les procès se multiplient, des villages entiers sont saisis de fureur meurtrière et massacrent sans sommation des femmes innocentes. La Renaissance fut infiniment plus impitoyable et fut responsable de la grande majorité des victimes. Cela se poursuivit d’ailleurs jusqu’au XVIIe siècle. L’Église Passons à notre deuxième accusé. Comme pour le Moyen-Âge, il faut d’abord reconnaître que l’Église est loin d’être innocente. Elle a produit des textes condamnant violemment la sorcellerie, comme la bulle Vox In Rama du Pape Grégoire IX – produite d’ailleurs au Moyen-Âge – dont beaucoup ont pu s’inspirer lors de la chasse aux sorcières. Elle a également soutenu les inquisiteurs dans leur traque. Mais les procès en sorcellerie qui aboutissaient sur la condamnation à mort de l’accusée étaient instruits par des juges laïcs. Ils ne répondaient ni au Pape ni aux curés, leurs sentences n’étaient guidées que par leurs propres superstitions. Ces dernières pouvaient se référer à des bulles papales comme celle de Grégoire IX, mais également s’éloigner du dogme chrétien et faire appel à de vieilles croyances mêlant paganisme et christianisme, ce qui arrivait plus souvent qu’on ne le pense. Représentation d’un village De nombreuses femmes étaient mises à mort sans même subir de procès des villages cédaient soudainement à la panique, soupçonnant la présence d’une sorcière parmi eux et craignant que le malheur ne s’abatte sur leur communauté, et des foules meurtrières se formaient pour exécuter les malheureuses. Là encore, ces phénomènes se produisaient indépendamment de l’Église. L’autorité pontificale romaine a même parfois tenté d’enrayer le phénomène lorsqu’il prenait trop d’ampleur. Le célèbre inquisiteur dominicain Heinrich Kramer, particulièrement impliqué dans la chasse aux sorcières, fut d’abord soutenu par le Pape. Mais lorsqu’il coécrit son terrible ouvrage de lutte contre la sorcellerie qui se répandit dans toute l’Europe, le funeste Malleus Maleficarum, le clergé catholique le condamna. Il est également attesté que les papes Clément VII puis Clément VIII sont intervenus en faveurs de personnes accusées de sorcellerie, femmes comme hommes. Les hommes Abordons enfin une erreur bien plus récente, qui s’est introduite depuis peu dans les esprits à la faveur d’un courant nouveau qui interprète chaque injustice comme une opposition manichéenne entre hommes et femmes. En effet, si les hommes se sont impliqués de manière écrasante dans la chasse aux sorcières, en occupant les positions déterminantes comme celles de juge et d’inquisiteur, le phénomène n’est en aucune façon une lutte hommes-femmes. Comme nous l’avons vu, des villages entiers se dressaient contre les supposées sorcières. Or le lecteur devinera aisément qu’un village n’est pas composé uniquement d’hommes. Les femmes participaient activement aux lynchages, et n’étaient pas moins sujettes que les hommes aux superstitions obscurantistes qui les poussaient au crime. Lorsqu’il y avait un procès, elles exigeaient elles-mêmes du juge la plus grande sévérité contre les accusées. Les victimes n’étaient donc pas choisies uniquement pour leur sexe, mais aussi et surtout car elles étaient marginalisées, avaient un mode de vie incompris ou des déformations physiques. Il a d’ailleurs été établi qu’environ 20% des victimes de la chasse aux sorcières furent des hommes. Ils étaient, comme les femmes, les boucs émissaires d’une population qui les méprisait pour leurs excentricités. La chasse aux sorcières ne fut donc pas une opposition hommes-femmes, mais une opposition société-marginaux. Les œuvres de fictions se plaisent à représenter des foules d’hommes enragés, hurlant et bavant, mettre à mort une femme. Ces représentations sont historiquement mensongères. Le souci d’exactitude aurait exigé que ces foules soient composées autant d’hommes que de femmes, toutes aussi enragées que leurs camarades masculins. En ne désignant que les hommes, on masque volontairement la responsabilité de la société entière pour ne pas voir sa terrible capacité à se transformer, sous l’effet de la peur et de la superstition, en gigantesque assassin. Le juge n’a plus qu’à rendre son verdict. Espérons que la Renaissance, les instances laïques et la société superstitieuse n’ échapperont cette fois pas à la juste condamnation qu’ils méritent. Pour aller plus loin dans la réflexion sur la chasse aux sorcières, n’hésitez pas à regarder les vidéos que je vous mets ci-contre, et à me faire part de vos commentaires sur cette partie de l’Histoire en-dessous de cet article ! Et nous vous raconterons une prochaine fois l’histoire de la chasse aux sorcières menée par l’Inquisition en 3ème Aube ! Bien sûr, l’équipe du Projet CarTylion tient à préciser une chose importante que vous soyez sorcière, druidesse, chevalière, ou simple paysanne, vous êtes toutes les bienvenues dans notre communauté ! 😍❤
Cest Jacques VI d'Écosse, devenu Jacques I er d'Angleterre et d'Irlande, qui a initié la chasse aux sorcières. Il pensait qu'elles complotaient contre son épouse danoise et qu'elles s
Réveillez-vous ! 2014 g 5/14 p. 12-13 IL Y A plusieurs siècles, en Europe, la peur des forces du mal a déclenché des chasses aux sorcières et des exécutions. Elles ont eu lieu principalement en France, en Allemagne, dans le nord de l’Italie, en Suisse et dans la région qui couvre aujourd’hui la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Des dizaines de milliers de personne en Europe et dans les colonies européennes* sont mortes » et des millions d’autres ont connu la torture, des arrestations, des interrogatoires, la haine, le sentiment de culpabilité ou la peur », déclare le livre La chasse aux sorcières dans le monde occidental angl.. Comment cette paranoïa a-​t-​elle commencé ? Qu’est-​ce qui l’a alimentée ? L’Inquisition et Le Marteau des sorcières L’Inquisition a joué un grand rôle dans cette histoire. Elle a été mise en place par l’Église catholique au XIIIe siècle pour convertir les apostats et empêcher les autres de déserter », explique le livre Der Hexenwahn La hantise des sorcières. L’Inquisition fonctionnait comme une police au service de l’Église. Le 5 décembre 1484, le pape Innocent VIII fait paraître une bulle, ou lettre, condamnant la sorcellerie. De plus, il autorise deux inquisiteurs, Jacques Sprenger et Henry Institoris Kraemer à s’attaquer au problème. Les deux hommes publient un livre intitulé Malleus Maleficarum Le Marteau des sorcières. Catholiques et protestants l’accepteront par la suite comme faisant autorité dans la lutte contre la sorcellerie. Le livre contenait des histoires imaginaires tirées du folklore. Il présentait des arguments théologiques et juridiques contre la sorcellerie, et fournissait des directives pour repérer et éliminer les sorcières. Le Marteau des sorcières a été décrit comme le livre le plus féroce [...], le plus nuisible de toute l’histoire de la littérature ». Le Marteau des sorcières a été décrit comme le livre le plus féroce [...], le plus nuisible de toute l’histoire de la littérature ». On pouvait accuser quelqu’un de sorcellerie sans aucune preuve. Le livre Hexen und Hexenprozesse Sorcières et procès en sorcellerie rapporte que les procès avaient pour seul but d’obtenir les aveux de l’accusé, par la persuasion, la pression ou la force ». La torture était courante. Le Marteau des sorcières et la bulle du pape Innocent VIII ont déclenché de vastes chasses aux sorcières en Europe. Cette folie a bénéficié de l’apparition de l’imprimerie, qui a favorisé sa propagation même jusqu’en Amérique. Sur qui portaient les soupçons ? Dans presque 80 % des cas, il s’agissait de femmes, en particulier des veuves, qui n’avaient souvent personne pour les défendre. Parmi les victimes se trouvaient des pauvres, des personnes âgées et des femmes qui prescrivaient des remèdes à base de plantes, surtout quand ils n’étaient pas efficaces. Cela dit, personne n’était vraiment à l’abri, riches ou pauvres, hommes ou femmes, gens importants ou gens ordinaires. Les supposées sorcières étaient accusées de tous les maux. On prétendait qu’elles provoquaient le gel et des invasions d’escargots ou de chenilles pour détruire les semences et les fruits de la terre », explique la revue allemande Damals. Si la grêle ravageait une récolte, si une vache ne produisait pas de lait, si un homme était impuissant ou une femme stérile, c’était sans aucun doute la faute des sorcières ! Les suspectes étaient pesées parce qu’on pensait que les sorcières ne pesaient rien ou presque. À quoi reconnaissait-​on une sorcière » ? Certaines suspectes étaient plongées pieds et poings liés dans une eau glacée bénite ». Si elles coulaient, elles étaient déclarées innocentes et on les sortait de l’eau. Si elles flottaient, elles étaient exécutées sur le champ ou livrées au tribunal. D’autres suspectes étaient pesées parce qu’on pensait que les sorcières ne pesaient rien ou presque. Une autre épreuve consistait à chercher la marque du Diable », un signe physique laissé par le Diable montrant qu’il avait conclu un pacte avec la sorcière », indique La chasse aux sorcières dans le monde occidental. Pour chercher cette marque, on rasait complètement l’accusée puis on examinait chaque coin et recoin de son corps », le tout en public ! On piquait ensuite avec une aiguille chaque marque qu’on trouvait — taches de naissance, verrues, cicatrices, etc. Si la piqûre ne provoquait ni douleur ni saignement, on en déduisait que c’était une marque de Satan. Des dirigeants aussi bien catholiques que protestants ont encouragé les chasses aux sorcières, et dans certaines régions les protestants étaient encore plus durs que leurs homologues catholiques. Avec le temps cependant, la raison a repris le dessus. Prenons l’exemple de Friedrich Spee, un prêtre jésuite qui avait accompagné jusqu’au bûcher de nombreuses personnes accusées de sorcellerie pour qu’elles soient brûlées vives. En 1631, il a écrit que de son point de vue aucune n’était coupable. Et si les choses continuaient à ce rythme, a-​t-​il prévenu, l’Allemagne serait bientôt vidée de ses habitants ! Dans le même temps, des médecins ont commencé à comprendre que des phénomènes comme les convulsions pouvaient être le signe d’un problème de santé, et non d’une possession démoniaque. Au XVIIe siècle, le nombre de procès a brusquement baissé, et vers la fin du siècle, il n’y en avait presque plus. Que nous enseigne cette époque sombre ? Notamment ceci Quand de soi-disant chrétiens se mettent à remplacer les enseignements purs de Jésus Christ par des mensonges religieux et des superstitions, la porte est ouverte aux pires atrocités. La Bible avait prédit que de tels comportements jetteraient le déshonneur sur le vrai christianisme On parlera en mal de la voie de la vérité » 2 Pierre 21, 2. REPORTAGE- La bataille de Bangkok n'est peut-être pas terminée. Entre mars et mai, les "chemises rouges" avaient occupé le centre économique de la ville dan L’horreur de la chasse aux sorcières s’exporte en AmériqueLes procès pour sorcellerie à Salem représentent la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire de l’Amérique du Nord. Pratique courante en Europe, notamment poussée par l’Inquisition, il n’avait pas encore été fait mention d’une telle pratique dans les colonies nord-américaines. Les procès des sorcières de Salem se déroulent entre février 1692 et mai 1693 dans la colonie du Massachusetts, alors regroupée dans les Treize colonies anglaises. Cet événement provoque l’arrestation de plusieurs centaines de personnes, majoritairement des femmes. Elles sont le bouc émissaire des croyances liées à la sorcellerie, et elles seront nombreuses à subir l’arbitraire des croyances religieuses de l’époque moderne, notamment la contexte des procès de SalemLa situation dans les Treize colonies est complexe, les hommes et femmes subissent de nombreuses attaques des Autochtones américains, sans pour autant être aidés par la lointaine métropole, l’Angleterre. Les récits des survivants des attaques, la peur de la torture et l’assimilation des Amérindiens aux démons provoquent une psychose des populations. En parallèle, le clergé décline dans les colonies, avec une classe marchante toujours plus riche et puissante. La communauté puritaine rechigne à perdre son pouvoir, dès lors elle s’applique à contrôler avec force les populations plus situation est critique et provoque un sentiment d’insécurité pour l’ensemble des colons. Ils semblent être à la recherche d’un bouc émissaire, pour expier leur mal-être. Dans tous les cas, ce n’est pas un contexte aisé et encore complètement compris par les historiens. En ce sens, les historiens évoquent également une hallucination généralisée de la population à cause de l’ergot de seigle, un champignon qui provoque des hallucinations semblables au LSD. Vidéo de Poisson Fécond sur les procès pour sorcellerie à dans ce contexte tout particulier, quelques jeunes filles comme Abigail Williams, Ann Putnam et Betty Parris, accusent des jeunes gens de les avoir envoûtées. Ceux-ci étant accusés d’être des alliés de Satan. Les accusations sont rapidement prises au sérieux. En effet, aucun gouvernement légitime n’officie dans cette région. La situation avec les Amérindiens pousse les habitants à régler rapidement les affaires publiques. En l’espace de quelques mois, la situation s’envenime de Rowley à Beverly, en passant par Boston. Ainsi, en 1692 à Salem Village aujourd’hui Danvers dans le Massachusetts l’horreur des procès pour sorcellerie des actes supposés de sorcellerieLa fille du révérant Samuel Parris, Betty et sa nièce Abigail Williams se réunissent régulièrement à partir de l’année 1691 pour jouer à des jeux de divination. Elles sollicitent l’aide de Tituba, l’esclave barbadienne du révérant pour apprendre à lire l’avenir. Durant l’une de leur partie de divination, une des filles explique avoir eu une vision, ainsi que des angoisses et une paralysie de la la suite, elles agissent d’une curieuse manière elles parlent une langue inconnue, se cachent, traînent des pieds en marchant, sont sujettes à des convulsions et des hallucinations. Ce comportement intrigue et s’apparente à un sortilège ou à de la sorcellerie. Quand elles comprennent qu’elles vont à l’encontre des principes du christianisme, elles s’inquiètent et se mettent à accuser Sarah Good, Sarah Osborne et l’esclave du révérant Tituba. Les deux femmes sont mal considérées dans la commune et rapidement accusée pour sont emprisonnées à partir du 1er mars 1692 pour sorcellerie. Malgré tout, les petites filles sont toujours sujettes à des crises. Elles se mettent à accuser d’autres personnes de la communauté. Ces accusations ne sont pas faites au hasard. La majorité des accusations de sorcellerie touche des personnes provenant de la ville portuaire qui est Salem, bien plus riche que Salem Village. Les accusations touchent également des familles qui ont été en conflit avec les il n’y a aucun officier du gouvernement pour initier un procès légal. Ce n’est qu’à l’arrivée de William Phips à la fin mai 1692 que les trois femmes peuvent être jugées. Sarah Osborne est déjà morte, Tituba affirme être une sorcière et Sarah Good se confesse auprès du pasteur de la sorte You are a liar. I am no more a Witch than you are a Wizard, and if you take away my life, God will give you blood to drink » Vous êtes un menteur. Je ne suis pas plus une Sorcière que vous n’êtes un Sorcier, et si vous me tuez, Dieu vous donnera du sang à boire.Nancy F. Cott, No small courage. A History of Women in the United States, Oxford, Oxford University Press, 2000, nuée de condamnation pour sorcellerieDurant l’été, une session a lieu une fois par mois. Une seule accusée est relâchée après que les petites filles se soient rétractées, les autres étant condamnées à mort. Pour éviter ce jugement expéditif, il faut dénoncer quelqu’un d’ were better that ten suspected witches should escape, than that the innocent person should be condemned Il apparaît préférable que dix sorcières suspectées puissent s’échapper, plutôt qu’une personne innocente soit condamnéeIncrease Mather, Cases of Conscience Concerning Evil Spirits Cas de conscience concernant les esprits maléfiques le 3 octobre 1692. Cet appel du clergé a permis de réduire les condamnations et cette chasse aux procès destructeur pour SalemAu total, il y eut entre 150 et 300 accusations de sorcellerie, qui n’ont pas toujours provoqué l’emprisonnement. Sur dix-neuf personnes exécutées, quinze étaient des procès des sorcières de Salem ont provoqué un fort ralentissement de l’économie et des activités de la région. Les bêtes n’étaient plus soignées, les récoltes ont été laissées à l’abandon. Des accusés ont pris la fuite vers New York ou au-delà pour échapper à l’arrestation. Cette affaire a été si importante qu’elle a provoqué une diminution du pouvoir de la foi puritaine sur le gouvernement de la Nouvelle Angleterre. Unesanction qui révèle les oppositions au sein de la société israélienne, menace la liberté d'expression et soulève des accusations de chasse aux En Europe, la chasse aux sorcières connaît son paroxysme de 1560-1580 à 1620-1630, pour se terminer vers 1680. On parle de 100'000 procès, avec 70 à 80'000 exécutions pour lesquelles 70% des condamnées sont des femmes. Puisque la sorcellerie est issue de l’imagination de gens vivant dans une culture de la peur, aucune des personnes exécutées n’a jamais été prise en flagrant délit. Voici quelques éléments pour comprendre cet immense mouvement mouvement européen essentiellement ruralLa chasse aux sorcières est un large mouvement répressif, qui concerne toute l’Europe continentale, indépendamment des régimes politiques et des confessions religieuses catholique ou protestante. Elle est présente dans les monarchies absolues comme la France de Louis XIV, les régimes républicains comme l’espace helvétique ou les Pays-Bas, ou les régimes royalistes comme l’Écosse. L’Angleterre et le monde méditerranéen sont très peu touchés, ainsi que l’Espagne et le sud de l’Italie où l’Inquisition ne considère pas la sorcellerie comme une localement, la chasse aux sorcières est un phénomène très rural. Si les petites villes sont parfois impliquées, c’est rarement le cas des grandes. Il y a très peu de procès de sorcellerie à Paris ou à Rome. Par contre la répression est intense dans les régions montagnardes comme le Jura, le socle des Alpes, les contreforts des Pyrénées. La pensée magique propre à la culture paysanne est combattue par les élites locales, au nom de la lutte contre le l’Europe vit une époque troublée. Les régimes absolutistes montent en puissance, rigidifient la société autour d’eux. Les certitudes et les sécurités qui avaient existé pendant très longtemps, dans un monde unifié par le catholicisme, sont fortement ébranlées par la Réforme. Dans cette période de peur, d’insécurité, les autorités affirment le pouvoir de l’État et de l’Eglise dans un univers chrétien fissuré. Il faut discipliner les populations, faire des exemples. La justice laïque poursuit la sorcellerie car l’Eglise ne dispose pas du droit de glaive. Les zones frontières entre catholiques et protestants sont très marquées par la grande Découverte
Dudélit d’initié à la chasse aux sorcières. Publié le 5 janvier 2012 -A + Une affaire de délit d’initié dans laquelle serait impliqué le patron de la Banque Nationale Suisse. Par
La chasse aux sorcières fait rage en Europe entre 1450 et 1750. Si elle s’adosse à une tradition orale, populaire et folklorique, la question de la sorcellerie est institutionnalisée par des clercs puis des laïcs, qui prennent part au débat en rédigeant des traités. La Bibliothèque Diderot de Lyon possède notamment dans ses collections trois ouvrages sur le thème, parus dans la seconde moitié du XVIème siècle – période particulièrement troublée, qui voit une recrudescence de la chasse aux sorcières. Il s’agit du Malleus Maleficarum ou Marteau des Sorcières, du De Praestigiis daemonum traduit par la suite en français De l’Imposture et tromperie des diables et de la Démonomanie des Sorciers. Ces trois œuvres dialoguent et s’affrontent sur la réalité du fait de sorcellerie, dans une querelle érudite, souvent âpre, où se mêlent théologie, droit et médecine. Le Malleus Maleficarum l’archétype du manuel de chasse aux sorcières En 1484, le pape Innocent VIII condamne l’hérésie des sorcières par une bulle, sous l’autorité explicite de laquelle deux inquisiteurs dominicains allemands, Henri Institoris et Jacques Sprenger, rédigent en 1486 le Malleus. Reproduction du contenu de la bulle d’innocent VIII, au seuil du texte L’imprimerie offre une caisse de résonance au traité, véritable “succès de librairie”, qui fait l’objet d’au moins 35 éditions soit une estimation de 30 000 exemplaires mis en circulation entre 1486 et 1669, surtout à Lyon et dans la partie rhénane de l’Allemagne. L’édition de la BDL date de 1588, soit un moment de pic dans la chasse. Il est imprimé par Nikolaus Bassaeus à Francfort, pour le libraire strasbourgeois Lazare Zetzner. L’ouvrage est de nature double, à la fois théorique et pratique, ce que révèle sa structure. Les deux premières parties débattent ainsi de questions théologiques. Il s’agit notamment de montrer que la sorcellerie existe bel et bien et qu’elle ne relève pas seulement de l’imagination de celui qui la pratique. Elle résulte d’un pacte avec le diable, bien qu’elle reste bornée par les limites de la Loi Divine, qu’elle ne saurait outrepasser… Á cet égard, le livre se présente comme une synthèse du savoir démonologique, examiné au prisme de la tradition chrétienne – d’où la présence d’un certain imaginaire folklorique aux origines obscures, phagocyté de longue date par la théologie, comme ici la lycanthropie déjà commentée par Augustin ou Thomas Chapitre VIII De la manière dont les hommes prennent l’apparence de bêtes La troisième partie traite de manière pratique de l’instruction du procès en sorcellerie ce qui fait qu’un témoin est légitime, ce qui constitue une preuve suffisante, les nombreux cas où l’on peut user de la torture ou de la fausse promesse de relaxe afin d’obtenir l’aveu. Ce double aspect en fait un outil fondamental pour l’inquisiteur, qu’il prenne la figure du prêtre puis du juge laïc, dans un second temps. Les Praestigiis daemonum le regard d’un médecin C’est en tant que médecin » que le Rhénan Jean Wier prend la plume. Il est le disciple de Cornelius Agrippa, célèbre occultiste, déjà opposé aux procès de sorcellerie. Wier écrit dans une certaine mesure contre le Malleus, qu’il cite au moins quinze fois, preuve de l’importance du manuel. Signature de l’épître au lecteur Cette autorité médicale a son importance puisqu’elle fait l’originalité de l’œuvre de Jean Wier. Pour lui, les sorcières sont victimes de l’illusion du diable elles croient accomplir horreurs et prodiges, mais il n’en est rien. Cela lui permet d’expliquer, au regard de la médecine humorale, pourquoi les femmes, d’un naturel plus mélancolique que les hommes, sont prédisposées à se croire sorcières l’imagination débridée des atrabilaires en fait des cibles parfaites pour le Démon. Aussi invoque-t-il la clémence à leur égard, au motif qu’elles ne peuvent être coupables de ce dont on les accuse. Voici par exemple ce qu’il écrit, à propos d’une femme qui confesse avoir passé un pacte et eu des rapports charnels avec Satan, lequel lui serait apparu comme un grand homme vêtu de noir p. 457 Il faut certainement punir ces ignominies, si elles sont vraies. Et cependant, vous voyez que cette faible femme à l’esprit malade a failli se pendre, et que le contrat qu’elle a passé avec son amant imaginaire est soit inventé, soit dépourvu de valeur […]. Il lui est apparu, sous une forme qu’elle a imaginée, comme portant des vêtements… alors qu’un esprit serait nécessairement exempt de tout habit et de toute couleur. »L’exemplaire de la BDL est édité par l’imprimeur-libraire Jean Oporin, en 1563. Il existe au moins une autre édition parue cette même année. L’ouvrage rencontre cependant un succès beaucoup moins important que le Malleus, même si des lettrés que l’on rattache au scepticisme, comme Montaigne, lui accordent un certain crédit. Par la suite, la psychiatrie a voulu voir en Wier un précurseur dans la reconnaissance des pathologies mentales. La Démonomanie le regard d’un juriste Par sa structure globale, décalquée sur le Malleus, la Démonomanie des sorciers est conçue comme un nouveau manuel de chasse aux sorcières, à destination des juges – l’auteur n’étant pas lui-même inquisiteur. Jean Bodin, célèbre juriste français, est en effet surtout connu pour les Six Livres de la République 1576, un ouvrage où il se fait le théoricien de l’absolutisme royal et où transparait une conception de l’état moderne. On peut ainsi interpréter sa véhémence envers les sorciers comme une réaction au désordre que connaît l’État au XVIe siècle au corps civil, avec à sa tête le roi représentant de Dieu, s’opposerait l’anti-république des sorciers, guidés par Satan. Les sorciers représenteraient donc une menace bien réelle pour la paix sociale, ce qui justifierait leur extermination. On comprend que cette perspective est totalement inconciliable avec celle de Jean Wier. La Démonomanie des Sorciers de Bodin se clôt justement sur un appendice conséquent qui offre une clé de lecture de l’œuvre la Réfutation des opinions de Jean Wier ». Bodin s’en prend donc très violemment au médecin qui ne peut pas rivaliser sur le plan théorique et au regard des connaissances de l’époque. Bodin rappelle d’ailleurs à Wier qu’il n’est qu’un physicien », et qu’il ferait mieux de ne pas se mêler de questions métaphysiques. Dans la conclusion de l’ouvrage, Bodin cède totalement et de son aveu même à l’aigreur. Il range Wier dans le camp des sorciers, et lui oppose tous les savants du monde ! L’édition de la BDL date de 1593. L’ouvrage a été imprimé à Anvers par Arnould Coninx pour le libraire Jehan Keerberghe. Le livre connaît un succès assez important, surtout en province, mais il est moins bien reçu dans le milieu du droit parisien. Le Parlement de Paris condamne de moins en moins les sorcières et va jusqu’à casser les jugements de tribunaux provinciaux en la matière. Il se pourrait même que la Démonomanie ait coûté à son auteur des perspectives dans sa carrière de magistrat. La chasse aux sorcières est à la fin du siècle sur le déclin pour ce qui concerne la France. L’Etat, à mesure qu’il se centralise, impose en la matière les jurisprudences parisiennes, plus rationalisantes, qui remettent en cause l’existence de la sorcellerie. Mais la traque n’est pas totalement morte ; elle se poursuit dans des régions de tensions, notamment aux frontières du royaume, et continue à faire l’objet de publication et de rééditions la BDL possède d’ailleurs la dernière édition du Malleus, qui date de 1669 ! Billet rédigé par Adrien Gautier, Master 1 de Lettres Modernes – ENS de Lyon Bibliographie Sprenger, Jakob ; Instoris, Henricus, Malleus maleficarum de lamiis et strigibus, et sagis, aliisque magis & daemoniacis … tractatus aliquot tam veterum quam recentiorum auctorum, 1588 [Rés 2 43214] Sprenger, Jakob ; Instoris, Henricus, le Marteau des sorcières, 1973, éd. commentée Amand Danet Bodin, Jean, De la Demonomanie des sorciers de nouueau reuu & corrigé oultre les precedentes impressions par I. Bodin angevin, 1593 [Rés 2 68449] Bodin, Jean, De la Démonomanie des sorciers, 2016, éd. commentée Krause, Martin, MacPhail Wier, Johann, De praestigiis daemonum, et incantationibus ac veneficijs, libri V, recogniti, authore Ioanne Wiero medico. Totius operis argumentum in praefatione comperies, 1563 [Rés 2 43167] Levack, Brian P., La grande chasse aux sorcières en Europe aux débuts des temps modernes, 1991 Notice biographique de Nikolaus Basse Notice biographique de Johann Oporinus
Trêvede plaisanterie, la personne qui a réalisé la superbe couverture de La Chasse aux sorcières et l’Inquisition écoute-t-elle du Doom ? Ça n’est d’ailleurs peut-être pas pour rien
La chasse aux sorcières est un évènement important, très représentée dans l’iconographie chasse aux sorcières est une période qui marque fortement l’époque moderne, par la recherche inévitable d’un bouc émissaire aux maux de la société. Celle-ci débute avec la création de l’Inquisition par l’Église catholique au XIIIe siècle. L’objectif premier de cette institution, qui était d’une certaine manière la police de l’Église, était de convertir de nouveaux individus à la religion catholique et de limiter l’hérésie au sein des peuples sous autorité papale. C’est au XVe siècle que les pouvoirs de l’Inquisition ont été considérablement augmentés et que la chasse aux sorcières s’institutionnalise. Le 5 décembre 1484, le pape Innocent VIII condamne la sorcellerie avec la Bulle Summis desiderantes affectibus désireux d’ardeur suprême. Deux membres de l’Inquisition sont nommés alors par le pape, pour lutter contre la sorcellerie Jacques Sprenger et Henry Institoris. Ils écrivent et publient le livre Malleux Maleficarum Le Marteau des sorcières en 1486. Le livre fait consensus entre catholiques et protestants et régit la lutte contre les chasse aux sorcières au cœur de la démonologieCes deux événements marquent le début d’une lutte acharnée contre les sorcières. Dès lors des thèmes comme la démonologie prennent plus de place dans les débats philosophiques et religieux. La démonologie désigne l’étude des démons et des croyances qui y sont relatifs. C’est une pratique qui prend de l’importance aux prémices de la chasse aux sorcières et considérablement plus durant celle-ci. Les plus hautes autorités ecclésiastiques encouragent l’étude des entités du mal. Cette étude démontre qu’il y a le Bien et le Mal représenté en la personne de Dieu et du Diable, accompagné d’anges suivant la voie du Bien ou du Mal, faisant office de messager entre les Hommes et le Divin. Le livre Malleus Maleficarum est le premier ouvrage traitant de démonologie judiciaire. Exécution d’Anne Henricks à Amsterdam en 1571Extrait du Malleus Maleficarum [Malleus Maleficarum] a contribué plus qu’aucun autre avant lui à identifier la magie populaire comme une forme d’hérésie joignant ainsi un crime civil à un crime religieux et incitant les tribunaux laïcs à la répression. D’autre part, jamais auparavant on n’avait dit aussi nettement que la secte diabolique est essentiellement constituée de femmes ».Selon les dires de Jean Delumeau dans son livre La Grande répression de la sorcellerie, la peur en Occident XIVe/XVIIIesièclesCe monde magique s’intègre dans une société qui a de l’imagination. Selon les idées de Robert Muchembled dans son livre La Sorcière au village, XVe – XVIIIe siècle, la société du Moyen Âge est hanté par une crainte continuelle d’un malheur qui se présage. Cet état de fait n’est pas non plus sans raison, il faut rappeler que la période est marquée par la crainte de la faim, la misère, le froid, les animaux sauvages, les guerres, les épidémies etc. Ces malheurs bien réels étaient en plus de cela combiné à des maux que nous savons maintenant provenant de l’imaginaire, comme les démons, loups-garous, les fées etc. Les trois quarts de la population de l’époque est paysanne dans l’ensemble de l’Europe dans les années 1600, mise à part en l’Italie du Nord et dans les régions des Flandres et de la Hollande qui sont plus urbanisés. Cette masse paysanne soulève un imaginaire collectif relativement cohérent et semblable peu importante la localisation en Europe à cause d’un millénaire sous domination le prosélytisme chrétien en Europe, il y a toujours des rites païens et des croyances païennes, comme les monstres, les démons. Les zones rurales, qui sont donc majoritaires à cette période, sont le terreau fertile à des histoires folkloriques et à la naissance du mythe, de la peur et la chasse des sorcières. De plus, pendant une longue période ces croyances païennes étaient incorporées dans la trame chrétienne, afin de galvaniser tous les individus sous la même croyance en considérant ces pratiques comme de l’ignorance », ou des traditions indéracinables ». Les deux documents que nous allons étudier, sont témoins d’une période trouble et sanguinaire pour les sorciers et documentation à charge contre les sorcièresLe premier document voit son histoire se dérouler en 1658 en Franche-Comté qui n’est pas encore un territoire de la France, le second lui se déroule en 1652 à Rieux-en-Cambrésis dans le Nord, dans les Flandres, ainsi les deux documents racontent des faits qui ne se sont pas déroulés techniquement en France en parallèle dans les Treize colonies se déroule les procès des sorcières de Salem. La France fait acte de clémence envers la sorcellerie contrairement à ces voisins européens. Les extraits présentés sont tirés de l’ouvrage de Robert Muchembled, La Sorcière au village XVe-XVIIIe siècle publié en 1979. C’est est un historien moderniste français né en 1944. Les extraits que nous allons commenter sont des comptes rendus datant pour le premier texte de 1658 et pour le second de 1652. Ils ont pour but de définir la capacité ou non de la femme, étudiée dans chacun des cas à être une sorcière. Bien qu’ils aient le même but nous avons ici deux scènes bien différentes. Dans Le premier document la suspecte est visitée par trois maîtres-chirurgiens qui viennent l’ausculter, en lui plantant des aiguilles dans la tête. Dans le deuxième document, Susanne Goudry subit un interrogatoire, dans lequel elle se défend dans un premier temps d’être une sorcière, puis dans une seconde partie avoue avoir pactisé avec le diable. Ainsi les deux documents, révèlent une réalité bien barbare de l’époque moderne la chasse aux sorcières. Question que nous pouvons nous poser Comment la société, mais également le pouvoir royal et religieux utilisent les sorcières comme bouc émissaire pour condamner tous les maux de la société ? BibliographieGarnot Benoît, Société, culture et genres de vie dans la France moderne XVI-XVIIIe, Hachette, 1991Garnot Benoît, Justice et société en France aux XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles, Ophrys, 2000Muchembled, Robert. Le roi et la sorcière l’Europe des bûchers, XVe-XVIIIe siècle. Desclée, Jacob, L’aveu de la vérité. Torture et confession dans la chasse aux sorcières », Les Temps Modernes, 2013/2 n° 673, p. 1-23. DOI URL Liddell HSallmann, Jean-Michel. Carlo Ginzburg, Le sabbat des sorcières ». Annales, vol. 50, no 1, 1995, p. 183‑ Jean-Michel. Carlo Ginzburg, Le sabbat des sorcières ». Annales, vol. 50, no 1, 1995, p. 183‑ J. Auteur du texte. L’Église et La Sorcellerie Précis Historique Suivi Des Documents Officiels, Des Textes Principaux et d’un Procès Inédit / Par J. Français. 1910. .
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  • il a initié la chasse aux sorcières