RĂ©sumĂ©s Comme lâannonce son titre, cet essai a pour objet dâattribuer Ă Pierre de Dreux, dit Mauclerc, la composition du lai de Tydorel. Notre dĂ©monstration sâappuiera sur une analyse des choix thĂ©matiques et formels qui ont façonnĂ© le poĂšme et des aspirations politiques et esthĂ©tiques du trouvĂšre et duc consort de Bretagne. Nous montrerons dâabord avec quel talent le poĂšte a exploitĂ© et transformĂ© ses sources pour sĂ©duire et manipuler son audience et traduire une aventure courtoise en message politique de nature gĂ©nĂ©alogique. La mise en lumiĂšre du phĂ©nomĂšne dâ Ă©ternel retour » sur lequel repose lâĂ©conomie du lai nous conduira ensuite Ă identifier sa destinataire comme Ă©tant Alice, duchesse de Bretagne. Enfin, la perfection avec laquelle se confondent la source vive des mots et la force vitale qui a modelĂ© lâexistence de Pierre de Dreux, dit Mauclerc, nous encouragera Ă reconnaĂźtre en lui lâauteur de Tydorel. As announced in the title, the goal of this essay is to attribute the composition of Tydorel to Pierre de Dreux, also known as Mauclerc. The new reading undertaken in this essay rests on an analysis of the thematic and formal choices which fashioned the poem, and the esthetic and political aspirations of the trouvĂšre and duke consort of Brittany. First, we will show the talent with which the poet exploits and transforms his sources in order to engage and manipulate his audience, and to translate a courtly adventure into a political message inspired by contemporary genealogical literature. Then, the highlighting of the phenomenon of âeternal returnâ on which the economy of the lai rests will lead us to identify Alice, duchess of Brittany, as its recipient. Finally, the perfect correspondence between the poetâs muse and the vital force that guided the dukeâs existence will encourage us to recognize in Pierre Mauclerc, the author of de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Annexe Annexe 1 Tydorel prophĂ©tie du chevalier faĂ© v. 113-148 De moi avrez un fiz molt bel,Sel ferez nomer ert vaillanz et molt ert prouz,De biautĂ© sormontera touzLes chevaliers de ceste terre,Ne ja nul ne li fera guerre Toz ses voisins sormontera,Car grant proesce en li Bretaigne seignor sera,Mes ja des eulz ne il avra aage et sens,Fetes o li veillier toz tens,Ou quâil onques soit a sejor,De chascune meson entorFace un homme prendre, a son tor,Qui chant et face grant baudor,E si li cont aucune rien,Ce quâil savra, ou mal ou porroient la gent soffrirQâaucun nâen esteĂŒst avrez une fille bele ;Qant creĂŒe ert la damoisele,A un conte sera donneeEn meĂŻsmes ceste contree..II. filz avra, preuz et vaillanz,Preuz et hardiz et combatanz,Preuz et cortois et vertuos,Et molt seront chevaleros,Molt seront bel a desmesure,Molt sâen entremetra Nature,Car molt seront preuz et vaillanz,Et si ravront assez enfanz,Mes par lignage dormirontMolt miex que autre gent ne ceus istra li quens Alains,Et puis aprĂ©s ses filz Conains. Annexe 2 Ci coumencent les proverbes au conte de Bretaigne v. 1-9 Qui les proverbes fistPremierement bien distAu tant quâalors estoit ;Or est tout en respit,En ne chante ne litDâannor en nul la bone denreeA mauvaise ouliee,Ce dit li vilains160. Annexe 3 Jeu-Parti DialoguĂ© entre Pierre de Dreux, dit Mauclerc, et Bernard V de la FertĂ©-Bernard retour Ă la ligne dans le xml LB Li Quens de Bretaigne v. 1-9 Bernart, a vous vueil demanderDe deus choses la plus vaillant Proece, que tant oi loer ?Ou largece, qâen aime tant ?Si mâen dites vostre semblant,Car jâĂ© oĂŻ toz jorz conterSanz proece ne puet monterNul chevaler trĂ©s bie n avant,Qui dâarmes soit entremetant161. » Annexe 4 Haute chançon de haute estoire di retour Ă la ligne LB Li quens de Bretaigne v. 8-14 Dame dou ciel, qui portastes Jhesu,Par qui le mont fu tot enluminĂ©,Lâeritage qâAden avoit perduPar son pechiĂ© fu par vous recouvrĂ© Si con gel croi et il est veritĂ©,Deffendez moi, que ne soie vaincuPar lâAnemi, qui est fel et desvĂ©162 ! Annexe 5 v. 221-226, 229-230 Tydorel De Tydorel firent seignor ;Onques nâorent eĂŒ meillor,Tant preu, tant cortois, tant vaillant,Tant large, ne tant despendant,Ne miex tenist em pes la terre Nus ne li osa fere guerre.. . . . . . . . . . . . . . . . . . .Li sien lâamoient et servoient,Et li estrange le cremoient. Annexe 6 v. 445-474 Tydorel Longuement, ce dit, mâameroit,Deci qâaperceĂŒz seroit,Il savoit bien certainement,Et bien le me disoit sovent,QuĂ« il seroit aperceĂŒzEt encerchiez et conneĂŒz ; Et si avrez de moi un fisQui molt sera preuz et gentisEt biaus et genz et avenanz,Larges, cortois et despondanz,Et preuz a pie et a cheval. » En vos avroit noble vassal,Petit serez, ne gueres granz,Mes molt serez preuz et vaillanz,Mes ja sommeil ne vos prandra Ne nuit ne jor ne il avroit entendement,Chascune nuit diversementMeĂŻsse gent o lui veillierPor chanter et por fabloier. » Qant tot mâot dit et enseigniĂ©,Si mâamena desqâau fiz, cĂ« est la vĂ©ritĂ© Ce jor fustes vos repera a moi,Plus de .XX. anz, si con je croi,Tant câuns chevaliers lâaperçut,Qui de male mort en sâen ala, puis ne revint,Ne je ne sai qex voies tint163. Haut de page Notes 1 Comme en tĂ©moigne la publication de ces ouvrages Glyn S. Burgess, The Old French Narrative Lay an Analytical Bibliography, Cambridge, D. S. Brewer, 1995, Tydorel, p. 123-127 ; French Arthurian Literature, IV Eleven Old French Narrative Lays, G. S. Burgess et L. C. Brook Ă©d. et trad., Cambridge, D. S. Brewer Arthurian Series, 14, 2007, réédition de Prudence Mary OâHara Tobin, Les Lais anonymes des xiie et xiiie siĂšcles Ă©dition critique de quelques lais bretons, GenĂšve, Droz Publications romanes et françaises, 143, 1976, Tydorel, p. 207-225 ; Lais anonymes de Bretagne, N. Desgrugillers-Billard trad., Clermont-Ferrand, PalĂ©o Le miroir de toute chevalerie, 2003, Tydorel, p. 53-60 ; Twenty-Four Lays from the French Middle Ages, G. S. Burgess et L. C. Brook trad., Liverpool, Liverpool University Press Exeter Studies in Medieval Europe History, Society and the Arts, 2016, Tydorel, p. 90-98 ; Lais bretons, xiie-xiiie siĂšcle Marie de France et ses contemporains, N. Koble et M. SĂ©guy Ă©d. et trad., Paris, HonorĂ© Champion Champion classiques, Moyen Ăge, 32, 2018, Tydorel, texte accompagnĂ© dâune traduction en vers, p. 742-773 ; Lais du Moyen Ăge rĂ©cits de Marie de France et dâautres auteurs, xiie-xiiie siĂšcle, P. Walter dir., L. Kaempfer, Ă. R. MagnĂșsdĂłttir et K. Ueltschi collab., Paris, Gallimard BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 636, 2018, Tydorel, texte accompagnĂ© dâune traduction en prose, p. 474-499. 2 Lais bretons Ă©d. cit. n. 1. Ouvrage de rĂ©fĂ©rence pour tout extrait des lais reproduit dans cet essai. 3 P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, p. 208. 4 S, Paris, BN nouv. acq. fr. 1104. En Francien, avec quelques rimes picardes », daterait de la fin du xiiie siĂšcle ou dĂ©but du xive ». Le lai de Tydorel y figure du fol. 45 v. au fol. 48 v. Pour une description dĂ©taillĂ©e, voir P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, p. 11-12. 5 N, Uppsala, De la Gardie 4-7. DĂ©couvert aux environs de 1850 par Auguste Geffroy, il offre une traduction norroise des cinquante-huit premiers vers du lai. Pour plus de dĂ©tails, voir P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, p. 11 et G. S. Burgess op. cit. n. 1, bibliographie, p. 123. DâaprĂšs Jean Frappier, cette traduction aurait Ă©tĂ© faite vers 1220. Jean Frappier, Ă propos du lai de Tydorel et de ses Ă©lĂ©ments mythiques », dans MĂ©langes de linguistique française et de philologie et littĂ©rature mĂ©diĂ©vales offerts Ă Monsieur Paul Imbs, Strasbourg/Paris, Centre de philologie et de littĂ©ratures romanes de lâuniversitĂ© de Strasbourg/C. Klincksieck Travaux de linguistique et de littĂ©rature, 11-1, 1973, p. 561. 6 Gaston Paris, Lais inĂ©dits de Tyolet, de Guingamor, de Doon, du Lecheor et de Tydorel », Romania, 8, 1879, p. 29-72, DOI Suivra Erhard Lommatzsch, Le lai de Guingamor ; Le lai de Tydorel 12. Jahrhundert, Berlin, Weidmann Romanische Texte, 6, 1922, Tydorel, p. 23-36. 7 Voir lâouvrage de Stith Thompson, Motif-Index of Folk-Literature a Classification of Narrative Elements in Folk-Tales, Ballads, Myths, Fables, Mediaeval Romances, Exempla, Fabliaux, Jest-Books and Local Legends, Bloomington, Indiana University Press, 1955-1958, 6 vol. Voir Ă©galement Barbara Hillers, The Man Who Never Slept MLSIT 4082 a Survey of the Redactions and their Relation to the Lai de Tydorel », BĂ©aloideas, The Journal of the Folklore of Ireland Society, 59, 1991, p. 91-106. 8 Telles que La LĂ©gende de Robert le Diable Ronald S. Crane, An Irish Analogue of the Legend of Robert the Devil », Romanic Review, 5, 1914, p. 55-67 ; et Sir Gowther Florence Leftwich Ravenel, Tydorel and Sir Gowther », Publications of the Modern Language Association of America, 20, 1905, p. 152-178. 9 Voir Alexander Haggerty Krappe, The Celtic Provenance of the Lay of Tydorel », The Modern Language Review, 24, 1929, p. 200-204. 10 J. Frappier art. cit. n. 5, p. 565-566. 11 Emanuel J. Mickel Jr., Marie de France, New York, Twayne Publishers, 1974, p. 67. 12 Marie de France, Les Fables, C. Brucker Ă©d., 2e Ă©d., Paris/Louvain, Peeters KtÄmata, 12, 1998. 13 Voir Karl Warnke, Marie de France und die anonymen Lais, Cobourg, Dietzâschen Hofbuchdruckerei, 1892 et Ernest HĆpffner, Marie de France et les Lais anonymes », Studi medievali, 4, 1931, p. 1-31. 14 Par exemple, G. Paris art. cit. n. 6, p. 37-38 et Friedrich Hiller, Tydorel ein Lai der Marie de France, Rostock, F. Lewerenz, 1927, p. 16 ff. Pour davantage dâinformations sur ce sujet, voir P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, fn. 7, p. 208, E. HĆpffner Ă©d. cit. n. 13, p. 23 et E. Lommatzsch art. cit. n. 6, bibliographie, p. VII. 15 Par souci de clartĂ©, nous utiliserons cette formule pour Ă©voquer Muldumarec et le pĂšre de Tydorel, bien que, comme le remarque Laurence Harf-Laurence, ils ne soient dĂ©signĂ©s dans les textes que comme le chevalier » Laurence Harf-Laurence, Les FĂ©es au Moyen Ăge Morgane et MĂ©lusine ; la naissance des fĂ©es, Paris, HonorĂ© Champion Nouvelle bibliothĂšque du Moyen Ăge, 8, 1984, p. 63. 16 Ă lâexemple des biographies qui lui ont Ă©tĂ© consacrĂ©es, nous le dĂ©signerons dĂ©sormais, suivant le contexte, comme Pierre de Dreux, dit Mauclerc, ou Pierre Mauclerc. Ce sont ses dĂ©mĂȘlĂ©s avec le clergĂ© sĂ©culier dĂ©mĂȘlĂ©s de nature temporelle et non spirituelle qui lui valurent [âŠ] le fĂącheux sobriquet [Mauclerc] qui est restĂ© attachĂ© Ă son nom », BarthĂ©lĂ©my-AmĂ©dĂ©e Pocquet du Haut-JussĂ©, Pierre Mauclerc et lâesprit du xiiie siĂšcle », Annales de Bretagne et des Pays de lâOuest, 56, 1949, p. 93-120, ici p. 107, DOI Du visage de ce chevalier, dont un gisant en bronze dorĂ© prĂ©serva le souvenir jusquâen 1792, voir Dom Guy-Alexis Lobineau, Histoire de Bretagne, Paris, Veuve François Muguet, 1707, p. 299, Thibaut de Champagne a tracĂ©, pour nous, les contours son vis resenble espee », Chanson XL, v. 62 Les Chansons de Thibaut de Champagne, roi de Navarre, A. Wallensköld Ă©d., Paris, HonorĂ© Champion SociĂ©tĂ© des anciens textes français, 1925, p. 137. 17 Il laissera Ă celui-ci, une Bretagne hiĂ©rarchisĂ©e, unifiĂ©e », dotĂ©e dâune administration cohĂ©rente, centralisatrice », construite Ă lâimage du royaume de Philippe Auguste, ce roi Ă la cour duquel il avait reçu son Ă©ducation. Jacques Levron, Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, Paris, FĂ©lix Alcan, 1935, p. 227. 18 Yves de Raulin, Le Jeu-Parti DialoguĂ© entre Pierre de Dreux, dit Mauclerc, et Bernard V de la FertĂ©-Bernard, Laval, Imprimerie-Librairie Goupil Contribution Ă la gĂ©nĂ©alogie de la Maison de Bernard, 5, 1942, p. 10. 19 Sidney Painter, The Scourge of the Clergy Peter of Dreux, Duke of Brittany, New York, Octagon Press, 1969, p. 2. Pierre Mauclerc est un parfait exemple du chevalier lettrĂ© » sur les pas duquel nous guide Martin Aurell, Le Chevalier lettrĂ© savoir et conduite de lâaristocratie aux xiie et xiiie siĂšcles, Paris, Fayard, 2011. 20 Novelement mâest pris envie », dans Musica Cathedralis ». Information reçue par courrier Ă©lectronique adressĂ© le 27 septembre 2001 par Nicolas Lhoste, PrĂ©sident de lâEnsemble Fulbert de Chartres, Ă Susan Hines alors Ă©tudiante dans le dĂ©partement dâhistoire de lâUniversitĂ© du Commonwealth de Virginie. Je la remercie dâavoir bien voulu mâen communiquer le texte. Voir Ă©galement Joseph BĂ©dier, Les Chansons du comte de Bretagne », dans les MĂ©langes de linguistique et de littĂ©rature offerts Ă M. Alfred Jeanroy par ses Ă©lĂšves et ses amis, Paris, Droz, 1928, p. 477-495. 21 Voir Louis-Arthur Le Moyne de La Borderie, Histoire de Bretagne, Mayenne, Joseph Floch, 1972, p. 330-332 et J. BĂ©dier art. cit. n. 20, p. 492-493. 22 Gaston Paris, Histoire littĂ©raire de la France, Paris, Imprimerie nationale, t. 30, 1888, p. 18. 23 Voir note 5. Le roi de NorvĂšge HĂĄkon IV HĂĄkonarson, qui rĂ©gna de 1217 Ă 1263, favorisa la traduction et la diffusion dans son royaume de nombreuses Ćuvres en vogue Ă la cour des PlantagenĂȘt [âŠ]. Un recueil de lais, traduits en prose norroise, a Ă©galement Ă©tĂ© composĂ© en NorvĂšge autour de 1230 », Daniel W. Lacroix, Le Prologue des Lais de Marie de France au travers de sa traduction norvĂ©gienne traduction et analyse du Prologue des Strengleikar norvĂ©giens », dans Chemins ouverts mĂ©langes offerts Ă Claude Sicard, S. Vignes Ă©d., L. Cantaloube-Ferrieu prĂ©f., Toulouse, Presses universitaires du Mirail Les Cahiers de LittĂ©ratures », 1998, p. 25-34. Cette rĂ©fĂ©rence Ă la cour des PlantagenĂȘt nâest pas sans intĂ©rĂȘt pour notre propos Ă©tant donnĂ© les frĂ©quentes visites que Pierre de Dreux rendait au roi dâAngleterre, en sa qualitĂ© de comte de Richmond. 24 DĂ©signĂ©e dans cet essai comme lâauteur de Tydorel » et le poĂšte ». 25 Jacques Levron op. cit. n. 17 ; Pocquet du Haut-JussĂ© art. cit. n. 16, p. 93-120 ; S. Painter op. cit. n. 19. 26 E dame Marie autresi, / Ki en rime fist et basti / E compassa les vers de lais », Denis Piramus, La Vie seint Edmund le Rei poĂšme anglo-normand du xiie siĂšcle, H. Kjellman Ă©d., Göteborg, Elanders Boktryckeri Aktiebolag, 1935, rĂ©impression GenĂšve, Slatkine, 1974. 27 Philippe MĂ©nard, Les Lais de Marie de France contes dâamour et dâaventure du Moyen Ăge, Paris, Presses universitaires de France LittĂ©ratures modernes, 19, 1979. 28 Trait qui constitue, comme le disent N. Koble et M. SĂ©guy, lâune des caractĂ©ristiques fondatrices [des lais bretons] », le mode mĂ©moriel » Nathalie Koble et Mireille SĂ©guy, Nos somes tuit enfantosmĂ© ! Lâeffet de dessaisissement des lais narratifs bretons », dans Faire court lâesthĂ©tique de la briĂšvetĂ© dans la littĂ©rature du Moyen Ăge, C. Croizy-Naquet, L. Harf-Lancner et M. Szkilnik Ă©d., Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2011, p. 191-202, ici p. 182. 29 Hans Robert Jauss, Pour une esthĂ©tique de la rĂ©ception, C. Maillard trad., J. Starobinski prĂ©f., Paris, Gallimard BibliothĂšque des idĂ©es, 1978, p. 53. 30 Voir le lai de Guigemar » En cel tens tint Hoilas la tere » v. 27. Il sâagissait alors du neveu du roi Arthur dâaprĂšs Geoffroy de Monmouth [âŠ] on envoya des messagers en Armorique auprĂšs du roi Hoel [âŠ]. Hoel Ă©tait le fils de la sĆur dâArthur, et de Budic, roi des Bretons armoricains », Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne, L. Mathey-Maille trad., Paris, Belles-Lettres La roue Ă livres, 18, 2013 [1992], p. 205-206. IdĂ©e reprise par Wace Arthur, by the rede of his counsellors, sent letters to his nephew, the son of his sister, Hoel, King of Little Britain », Wace, The âArthurianâ Portion of the Roman de Brut, E. Mason trad., Cambridge/Ontario, Parentheses Publications Old French Series, 1999, p. 47, en ligne 31 AprĂšs plusors de son lignage », v. 6. 32 Sa fille .II. filz avra [âŠ]. / Et si ravront assez enfanz », v. 136-144. 33 De Conan MĂ©riadoc Ă Cadvalladr, mort en 682. 34 Avec lâavĂšnement de NominoĂ© en 845. 35 Celui dâHoĂ«l que nous dĂ©signerons dĂ©sormais comme HoĂ«l le Grand », pour Ă©viter toute confusion avec dâautres personnages mentionnĂ©s dans cet essai Hoelus Magnus, [âŠ] nepos Arturi Regis Maioris Britanniae », Chronicon Briocense. Chronique de Saint-Brieuc fin xive siĂšcle, G. Le Duc et C. Sterckx Ă©d. et trad., L. Fleuriot prĂ©f., Paris, Klincksieck Institut armoricain de recherches historiques de Rennes, 12, 1972, chap. 62, p. 146. 36 Il sâagirait, comme le suggĂšre, par exemple, Mortimer J. Donovan, dâAlain IV 1084-1112 et Conan III 1112-1148, ancĂȘtres directs de la duchesse Alice Mortimer J. Donovan, The Breton Lay a Guide to Varieties, Notre Dame/Londres, University of Notre Dame Press, 1969, p. 79. Pour plus dâinformations sur ce sujet, voir P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1 fn. 12, p. 211. 37 Voir Georges Duby, Remarques sur la littĂ©rature gĂ©nĂ©alogique en France aux xie et xiie siĂšcles », Comptes rendus des sĂ©ances de lâAcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2, 1967, p. 335-345, DOI 38 Comment ne pas Ă©voquer ici Pierre Mauclerc ? Lignage est en effet le mot-phare qui Ă©clairera toute lâexistence de celui que Sidney Painter dĂ©crit comme a feudal baron whose duty was to care for his family and its possessions », S. Painter op. cit. n. 19, fn. 91, p. 29. 39 [Ces vers] ont Ă©tĂ© interpolĂ©s par quelque copiste dĂ©sireux sans doute de faire sa cour Ă un seigneur de la maison de Bretagne », E. HĆpffner art. cit. n. 13, p. 24. 40 Voir Martin Aurell, La LĂ©gende du roi Arthur 550-1250, Paris, Perrin, 2007, p. 13 [L]a lecture se diffuse dans la noblesse et dans la bourgeoisie [âŠ]. Autour du manuscrit arthurien, de nouvelles formes de sociabilitĂ© apparaissent dans les hĂŽtels urbains et dans les demeures rurales des Ă©lites de lâargent et du pouvoir. » 41 Nantes est rattachĂ©e Ă la Bretagne en 851. 42 La Bretagne devient un duchĂ© en 937. Alain et Conan, comme le fils de Pierre Mauclerc, Jean le Roux, Ă©taient ducs par hĂ©ritage. Ajoutons que le choix du terme duc » nâaurait en rien affectĂ© la versification. 43 Li rois a Nantes sejorna / Por la forest quĂ« il ama », v. 19-20. 44 Si le temps nâavait fait ses ravages, nous pourrions encore admirer les vestiges de la contribution de Pierre Mauclerc Ă lâagrandissement du chĂąteau et des murailles de la citĂ©. 45 Wilhelm Hertz, Spielmannsbuch Novellen in Versen aus dem zwölften und dreizehnten Jahrhundert ĂŒbertragen, Stuttgart, Kröner, then Cotta, 1886, et G. Paris art. cit. n. 6, p. 37. Voir P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1 fn. 10, p. 74. 46 Il y a moins dâun siĂšcle, les anciens » du Poitou se souvenaient encore de la serpente », protectrice des Lusignan depuis le milieu du xiie siĂšcle, bien avant que Jehan dâArras ne fasse de MĂ©lusine le personnage dâun roman, dans les derniĂšres annĂ©es du xive siĂšcle. Voir Jean Robuchon, LĂ©gendes et rĂ©cits vendĂ©ens [Le surnaturel] , Cresse, Ăditions des rĂ©gionalismes, 2017, p. 13-42. 47 Lâantique citĂ© dâHerbauges sommeille, dit-on, au fond du lac depuis le vie siĂšcle. Voir Nicolas Travers, Histoire civile, politique et religieuse de la ville et du comtĂ© de Nantes, A. Savagner Ă©d., Nantes, Forest, 1836, p. 106. Cheval Malet le cheval blanc connu sous ce nom hante les rives du lac et leurre les voyageurs Ă©garĂ©s, les entraĂźnant dans une chevauchĂ©e fantastique et fatale. Voir J. Robuchon op. cit. n. 46, p. 106-108 et Dominique PierrelĂ©e, Promenade au lac de Grand Lieu, Pornic, Le Temps Ăditeur, 2017, p. 15. 48 Cet aspect de lâĆuvre nous intĂ©resse Ă double titre, dâune part, parce quâil reflĂšte le regard que le poĂšte jette sur la sociĂ©tĂ© qui lâentoure. Voir Jacques Le Goff, Temps de lâĂglise et temps du marchand », Annales, 15-3, 1960, p. 417-433, DOI et dâautre part, parce quâil nous invite Ă Ă©voquer les rapports Ă©troits entretenus par Pierre Mauclerc avec les habitants de la citĂ©. On comprend », nous dit B. A. Pocquet du Haut-JussĂ©, quâil ait pu Ă©toffer son armĂ©e, pauvre en chevaliers, dâune grande quantitĂ© de piĂ©tons. Cette infanterie câĂ©tait la foule anonyme des marchands et des tenanciers libres, qui sentaient en lui un protecteur » art. cit. n. 16, p. 104. 49 Li vilains dit a son voisin / Par mal respit en son latin / Ê»Tex cuide norrir son enfant / Ni li partient ne tant ne qantâ » v. 165-168. 50 De chascune meson entor / Face un homme prendre, a son tor, / Qui chant et face grant baudor, / Et si li cont aucune rien, / Ce quâil savra, ou mal ou bien » v. 126-130. 51 [âŠ] jâai oĂŻ parler / Et a plusors genz raconter / Por vĂ©ritĂ© que nâest pas dâome / Qui ne dort ne qui ne prant sonme » v. 327-330. 52 Voir J. Frappier art. cit. n. 5, p. 565. Le choix de lâauteur nâest pas gratuit, vu la place privilĂ©giĂ©e, quâen tant que reprĂ©sentants des mĂ©tiers du luxe », les orfĂšvres occupaient dans les villes. Voir le chapitre quâEdmond Faral consacre aux marchands dans Edmond Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis, Paris, Hachette, 1938, p. 54-63. 53 Li Proverbes au conte de Bretaigne Critical Edition and Study, M. G. DiafĂ©ria Ă©d., New York, Peter Lang Currents in Comparative Romance Languages and Literatures, 3, 1990. Pierre Mauclerc, baillistre de Bretagne pendant la minoritĂ© de sa femme, et celle de son fils, nâĂ©tait que duc consort. Bien quâutilisant le titre de duc pour signer chartes et actes officiels, il Ă©tait le plus souvent dĂ©signĂ© comme comte de Bretagne ». Câest dâailleurs ce titre qui figure sur son Ă©pitaphe Pierre, comte de Bretagne, la fleur des comtes », Le Moyne de La Borderie op. cit. n. 21, p. 333, et comme nous le voyons ici, en tĂȘte des Ćuvres qui lui seront attribuĂ©es. 54 Il y a sous son nom deux piĂšces qui permettraient presque de considĂ©rer Pierre Mauclerc comme Ă©tant dans notre langue le plus ancien prĂ©curseur de lâauteur du livre des Maximes. Le premier de ces deux opuscules se nomme les Proverbes au conte de Bretaigne », Histoire littĂ©raire de la France, 23 Fin du treiziĂšme siĂšcle, Paris, Firmin Didot, 1856, p. 686. MentionnĂ© Ă©galement par Le Moyne de la Borderie op. cit. n. 21, p. 332. 55 Et si estoit molt bien vestuz, / Et granz et larges et membruz », v. 387-388. 56 IdĂ©e clairement exprimĂ©e dans ce vers de Guigemar » Vus estes bels e ele est bele ! », v. 452. 57 Bien que lâĂ©vĂ©nement soit dĂ©crit par un narrateur, câest par les yeux de la reine Si vit » v. 41 quâau vers 43 nous dĂ©couvrons le chevalier faĂ©, comme li plus biaus hom du mont ». La grant honte » v. 48 que la dame ressent Ă ce spectacle devait dĂ©jĂ en dire long pour une audience imprĂ©gnĂ©e des leçons augustiniennes ; Saint Augustin, Ćuvres, 2 La CitĂ© de Dieu, L. Jerphagnon Ă©d., Paris, Gallimard BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 468, 2000, livre XIV et XVII, p. 579. Voir Damien Boquet et Piroska Nagy, Sensible Moyen Ăge une histoire des Ă©motions dans lâOccident mĂ©diĂ©val, Paris, Ăditions du Seuil LâUnivers historique, 2015, p. 46-48. 58 En sa jovente fame prist, / Fille a un duc, quĂ« il requist », v. 7-8. Qant creĂŒe ert la damoisele, / A un conte sera donnee », v. 134-135. 59 CourtisĂ©e par le comte Thibaut de Champagne, one of the most noted trouvĂšres of his day », S. Painter op. cit. n. 19, p. 79, elle sera promise Ă Richard PlantagenĂȘt, Henri III dâAngleterre, Jean dâAnjou, avant dâĂȘtre mariĂ©e Ă Hugh de Lusignan, a diplomatic triumph for Peter », ibid. p. 93. Ainsi sâachĂšve lâacte par lequel Pierre de Dreux sâengage, en mars 1227, Ă donner sa fille Yolande ĂągĂ©e de neuf ans en mariage Ă Jean [dâAnjou], frĂšre de Louis IX [âŠ] je suis tenu de remettre ma fille Yolande Ă sire Philippe, comte de Boulogne [âŠ], avant le quinziĂšme jour des prĂ©sentes PĂąques, pour faire dâelle ce quâils voudront et ce quâils dĂ©cideront Ă son sujet », Actes de Pierre de Dreux, Duc de Bretagne, 1213-1237, M. LĂ©meillat Ă©d., Y. Coativy prĂ©f., Rennes, Presses universitaires de Rennes/SociĂ©tĂ© dâhistoire et dâarchĂ©ologie de Bretagne Sources mĂ©diĂ©vales dâhistoire de Bretagne, 1, 2013, p. 134-135. Ce destin nâĂ©tait guĂšre plus enviable que celui des femmes broyĂ©es dans lâengrenage des Ă©changes politiques entre CapĂ©tiens et PlantagenĂȘt. Voir Martin Aurell, Philippe Auguste et les PlantagenĂȘt », dans Autour de Philippe Auguste, M. Aurell et Y. Sassier dir., Paris, Classiques Garnier Rencontres, 285, 2017, p. 27-70. 60 Leur couple est un parfait exemple dâaffectio conjugalis Molt la chieri et ennora, / E ele durement lâama », v. 10-11. FidĂšle reprĂ©sentant de lâesprit du xiiie siĂšcle naissant marquĂ© par lâinfluence dâOvide et dâAugustin, lâauteur de Tydorel sait Ă merveille dĂ©cliner le verbe aimer amour/dĂ©sir voir note 62, amour conjugal, amour filial v. 236-237 et 255-556, caritas v. 205-208 et 224, amour des sujets pour leur seigneur v. 229 et pour Dieu v. 294 et 308. Cependant, nous verrons plus tard que quand il mentionne ces Ă©motions, il sâattarde peu sur leurs manifestations. 61 Notons que lâabsence dâenfant », dont, Ă lâinstar de Danielle RĂ©gnier-Bohler, nous reconnaĂźtrons plus tard lâimportance en tant que moteur narratif », ne fait pas ici lâobjet de dĂ©veloppements comparables Ă ceux lamentations du couple, pĂ©lerinages et recours Ă des forces surnaturelles que nous offrent La Vie de Saint Alexis, lâHistoire de Robert le diable, le Lai de DĂ©sirĂ© ou La Fille du comte de Ponthieu. Le CĆur mangĂ© rĂ©cits Ă©rotiques et courtois des xiie et xiiie siĂšcles, D. RĂ©gnier-Bohler trad. et postf., C. Gaignebet prĂ©f., Paris, Stock, Stock plus, Moyen Ăge, 31, 1979, postface, p. 326. Ce volume contient une traduction de Tydorel prose, p. 87-98, et quelques extraits en ancien français, p. 99-102. 62 Ces quelques vers semblent venir tout droit dâune des chansons de Pierre Mauclerc Chanter me fet ma dame que jâaim tant / [âŠ] / Car du mont sui li plus loial amant. / Merci li cri du cuer en souspirant », v. 1, 8-9, Chanson II, dans J. BĂ©dier art. cit. n. 20, p. 487. Bien que ces mots ne soient suivis que de brĂšves rĂ©fĂ©rences aux amours de la reine Angoisseusement lâaama » v. 71 ; Sovent parloit a son ami » v. 159 ; A la roĂŻne repera / Soventes foiz, car molt lâamot, / Et ele lui, que plus ne pot » v. 192-194 ; Entre ses braz la dame tint » v. 213 ; [âŠ] je lâamai molt durement / Et il moi, angoisseusement » v. 399-400, leur souvenir colorera longtemps notre attente. 63 Proesce doit avoir le pris, / Car qui lâa, onc ne fera faille / En nule besoing oĂč il aille », Jeu-Parti, v. 25-27. Voir Y. de Raulin op. cit. n. 18, p. 47. 64 .II. filz avra, preuz et vaillanz, / Preuz et hardiz et combatanz, / Preuz et cortois et vertuos, / Et molt seront chevaleros, / Molt seront bel a desmesure, / Molt sâen entremetra Nature, / Car molt seront preuz et vaillanz » v. 137-143. E. HĆpffner a qualifiĂ© ce trait de nĂ©gligence » dont Marie de France ne se serait jamais rendue coupable » art. cit. n. 13, p. 23. Ce point avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© soulignĂ© par K. Warnke Ă©d. cit. n. 13, p. 16. 65 Nathalie Koble et Adriana Nicolau, Voix dâeau Pascal Quignard et âla voie perdueâ des lais bretons », Tangence, 110, 2016, p. 107-125, ici 119-120, DOI 66 Voir Gerd Althoff, Ira Regis Prolegomena to a History of Royal Anger », dans Angerâs Past the Social Uses of an Emotion in the Middle Ages, B. H. Rosenwein Ă©d., Ithaca/Londres, Cornell University Press, 1998, p. 59-74. 67 Ătat exprimĂ© par les menaces profĂ©rĂ©es Ă lâĂ©gard de lâorfĂšvre et de la reine â menaces dont la violence Ă©tait annoncĂ©e dans la prophĂ©tie, par la condamnation Ă mort de quiconque refuserait de raconter une histoire au prince v. 130-131. Voir lâĂ©tude que N. Koble et M. SĂ©guy consacrent au roi-loup » dans Bisclavret » et MĂ©lion Nathalie Koble et Mireille SĂ©guy, âE de lur sen le surplus mettreâ les lais anonymes, relecteurs critiques des lais de Marie de France », dans Cultures courtoises en mouvement, I. Arseneau et F. Gingras Ă©d., MontrĂ©al Presses de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al, 2011, p. 342-347, DOI 68 Genre littĂ©raire qui jouissait alors dâune grande popularitĂ©, comme le montre lâinfluence du Policraticus de Jean de Salisbury sur les Ćuvres de Marie de France. Voir Karen K. Jambeck, The Fables of Marie de France a Mirror of Princes », dans In Quest of Marie de France, a Twelfth-Century Poet, C. MarĂ©chal Ă©d., Lewiston, The Edwin Mellen Press, 1992, p. 59-106 ; et Baptiste LaĂŻd, La figure royale dans les Lais et les Fables de Marie de France », Fabula/Les Colloques Marie de France et son temps », en ligne On en retrouve lâinfluence dans le programme iconographique de la statuaire et des vitraux de la cathĂ©drale de Chartres, contemporains de la composition de Tydorel. 69 Annexe 5. Le rĂšgne du baillistre Pierre Mauclerc ce passant venu dâailleurs, comme Tydorel est placĂ© sous le signe de la prouesse face aux puissants et de la gĂ©nĂ©rositĂ© envers ses sujets les plus humbles, par la suppression, par exemple, de taxes comme le tierçage ou mortuage. Voir Pocquet du Haut-JussĂ© art. cit. n. 16, p. 104. On notera que lâĂ©quilibre rĂ©tabli par les sujets de Tydorel entre les valeurs nobles reprĂ©sentĂ©es par le chevalier faĂ© prouesse, v. 115 et la reine gĂ©nĂ©rositĂ©, v. 206, 208 et 452-453 fait Ă©cho au compromis tacite sur lequel se termine le jeu-parti proece/largece attribuĂ© Ă Pierre Mauclerc. Voir Y. de Raulin op. cit. n. 18. Un mĂȘme idĂ©al transparaĂźt dans les Ćuvres créées grĂące Ă ses donations lors de la restauration de la cathĂ©drale de Chartres la rose dâune verriĂšre haute baie XCIV le dĂ©peint Ă cheval, armĂ© de toutes piĂšces ; la signature de la lancette gauche dâune autre verriĂšre baie XCVII le reprĂ©sente en train de prier â rappel symbolique de la mission reçue lors de son adoubement caritas. Ces deux verriĂšres, actuellement en cours de restauration, sont reprĂ©sentĂ©es sur les planches CXCVIII et CCIV, dans Yves Delaporte, Les vitraux de la cathĂ©drale de Chartres histoire et description, Ă. Houvet ill., Chartres, Ă. Houvet, 1926, pl. III. Pour un dessin reproduisant la rose de la baie XCIV, voir Ă©galement lâInventaire des dessins exĂ©cutĂ©s pour Roger de GaigniĂšres par Henri Bouchot et conservĂ©s aux dĂ©partements des estampes et des manuscrits, Paris, Plon, 1891, p. 14. Selon Sidney Painter, la sculpture figurant sur la base du trumeau central du portail mĂ©ridional reprĂ©senterait Pierre de Dreux et sa femme, Alice, donnant du pain aux pauvres. Cette thĂ©orie, Ă©mise initialement en 1886 par Alexandre Clerval, sĂ©duit encore aujourdâhui malgrĂ© les rĂ©serves Ă©mises par Jean Villette. Voir Alexandre Clerval, Guide chartrain Chartres, sa cathĂ©drale, ses monuments, Chartres, Paul RĂ©nier, 1896, p. 57-58 ; S. Painter op. cit. n. 19, p. 31 ; et Jean Villette, Les Portails de la cathĂ©drale de Chartres, Paris, Garnier, 1994, p. 215-216. Pour une photographie de cette sculpture, voir Jane Welch Williams, Bread, Wine and Money the Windows of the Trades at Chartres Cathedral, Chicago/Londres, The University of Chicago Press, 1993, image 41. La scĂšne quâelle reprĂ©sente nâest pas sans rappeler la description de la mĂšre de Tydorel aux vers 205-208 [âŠ] ele a costumĂ« avoit / As besoigneus assez donoit ; / Dras et chevaus, or et argent, / As besoigneus donnoit sovent. » 70 Voir Barbara H. Rosenwein, Emotional Communities in the Early Middle Ages, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 2006. 71 esfroi » v. 48, grant por » v. 277, grant pĂ«or » v. 380 et en fui espoĂ«rie » v. 395. 72 DĂ©sir, crainte, joie et tristesse. Voir Saint Augustin Ă©d. cit. n. 57, livre XIV, V-VIII, p. 554-558. 73 Voir D. Boquet et P. Nagy op. cit. n. 57. 74 Joie » du roi apprenant quâil va avoir un hĂ©ritier v. 162- 63 et 170-171. 75 B. Rosenwein op. cit. n. 70, p. 195. 76 Le sentiment de solitude se double ici dâhumiliation. En faisant Ă©cho aux vers 179 Ă 182 Onques des eulz ne someilla, / Ne ne dormi, totjors veilla ; / A grant merveille lâont tenu / Tuit si homme qui lâont veĂŒ », ce passage illustre la pensĂ©e de Michel Zink Rien ne [âŠ] fait plus vivement ressentir [lâhumiliation] quâun rĂ©cit qui confronte les regards. », Michel Zink, LâHumiliation le Moyen Ăge et nous, Paris, Albin Michel, 2017, p. 111-112. Par la voix et les yeux de lâorfĂšvre, le hĂ©ros se trouve confrontĂ© Ă un chĆur digne dâune tragĂ©die antique. Le sentiment dâexclusion qui en rĂ©sulte fait penser Ă ce que devait Ă©prouver Pierre Mauclerc, soumis, entre 1218 et 1239, Ă plusieurs sentences dâexcommunication suite Ă ses querelles avec le clergĂ© Ă propos de taxes ecclĂ©siastiques. Voir BarthĂ©lemy-AndrĂ© Pocquet du Haut-JussĂ©, Pierre Mauclerc et le conflit politico-religieux en Bretagne au xiiie siĂšcle », Revue dâhistoire de lâĂ©glise de France, 115, 1929, p. 137-176, DOI 77 E. HĆffner art. cit. n. 13, p. 21. 78 Ă la disparition de Tydorel et de son pĂšre, sâajoute la mort du roi, du chevalier blessĂ© et du pĂšre du jeune orfĂšvre. 79 John W. Baldwin, Les Langages de lâamour dans la France de Philippe Auguste la sexualitĂ© dans la France du Nord au tournant du xiie siĂšcle, B. Bonne trad., Paris, Fayard, 1997, p. 307-308. 80 Voir en comparaison les lais de Marie de France. Par exemple Durement plure e si maudit / Ceus ki le laĂŒstic traĂŻrent », LaĂŒstic », v. 122-123 et E si plure mut tendrement », Eliduc », v. 666. 81 Ă lâexception de Chaitivel », le dĂ©nouement de tous les lais de Marie de France correspond Ă la rĂ©union des amants, soit par un mariage Milun » et Fresne », une fuite loin du monde Guigemar » et Lanval », une union par-delĂ la mort Les Deus Amanz » et Yonec », un chĂątiment partagĂ© Equitan » et Bisclavret » [exil de la dame et de son compagnon], lâĂ©change du symbole dâun amour fidĂšle LaĂŒstic », ou une union mystique Eliduc ». 82 sâaventure tres bien cela ; / Sovent parloit a son ami, / Car assez reperoit o li » v. 158-160 et Li chevaliers ques engendra / A la roĂŻne repera / Soventes foiz, car molt lâamot / Et ele lui, que plus ne pot, / Tant que furent aparceĂŒz » v. 191-195. 83 Les Romans de ChrĂ©tien de Troyes, I Ărec et Ănide, M. Roques Ă©d., Paris, HonorĂ© Champion Les Classiques français du Moyen Ăge, 80, 1981, v. 14. 84 Nous avons ici recours Ă la terminologie de GĂ©rard Genette GĂ©rard Genette, Figures III, Paris, Ăditions du Seuil PoĂ©tique, 1972. 85 Trait qui a inspirĂ© Ă N. Koble et M. SĂ©guy cette belle formule Tydorel est un texte-limite, qui cĂ©lĂšbre la toute puissance de la parole et le plaisir de la rĂ©pĂ©tition », Lais bretons Ă©d. cit. n. 1, p. 26. 86 Point de vue proche de celui exprimĂ© par Silvie SaskovĂĄ From the structural perspective, [such] mirroring scenes provide the narrative with a symmetrical balance », Silvie SaskovĂĄ, The Structural Arrangement of the Old French Narrative Lays, thĂšse de doctorat en philosophie, sous la direction du Dr. M. Burrella, UniversitĂ© de Canterbury, Nouvelle-ZĂ©lande, 2009, p. 261, en ligne 87 Si quis habet fundare domum, non currit ad actum / Impetuosa manus intrinseca linea cordis / Praemetitur opus, seriemque sub ordine certo / Interior praescribit homo, totamque figurat / Ante manus cordis quam corporis ; et status ejus / Est prius archetypus quam sensilis. Ipsa poesis / Spectet in hoc speculo quae lex sit danda poetis », Geoffroy de Vinsauf, Poetria Nova, v. 43-49 ; citĂ© dans Edmond Faral, Les Arts poĂ©tiques du xiie et du xiiie siĂšcle recherches et documents sur la technique littĂ©raire du Moyen Ăge, Paris/GenĂšve, HonorĂ© Champion/Slatkine BibliothĂšque de lâĂcole des hautes Ă©tudes, 238, 1982, p. 198. Voir Ă©galement Jean-Yves Tilliette, Des mots Ă la parole une lecture de la Poetria nova » de Geoffroy de Vinsauf, GenĂšve, Droz Recherches et rencontres, 16, 2000. 88 Le regard que lâauteur de Tydorel porte sur son Ćuvre nâest pas sans Ă©voquer celui du bĂątisseur Pierre Mauclerc dont les crĂ©ations forteresses, chĂąteaux, hĂŽpitaux et villes neuves ont enrichi en son temps le paysage breton. Henri de Berranger nous en offre un exemple fort Ă propos lorsquâil dĂ©crit la porte du Bourg Main Ă Nantes construite au xiiie siĂšcle et aujourdâhui disparue, alors encadrĂ©e par les tours Pierre de Bretagne, au nord, et Alix de Bretagne au sud », Henri de Berranger, Ăvocation du vieux Nantes, Paris, Ăditions de Minuit, 1966, p. 189. 89 Francis Dubost, Yonec, le vengeur, et Tydorel le veilleur », dans âEt câest la fin pour quoy sommes ensembleâ, hommage Ă Jean Dufournet littĂ©rature, histoire et langue du Moyen Ăge, Paris, HonorĂ© Champion Nouvelle bibliothĂšque du Moyen Ăge, 25, 1993, 3 vol., I, p. 449-467, ici p. 454. 90 Nous ajouterions Ă cette liste le Lai de DĂ©sirĂ©, si la personnalitĂ© du hĂ©ros portait aussi lâempreinte de ses origines surnaturelles. 91 P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, p. 213. 92 Au bout de dix ans de rĂšgne, Tydorel est lui aussi sans enfants, quoique [d]e puceles [âŠ] molt amez / et de dames molt desirrez », v. 227-228. Cette sensibilitĂ© Ă la diffĂ©rence entre la nature des sentiments des puceles » et des dames » nâest pas sans Ă©voquer un Ă©pisode de la vie de Pierre Mauclerc la solitude dâun jeune chevalier mariĂ© avec une enfant de douze ans qui, aprĂšs plusieurs annĂ©es dâune union platonique, lui donnera trois enfants, juste avant de mourir Ă lâĂąge de vingt et un ans. 93 Voir G. Duby art. cit. n. 37 et R. Howard Bloch, Etymologies and Genealogies a Literary Anthropology of the French Middle Ages, Chicago/Londres, University of Chicago Press, 1983. 94 Donald Maddox, Specular Stories, Family Romance, and the Fictions of Courtly Culture », Exemplaria, 3-2, 1991, p. 299-326, ici p. 300. 95 La traversĂ©e du lac par le chevalier faĂ© rĂ©pond en fait Ă un double souhait et officialise un prenatal contract », F. L. Ravenel art. cit. n. 8, p. 175, en mettant un terme Ă la stĂ©rilitĂ© de la reine Ă condition dâassurer un hĂ©ritier au chevalier faĂ©. Ceci renvoie au motif du Wonder-child ibid. p. 163, thĂšme repris par P. M. OâHara Tobin comme Enfant[s] miracle », P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, p. 50. 96 F. Dubost art. cit. n. 89, p. 467. 97 D. Maddox art. cit. n. 94, p. 324 a void, a hole, an abyss, into which the soluble father eventually draws an insolvent son. » 98 InterprĂ©tation en harmonie avec celle exprimĂ©e par Agata Sobczyk La forme lai dans un lai ne peut ĂȘtre innocente, et les derniers vers parachĂšvent cette fusion entre lâunivers magique et le conte, entre le lac et le rĂ©cit dont il est lâobjet », Agata Sobczyk, Le lai de Tydorel ou la magie du silence », Magie et illusion au Moyen Ăge, actes de colloque, Aix-en-Provence, UniversitĂ© de Provence SĂ©nĂ©fiance, 42, 1999, p. 508. Elle semble aussi faire Ă©cho Ă cette phrase de N. Koble et M. SĂ©guy art. cit. n. 28, p. 200 [Dans les lais] la clĂŽture narrative se double dâune ouverture poĂ©tique qui se cristallise souvent autour dâun symbole », ici, le lac fĂ©erique. » 99 G. Paris art. cit. n. 6, p. 66. 100 E. HĆpffner art. cit. n. 13. Voir Ă©galement F. L. Ravenel pour laquelle ce passage, comme bien dâautres dans le poĂšme, serait lâĆuvre dâun remanieur » F. L. Ravenel art. cit. n. 8, p. 172. 101 Michael Camille, Image on the Edge the Margins of Medieval Art, Londres, Reaktion Books Essays in Art and Culture, 1992. 102 Geoffroy de Monmouth Ă©d. cit. n. 30, p. 191. 103 Ibid., p. 199. 104 Voir notes 30 et 35. 105 Comme le dit François Suard, la belle [âŠ] ne porte le sceau dâaucun ailleurs » François Suard, Le fils dans les lais anonymes », dans Le RĂ©cit bref au Moyen Ăge, actes du colloque universitĂ© de Picardie, 27-29 avril 1979, D. Buschinger Ă©d., Amiens/Paris, UniversitĂ© de Picardie/HonorĂ© Champion, 1980, p. 57-72, ici p. 62. On nous pardonnera de revenir ici sur lâopinion fort rĂ©pandue qui a fait dâelle la fille du chevalier faĂ© â opinion qui irait Ă lâencontre de la thĂ©orie selon laquelle un lien du sang entre elle et le roi de Bretagne lĂ©gitimerait la lignĂ©e dâAlice. Dans le contraste entre les vers 113 De moi avrez un fiz » et 452 Et si avrez de moi un fis », et le vers 133 Puis avrez une fille bele », ce nâest pas la rĂ©pĂ©tition qui ajoute du sens, mais son absence. 106 Lâauteur ajoute un autre motif Ă son modĂšle, the continuation of the family through the sister », sujet dont lâĂ©tude de William Oliver Farnsworth fait remonter lâorigine au nephew-right », vestige dâanciennes coutumes matriarcales ; William Oliver Farnsworth, Uncle and Nephew in the Old French Chansons de Geste a Study in the Survival of Matriarchy, New York, Columbia University Press Columbia University Studies in Romance, Philology and Literature, 1913, p. 221. Sur ce dernier thĂšme, voir Ă©galement Danielle RĂ©gnier-Bolher, Figures fĂ©minines et imaginaire gĂ©nĂ©alogique Ă©tude comparĂ©e de quelques rĂ©cits brefs », dans Le RĂ©cit bref⊠op. cit. n. 105, p. 73-95. 107 Par exemple Le Moyne de La Borderie op. cit. n. 21, p. 222 ; Rachel Bromwich, Celtic Dynastic Themes and the Breton Lays », Ătudes celtiques, 9, 1961, p. 439-474, ici p. 469 ; G. Paris art. cit. n. 6, p. 66. 108 N. Travers op. cit. n. 47, p. 281. On citera Ă©galement Le Moyne de La Borderie op. cit. n. 21, p. 269 Conan III ayant [âŠ] dĂ©savouĂ© pour fils un certain HoĂ«l longtemps rĂ©putĂ© Ă tort pour tel [âŠ]. » Onze ans plus tĂŽt, Bernard de Clairvaux aurait miraculeusement dĂ©livrĂ© une femme de qualitĂ© dâun dĂ©mon qui lâaimait depuis six ans » N. Travers ibid., p. 255. Le souvenir de ces Ă©vĂ©nements pouvait ĂȘtre encore dans la mĂ©moire collective dans la rĂ©gion de Nantes et mĂȘme dans le reste de la Bretagne. 109 Mircea Eliade, Le Mythe de lâĂ©ternel retour archĂ©type et rĂ©pĂ©tition, J. Gouillard et J. Soucasse trad., Paris, Gallimard Les Essais, 34, 1949. 110 Ibid., p. 107. 111 P. M. OâHara Tobin Ă©d. cit. n. 1, p. 208. 112 Tragique conclusion dâune guerre de succession qui lâopposait Ă Jean sans Terre, en tant quâunique hĂ©ritier des fils aĂźnĂ©s dâHenri II. 113 V. 137. Quand la reine passe sous silence, avec tact ou prudence, les mots du chevalier faĂ© annonçant que la lignĂ©e des rois de Bretagne ne descendra pas de Tydorel, elle nous confronte Ă une autre incertitude avec lequel des deux fils » se continuera-t-elle ? 114 [La duchesse] Constance avait eu de Geofroi II [PlantagenĂȘt] une fille appelĂ©e AliĂ©nor, aĂźnĂ©e du jeune [duc Arthur Ier], et qui aprĂšs la mort de celui-ci devenait, par droit de primogĂ©niture, lâhĂ©ritiĂšre du duchĂ©. Jean sans Terre sâĂ©tait adjugĂ© la garde, câest-Ă -dire la tutelle de cette princesse quâil retenait prisonniĂšre. [âŠ] lâassemblĂ©e nationale des barons et des Ă©vĂȘques [de Bretagne] indignĂ©e dĂ©clara que tant quâAliĂ©nor resterait au pouvoir du roi-assassin [dâArthur] elle ne serait pas reconnue pour duchesse et que tous ses droits passeraient Ă Alix fille aĂźnĂ©e de Constance et de Gui de Thouars [âŠ]. », voir Le Moyne de La Borderie op. cit. n. 21, p. 292. 115 La lignĂ©e de Dreux, qui aprĂšs Pierre Mauclerc sera reprĂ©sentĂ©e par Jean Ier, the sisterâs son » voir note 106, occupera le trĂŽne ducal jusquâen 1364. Le drapeau de Bretagne arbore encore aujourdâhui les hermines du blason de Pierre de Dreux. 116 S. Painter op. cit. n. 19, p. 30. 117 La verriĂšre offerte par la maison de Dreux occupe la face mĂ©ridionale du transept. Les cinq lancettes qui la constituent portent en signature une reprĂ©sentation des donateurs et de leur blason Ă©chiquetĂ© dâor et dâazur Ă la bordure de gueules avec un franc-quartier dâhermine » brisure rĂ©servĂ©e aux cadets destinĂ©s Ă lâĂglise. GrĂące aux travaux de restauration engagĂ©s au siĂšcle dernier, on peut dĂ©sormais lâadmirer. Voir Chartres, Mgr M. Pansard dir., Strasbourg/Paris, La nuĂ©e bleue/Ăditions Place des Victoires La GrĂące dâune cathĂ©drale, 7, 2013, p. 203. 118 Selon J. Levron op. cit. n. 17, p. 41, ce vitrail fut probablement posĂ© au printemps de lâannĂ©e 1221. Faire remonter aprĂšs la mort du jeune Arthur, a few years after his betrothal to Isabel of Craon [in 1223] », la crĂ©ation de vitraux ne reprĂ©sentant que Jean et Yolande avec Pierre de Dreux et la duchesse Alice morte le 21 octobre 1221, la rendrait contemporaine des manĆuvres politiques dans lesquelles le duc sâengage alors pour obtenir la main de Jeanne comtesse de Flandres. Citation, S. Painter op. cit. n. 19, p. 23. 119 Pour une excellente analyse de ce thĂšme, voir N. Koble et A. Nicolau art. cit. n. 65, p. 118-119. 120 Voir Ă ce sujet D. RĂ©gnier-Bolher art. cit. n. 106, p. 73-95. Nous savons fort peu de choses sur la mĂšre de Pierre Mauclerc Yolande de Coucy. NĂ©e en 1164, elle Ă©pouse, Ă lâĂąge de vingt ans, Robert II de Dreux, avec lequel elle aura douze enfants â Pierre Mauclerc Ă©tant le deuxiĂšme fils. Elle dĂ©cĂ©dera quelques mois aprĂšs Alice de Bretagne, en mars 1222. Lâaffection et le respect que lui portait son fils se sont exprimĂ©s par le choix du nom de Yolande donnĂ© Ă sa fille. 121 Allusion transparente Ă lâAnnonciation. 122 Telle une Vierge trĂŽne. 123 Trois personnages sont responsables du dĂ©part du chevalier faĂ© et de Tydorel le chevalier blessĂ©, la veuve et son fils â le jeune orfĂšvre. Ce jeune artisan reprĂ©sente une corporation dont la majoritĂ© des Ćuvres Ă©tait dâinspiration religieuse. Or, ce sont ses paroles qui en dessillant les yeux de lâhomme who never slept », voir B. Hillers art. cit. n. 7 vont le mettre sur la voie dâune douloureuse renaissance voir note 76 et p. 11. Lâaventure courtoise dont on nous avait promis le rĂ©cit, aprĂšs sâĂȘtre transformĂ©e en message politique, acquiert ainsi, Ă un troisiĂšme niveau de lecture, une dimension allĂ©gorique, tĂ©moignant une nouvelle fois du haut niveau dâĂ©rudition de lâauteur, maĂźtre dans lâart de la translatio. 124 Voir p. 10 et 11. 125 Trait de lâĆuvre qui nâest pas sans Ă©voquer le Cantique attribuĂ© Ă Pierre Mauclerc, annexe 4 ; voir J. BĂ©dier art. cit. n. 20, p. 492-493, et le vitrail de Chartres le reprĂ©sentant priant avec sa famille devant une Vierge Ă lâEnfant voir note 117. Comme le dit S. Painter op. cit. n. 19, p. 99, le fait que Pierre de Dreux figure into the pages of history under the cognomen Malusclericus » ne permet pas de mettre en doute la piĂ©tĂ© exprimĂ©e, entre autres, par sa largesse » envers le clergĂ© rĂ©gulier. Voir Actes⊠éd. cit. n. 59, en particulier les BĂ©nĂ©dictins, les Cisterciens et les Templiers », Pocquet du Haut-JussĂ© art. cit. n. 16, p. 105. 126 F. Dubost art. cit. n. 89, p. 407. 127 [âŠ] li filz fu nez / Et bien norriz et bien gardez, / Tydorel le firent nomer / En droit baptesme et apeler », v. 176-177. 128 Selon la formule de Georges Duby G. Duby art. cit. n. 37, p. 342, il ne sâagissait plus seulement pour lâauteur de Tydorel de relater un souvenir [comme lâannonçait le prologue], mais de construire vĂ©ritablement une histoire ». 129 Voir note 95. 130 Danielle RĂ©gnier-Bohler, Lâarmoire de la mĂ©moire la parole enclose », Cahiers de littĂ©rature orale, 62, 2007, p. 19-36, DOI 131 S. Painter op. cit. n. 19, p. 30. En choisissant ce nom, il suivait lâexemple de Geoffroi PlantagenĂȘt. Voir Martin Aurell, LâEmpire des PlantagenĂȘt 1154-1224, Paris, Perrin Tempus, 81, 2004, p. 220-222. 132 GrĂ©goire de Restrenen, Dictionnaire françois-celtique ou françois-breton, Rennes, J. Vatar, 1732, p. 591. 133 Lâauteur de Tydorel fait ainsi du mot breton ty lâĂ©quivalent du latin domus suivant lâemploi frĂ©quent de lâexpression domus David dans la Vulgate. La publication des premiĂšres Bibles portatives tĂ©moigne de lâimmense popularitĂ© de ce texte, au dĂ©but du xiiie siĂšcle. 134 Ceci semble rĂ©pondre au souhait de Claude Gaignebet Quâen est-il de lâĂ©tymologie de ces noms, [âŠ] dâune Ă©tymologie mĂ©diĂ©vale [âŠ] qui sâinterrogerait sur le pourquoi de [la] pressante invite Ă retenir le Nom, comme si en lui et par lui le sens tout entier pouvait se rĂ©sumer et se retrouver ? », Le CĆur mangĂ© Ă©d. cit. n. 61, prĂ©face, p. 22. Les noms qui fleurissent dans le monde des lais ne se lassent pas de nous sĂ©duire, comme le montre les exemples suivants [L]e nom du hĂ©ros / le titre du lai trouve essentiellement son sens dans la trame mĂȘme du texte », Lais bretons Ă©d. cit. n. 1, p. 61 et Dans les rĂ©cits nĂ©s des lais, lâobsession des titres se fait pressante. [âŠ] Une partie du rĂ©cit justifie ce titre qui fait image. Il met en exergue le nĆud symbolique de lâĆuvre », Lais du Moyen Ăge Ă©d. cit. n. 1, p. XLIX et 1257. 135 Voir p. 5 et 12-15, pour reconstituer le lien entre HoĂ«l le Grand, le roi de Tydorel, sa fille, Conan [III], Berthe, Constance et Alice. 136 Arbre nouvellement greffĂ© », FrĂ©dĂ©ric Godefroy, Lexique de lâAncien Français, J. Bonnard et A. Salmon Ă©d., Paris, H. Welter, 1901, p. 178, ARK ark/12148/bpt6k5833396m. 137 Voir M. Aurell op. cit. n. 19. 138 Signature interne. Louis-Patrick Bergot, Ă qui nous devons cette formule, dĂ©clare que lâaspect intratextuel de la signature mĂ©diĂ©vale a poussĂ© bon nombre dâauteurs du Moyen Ăge Ă jouer sur leur propre nom afin de le fondre avec la matiĂšre poĂ©tique », Louis-Patrick Bergot, LâĂ©ponge et le moulinet le rĂŽle de la signature chez Jean Molinet et Francis Ponge », Fabula-LhT, 20, Le Moyen Ăge pour laboratoire », 2018, en ligne 139 Voir la description du jeune orfĂšvre v. 259. 140 Conjointure Les Romans de ChrĂ©tien, 1 Ărec et Ănide [Ă©d. cit. n. 83], v. 14 ; matiere et san Les romans de ChrĂ©tien de Troyes, 3 Le Chevalier de la Charrette, M. Roques [Ă©d.], Paris, HonorĂ© Champion [Classiques français du Moyen Ăge, 86], 1958, v. 26. 141 Cercle dâor serti de pierres prĂ©cieuses dont on voit un exemple sur le gisant de Jean III, duc de Bretagne de 1312 Ă 1341. Dom Pierre-Hyacinthe Morice et Jacques Galet, Histoire ecclĂ©siastique et civile de BretagneâŠ, Paris, Imprimerie de la veuve Delaguette, 1750, t. I, livre VI, p. 244. Ce cercle sera bientĂŽt remplacĂ© par une couronne Ă fleurons, symbole qui apparaĂźt pour la premiĂšre fois sur [le] sceau de Charles de Blois, duc baillistre de Bretagne de 1341 Ă 1364. Ămile Lefort des Ylouses, Les ducs de Bretagne et le sceau de majestĂ© », Revue française dâhĂ©raldique et de sigillographie, 65, 1995, p. 71. 142 Prologue des Lais de Marie de France, v. 25. 143 Les maisons de Dreux, dâEu, de Lusignan dâExoudun et de Brienne », Y. de Raulin op. cit. n. 18, p. 40. 144 Ibid. 145 [âŠ] non seulement en Bretagne et en Normandie, mais dans le Maine », ibid., p. 10. 146 Trois Ă©cussons superposĂ©s, le troisiĂšme Ă©tant en abĂźme. Le contenu de lâannexe 6 est Ă©ditĂ© en consĂ©quence. 147 Clairement dĂ©fini par lâemploi du pronom personnel bien le me disoit » v. 448 et Qant tot mâot dit » v. 465 et par le thĂšme du dĂ©part du chevalier faĂ© v. 445-450 et 465-474. 148 Sur lâidentitĂ© duquel, nous le verrons bientĂŽt, pĂšse un certain doute. 149 Si les paroles de la reine sont formulĂ©es Ă lâintention de Tydorel, câest clairement Ă elle que sâadressaient, trente ans plus tĂŽt, celles du chevalier faĂ©. Mais qui parle Ă qui dans les vers 456-459 ? 150 Le choix de ce terme, par un poĂšte du xiiie siĂšcle, ne saurait ĂȘtre accidentel, car de qui le roi » Tydorel serait-il vassal ? 151 Voir N. Koble et A. Nicolau art. cit. n. 65, p. 118-119. 152 Description absente de la premiĂšre version de la prophĂ©tie. 153 Voir p. 14 Ă 16, prĂ©sentation de la duchesse Alice et de son second fils, Arthur, comme ayant inspirĂ© la composition de ce poĂšme. 154 Voir p. 10 et 15. 155 Voir p. 3, biographie de Pierre Mauclerc et note 120. 156 Au sens Ă©tymologique du terme. On remarquera lâambiguĂŻtĂ© du vers 459 qui fait ici du sommeil le sujet de prendre » surprendre ? alors que partout ailleurs Tydorel est le sujet Ă la forme nĂ©gative de dormir », veiller » ou sommeiller » v. 122, 179, 180, 333, 338, 355 et 460. Lâabsence de sommeil semble prĂ©sentĂ©e dans ce passage comme une qualitĂ© vigilance plutĂŽt quâun manque. Le parallĂ©lisme créé par la rĂ©pĂ©tition de mes » [mais] conforte cette hypothĂšse en remettant en question dans le cadre dâune rĂ©alitĂ© politique droit dâaĂźnesse, le rapport jeunesse v. 457 versus prouesse v. 458 et sagesse v. 459. 157 Comme lâĂ©crivait Marie de France Soventes fiez en ai veilliĂ© ! », Prologue des Lais, v. 42. 158 Voix qui se fait entendre dans le [vos] serez » des vers 457 et 458 â futur, ancrĂ© dans le prĂ©sent dâune Ă©criture contemporaine de la naissance de son fils. 159 Voir note 117, description du blason de Pierre de Dreux, dit Mauclerc. 160 Li Proverbes au conte de Bretaigne⊠éd. cit. n. 53, p. 57. 161 J. Bedier art. cit. n. 20, p. 483. 162 Ibid., p. 492. 163 Lais bretons Ă©d. cit., n. 1, p. terme de cet essai, rĂ©digĂ© en hommage Ă mes parents, je souhaiterais remercier cordialement Karen K. Jambeck pour ses encouragements et conseils de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Chantal A. MarĂ©chal, Pierre de Dreux, dit Mauclerc, serait-il lÊŒauteur de Tydorel ? », Cahiers de civilisation mĂ©diĂ©vale, 248 2019, 331-352. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Chantal A. MarĂ©chal, Pierre de Dreux, dit Mauclerc, serait-il lÊŒauteur de Tydorel ? », Cahiers de civilisation mĂ©diĂ©vale [En ligne], 248 2019, mis en ligne le 04 janvier 2022, consultĂ© le 29 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Ladate de la domestication du cheval est, comme celle de nombreux autres animaux, sujette Ă controverses. On sait que, vers 3 500 ans avant J.-C., des chevaux Ă©taient domestiquĂ©s dans les steppes dâ Asie centrale. En effet, sur un site archĂ©ologique situĂ© dans le nord du Kazakhstan (culture Botai), on a retrouvĂ© des mors en bois de cerf, remarquĂ© sur les dents des chevaux des
Bons MillĂ©simes 2015, 2013, 2006, 2004, 2002, 1998, 1997, 1996, 1994, 1993, 1991, 1987, 1984, 1980, 1978, 1977 Grands MillĂ©simes 2017, 2016, 2012, 2011, 2009, 2008, 2003, 2001, 1999, 1995, 1992, 1989, 1988, 1982, 1975, 1970, 1969 MillĂ©simes Exceptionnels 2018, 2014, 2010, 2007, 2005, 2000, 1990, 1985, 1981, 1979, 1973 ChĂąteau Cheval Blanc Voir les Vins 10 vins disponibles entre ⏠et 1385 ⏠22 Il y a quelques siĂšcles, les terres de Cheval Blanc regorgeaient dĂ©jĂ de vignes. Le domaine devient le vignoble phare de Saint-Emillion dĂšs sa fondation en 1932. Le domaine fait dĂ©jĂ preuve d'audace, en alliant merlot et cabernet franc pour la... Domaine BOTT GEYL Voir les Vins 10 vins disponibles entre ⏠et ⏠7 HĂ©ritier d'une tradition familiale remontant Ă 1775, Jean-Christophe Bott exploite le Domaine Bott Geyl depuis 1993. Il travaille de petits rendements, convertit le vignoble Bott Geyl en culture biologique en 2000 et en biodynamie en 2002. Il gĂšre sa... Dopff Au Moulin Voir les Vins 10 vins disponibles entre ⏠et 45 ⏠27 Pionniers du CrĂ©mant d'Alsace depuis 1574 - Au fil de treize gĂ©nĂ©rations dâinnovations permanentes, le domaine viticole alsacien Dopff Au Moulin » sâest installĂ© en vĂ©ritable rĂ©fĂ©rence dans la rĂ©gion. En 1913, Julien Dopff eut l'idĂ©e de...
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ZumRhythmuskonzept von Henri Meschonnic in Sprache und Translation. 2021. Nathalie MĂ€lzer. Download Download PDF. Full PDF Package Download Full PDF Package. This Paper. A short summary of this paper. 37 Full PDFs related to this paper. Download . PDF Pack. People also downloaded these PDFs. People also downloaded these free PDFs. People also downloaded
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